Une trêve ?

Un mouvement de balancier. Elle ne sentait rien d'autre. A peine consciente, Elle savait qu'elle bougeait, directement ou pas, mais elle ne voyait rien. Un voile de fumée devant les yeux, et ce sang qui coulait toujours, venant surement d'un organe abimé dans la bataille. Elle ne voyait strictement rien, elle sentait à peine les bras d'Aaron autours d'elle. Elle ne savait pas combien de temps s'était écoulé depuis sa requête. La demande qu'elle n'aurait jamais pensé formulé : voir Severus Rogue, lui demander de l'aide, le supplier de mettre fin à ses souffrances et ce par quelque moyen que ce soit.

Ne pas sentir la présence d'Aaron était étrange. Pourtant, elle l'entendait marcher et respirer nerveusement. Elle savait qu'il devait faire particulièrement attention à elle, qu'elle devait avoir l'air d'un cadavre, mais ça ne changeait pas tellement de d'habitude. Quoi que le sang devait donner une certaine note morbide au tableau. Elle chercha à fermer les yeux, mais ses paupières ne réagissaient plus. Elle ne pouvait rien faire d'autre que regarder la luminosité changer autours d'elle. Son cœur battait à tout rompre dans ses oreilles, elle n'était pas loin de la crise de panique, à vrai dire. Perdue entre deux eaux, complétement égarée.

La faible chaleur qu'était devenu Aaron se sépara d'elle et l'environnement qui la supportait devint plus dur et froid. Il avait du la poser. Un bruit vint lui agresser les oreilles. Un bruit maternant, entêtant, répétitif. Elle tourna la tête et le peu de lucidité qui lui restait détermina que le Serpentard tambourinait à la porte du maître des potions. Elle pria pour qu'il est pitié, qu'il accepte. Elle avait besoin d'aide, de son aide. A ce stade, elle se demandait même si il pourrait faire quelque chose. Il était peut-être déjà trop tard.

Une épée de Damoclès pendait au dessus de sa tête, menaçante. Aaron revint près d'elle. Il était devant elle, il lui parlait, et malgré la concentration qu'elle mettait à la tache, elle ne comprenait pas un mot de ce qu'il pouvait dire. Elle sombrait, doucement, pathétiquement. Elle glissait dans un abîme, choisissant la facilité, l'engourdissement synonyme de repos.

Un grincement s'éleva quelque part près d'elle alors que Aaron touchait son visage. Elle tremblait, elle le savait. Elle pleurait aussi, et devait surement gémir de douleur. Une voix agacée monta dans ses oreilles. Enfin, le professeur avait la scène sous les yeux. "Qu'il comprenne" pensa-t-elle "qu'il comprenne vite".

On la manipulait, et ce avec moins de ménagement que ce que Aaron avait pu faire. Et puis une voix résonna dans ce qui sembla être une pièce plus petite que le couloirs. Un bruit sourd la fit sursauter, et elle se rendit compte que quelqu'un la portait. Rogue ? Avait-il accepté de l'aider ? Elle le saurait bien assez vite de toute manière. Vie ou mort, cela devait être une question de minutes, peut-être d'heures.

Les yeux à présent à demi-clos, Haelya se retrouva dans un environnement tiède, plus agréable que la pierre où Aaron l'avait posé, et plus présent que les bras qui l'avait porté. Après un temps, des mains s'afférèrent à nouveau sur elle. On la força à boire quelque chose et même si elle aurait refusé de le faire en temps normal, elle était reconnaissante que celui qui la soignait ne se laisse pas faire par ses manières car sitôt la potion dans sa gorge, elle sentit que sa respiration devenait plus simple. Le sang n'affluait plus dans sa bouche, et la douleur commençait à s'amoindrir.

Mais rapidement, une sensation de brulure toucha la plaie qui arborait ses côtes. Une main la cramponna, l'empêchant de se débattre. Elle ne savait pas d'où venait cette force qui l'agitait, qui voulait qu'elle court, mais la poigne de fer de celui qui l'aider n'était pas de trop. Si elle bougeait, elle aggraverait son cas. Peu à peu, le mal s'estompa, la laissant haletante et les larmes aux yeux. Une vague de chaleur attaqua la blessure, et elle la sentait se refermer. La sensation était atroce, perturbante... sentir sa peau et sa chair pousser sous une impulsion magique, se reconstituer peu à peu... Elle eut un haut le cœur en imaginant la plaie... cela devait être mauvais pour que Rogue, si il s'agissait bien de lui, ai accepté de l'aider.

