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En voilà un nouveau ...
Violence et sentiment.
Il arpentait le couloir, solitaire et taciturne, tel une ombre. Tout de noir vêtu, il marchait à grands pas réguliers, faisant voltiger sa cape avec grâce. Les chandeliers argentés diffusaient une lumière étroite et vacillante, qui jouait sur sa silhouette et donnait l’impression que ses vêtements étaient dotés d’une vie propre. Il avançait, grand et mince, silencieux. Son visage pâle aux traits fins n’exprimait aucune émotion. Ses yeux noirs d’encre ne laissaient rien deviner du chaos sans nom de ses sentiments. Il marchait donc dans les couloirs de pierre grise, froide et humide.
Le maître des potions souffrait d’insomnie depuis maintenant deux mois. Chaque fois qu’il s’allongeait pour attendre Morphée, un visage venait hanter ses pensées. Il se relevait alors et partait en vadrouille dans les couloirs de l’école, prétextant faire des rondes de surveillance. Mais en réalité, il déambulait seul avec ses pensées et sa colère. L’impassible professeur de potion n’avait pas l’habitude de ne pas être maître de lui-même. Il n’avait jamais pensé qu’il succomberait au charme de qui que ce soit et maintenant que c’était fait, il ne se supportait plus. Chaque fois que ses pensées divergeaient dans une certaine direction, il se forçait à faire autre chose, refusant de céder à la douce langueur qui le menaçait.
Severus Rogue refusait de ne pas contrôler les élans de son cœur et de son esprit.
Soudain, un bruit de pas l’arrêta. Il se redressa légèrement et ne bougea plus, attendant de voir qui pouvait bien être debout à cette heure avancée de la nuit. Une petite silhouette fine et élancée tourna au coin d’un couloir et s’arrêta en face de lui, interloquée.
- Bonsoir Miss Moor.
La voix du professeur de potion était comme tout le reste de sa personne. Froide, fine et inexpressive. Il inclina légèrement la tête, sans rien montrer de ses émotions. Il était en face de l’objet de ses tourments mais seul lui le savait. Le visage de la jeune femme hantait son esprit à chaque fois qu’il relâchait sa vigilance, à chaque fois qu’il se perdait en rêverie. Et toutes les nuits, elle l’empêchait de dormir, envahissant ses pensées, évoquant en lui des émotions contradictoires et ingérables. Il détestait cette impuissance.
- Severus ? Mais que faite vous dehors à cette heure ci ?
La moindre des politesses serait de saluer aussi, mais la jeune femme n’en faisait qu’à sa tête. Elle était tellement provocante … Le professeur secoua la tête et répliqua :
- Je n’arrivais pas à dormir.
Il fit quelques pas vers elle, diminuant la distance qui les séparaient. Le parfum sucré acide de la jeune femme effleura ses narines et son cœur rata un battement. Elle était si attirante …
La jeune femme haussa un sourcil, donnant à son visage délicat une expression presque enfantine et tout à fait charmante. Rogue se sentit irrésistiblement attiré par elle et fit encore quelque pas. Un sourire illumina les traits fins mais durs de son interlocutrice, insinuant dans ses yeux sombres une lueur un peu moqueuse. Elle était si désirable …
- Vous ne dormez jamais, Severus.
Sa voix sèche et cassante ne rompait en rien le charme provocateur qui l’entourait. Son nom dans la bouche de cette femme était ce que le professeur de potion avait entendu de plus agréable. Le sourire disparut et elle darda sur lui un regard méfiant. Il ne parlait pas, admirant simplement ce visage tant évoqué. La voix de la jeune femme se fit plus froide lorsqu’elle demanda :
- Quelque chose ne va pas Severus ?
Elle l’observait maintenant d’un air farouche. Ce regard avait quelque chose de profondément animal, comme celui d’un chat avant la fuite. L’éclat dur et tranchant de ses yeux obscurs fascinait Rogue au point qu’il ne pu répondre. Il était profondément hypnotisé par la jeune femme, si belle, si attirante, si provocante, si froide et si détestable … Il aurait aimé la haïr.
Il avança encore. Puis, il fut tout près d’elle.
Elle n’avait pas bougé, vigilante mais fière. Elle avait plongé ses yeux plein de méfiance dans les siens, parfaitement inexpressifs. Même dans cette situation, il réussissait à garder le contrôle de son corps et de ses expressions. Mais tout le reste lui échappait. Il n’était plus conscient de ce qu’il pensait. Son cœur battait à toute allure sans sa poitrine mais il ne s’en rendait plus compte. Seul l’effluve sucré acidulé qui émanait de la jeune femme et la chaleur acerbe qui se dégageait d’elle comptaient pour lui. Le reste n’existait plus.
Il se perdait dans le puits sans fond de ses yeux noirs, saisissant chaque fantôme argenté qui y passait, chaque nuance qui les éclairaient et chaque éclat qui y brillait. La méfiance de ce regard fit bientôt place à une lueur moqueuse. Mais derrière cette arrogance et cette fierté, Severus cru distinguer une étincelle d’attente. Un mince sourire effleura ses lèvres, ce qui eut pour effet de ramener la défiance dans le regard ténébreux de la jeune femme.
Le professeur Rogue, toujours en souriant, se pencha vers elle. Il ne sentait plus que ce parfum doux et amer qui semblait se dégager en grande partie des cheveux ailes de corbeaux de son interlocutrice. Elle ne bougea pas, ne tressaillit pas. Elle n’esquissa aucun geste, aucun sourire, se contentant d’attendre. Immobile mais pas impassible. Ses traits arboraient une moue légèrement moqueuse et délibérément provocante. Leurs visages étaient tout proches mais elle ne fit aucun mouvement. Un sourire ironique se dessina lentement sur ses lèvres fines et roses. Ces lèvres que Severus mourait de goûter. Ces lèvres qui, à chaque fois qu’elles bougeaient, éveillaient chez lui un désir incontrôlable et le rendait furieux. Frustré.
Leurs yeux, si proches, s’affrontaient toujours. Elle le cherchait et il se sentait céder, profondément envouté. Elle avait sur lui un contrôle inexplicable. Il n’avait plus la force de lui résister. Ni même la volonté. Il avait trop lutté. Trop longtemps.
Alors, dans un mouvement presque violent, il écrasa ses lèvres fines et froides sur celle de la jeune femme. Elle ne céda pas, ferme mais provocante. Alors, il se rapprocha encore plus d’elle et la poussa contre le mur, l’encerclant de ses bras. Il avait posé ses mains de part et d’autre d’elle, dans une tentative inutile pour l’empêcher de fuir. Elle ne bougea pas, n’essaya pas de se défiler. Mais elle ne se laissa pas avoir facilement. Il écrasait toujours la bouche de la jeune femme, cherchant à faire céder le barrage de ses lèvres. Soudain, un goût de sang lui apprit qu’elle l’avait mordu. Un sourire effleura ses lèvres et il força presque brutalement les frontières qu’elle s’évertuait à lui opposer. Il emmêla sa langue à la sienne, tentant d’atténuer les battements douloureux de son cœur. Il avait tellement espéré cet instant … Lentement, il explora la bouche de la jeune femme. Il la sentit s’adoucir et lui répondre, mutine et légère, fuyante et insaisissable. Lentement, il fit glisser sa main droite le long du mur. Puis, il la passa derrière la tête de la jeune femme, l’attirant à lui avec une douceur insoupçonnée. Il prolongea leur baiser et leur étreinte, tendre mais ferme, puissant mais délicat.
Soudain, la raison reprit le dessus et il se dégagea brusquement d’elle, retirant ses lèvres sans délicatesse. Elle grogna, semblant ne pas apprécier le violent retour à la réalité. Il lui jeta un regard étrange. Pour la première fois depuis des années, il laissait ses émotions illuminer son regard de milles lueurs différentes. Ce fut intense.
Immédiatement après, il s’éloigna vivement, sans rien dire. Un sourire énigmatique flottait sur ses lèvres et il avait une expression rêveuse que personne ne lui avait jamais vue.
Pour la première fois depuis deux mois, il dormit parfaitement bien.