Une seconde fois, elle fut contrainte d'avaler une potion. Plus âpre, collante et sucré que la première. Elle comprit rapidement de quoi il s'agissait. Une voix beaucoup plus nette s'éleva.

- Comme ça, j'aurais la paix pendant un moment.

Elle eut alors deux confirmation : elle avait vu juste, il s'agissait d'un somnifère. Et la voix était reconnaissable entre mille, celui qui la soignait était bel et bien le maître des potions.

"sans rêve" pensa-t-elle, "faites que ça soit un sommeil sans rêve" . Elle ouvrit les yeux et vit que le professeur lui nettoyait la bouche, l'air renfrogné. Elle ne sentait plus rien, doucement emportée par le puissant somnifère. Elle ferma les yeux un instant et eu une réponse à ses pensées : ce ne fut pas un sommeil sans rêve. Loin, très loin de là. Les visions et scènes s'enchainaient, sans ordre précis, dans un chaos complet, les sons se mélangeant anarchiquement dans la tête de la jeune fille. A plusieurs reprise,s elle s'entendit même hurler de peur. De toute évidence, Voldemort n'avait pas fini de lui faire payer l'affront d'Aaron. Il savait à présent, il savait qu'elle était faible, qu'elle avait tenté de se tuer, qu'elle avait faillit à sa mission en restant trois jours à l'infirmerie. Il savait également pour Effy et Elana, pour la rixe avec Sirius, pour ses petites recherches autours du passé des Blacks. Il venait de voir Kayla également, et Alisse dans la forêt interdite. Et pour couronner le tout, il venait d'apprendre pour Remus. Non, définitivement, il n'avait pas fini de la punir pour son manque de discipline et d'application. Elle avait rompue son allégeance, et elle en crèverait à petit feu.

Quand elle se réveilla, Haelya prit une position fœtal, par réflexe, comme pour se protéger de ce qui, de toute façon, finirait par frapper à nouveau. Elle se rendit compte qu'elle était à moitié nue, qu'elle avait froid, et mal à la tête. Très mal à la tête. Le genre de migraine qui fait souffrir à chaque mouvement, même quelque chose d'aussi simple et bénin que de fermer les yeux. Elle resserra ses bras autours d'elle et inspira un peu plus profondément quand ses doigts passèrent sur l'endroit où quelques temps plutôt, une large plaie s'était ouverte. Elle se redressa tant bien que mal, s'arrachant plusieurs rictus de douleur. A choisir, elle aurait préféré ne pas bouger son corps ankylosé, mais elle ne savait même pas où elle était, et le froid était mordant sur ses bras et son dos dénudés. Elle ferma vivement les yeux, plaquant rapidement une main contre son front, cherchant à stopper les vertiges qui venaient de la secouer.

Elle ouvrit à nouveau ses paupières quelques instants plus tard, et fit face à Severus Rogue. Le maitre des potions se tenait dans un fauteuil et l'observait sans bouger. Haelya reconstitua rapidement le puzzle : Cuisine . Aaron . Crise . Requête . Couloirs . Soins...
Elle lui était reconnaissante. Malgré son aversion pour Bellatrix (aversion qu'ils partageaient, même si le professeur ne le savait pas ), il l'avait soigné, et de toute évidence, efficacement. Elle avait toujours mal, bien entendu, mais ça passerait. Le plus important étant qu'elle soit en vie. Elle se demanda rapidement si Rogue avait la moindre idée des causes de la crise, des blessures. Était-ce pour ça qu'il l'avait soigné ? Ou justement, l'inverse : Était-ce parce qu'il ignorait qui était le commanditaire de l'agonie qu'il l'avait aidé ?

Un mot, un seul coula entre ses lèvres qu'elle savait bleues.

- Merci.

Sa voix était rauque, mais malgré ça, la sincérité était là. Elle se mit à trembler, de froid, d'épuisement, et sans doute de peur. Combien de temps était-elle restée ici, et surtout, combien de répit avait-elle ? Le Mangemort qui se trouvait devant elle avait la réponse à la première question, et Voldemort à la seconde.

Rogue s'était levé, ignorant presque l'intervention de la jeune fille, bien qu'elle cru voir un éclair de surprise passer dans les yeux de l'homme. Quoi ? Bellatrix ne remerciait-elle jamais personne ? Surement pas, elle ne s'excusait pas non plus, alors la politesse ne la concernait pas... Mais elle n'était pas Bellatrix. Elle lui ressemblait de moins en moins, surtout avec du poids en moins, surtout maintenant. Quoi que... elle devait ressembler à la sa mère au moment où cette dernière était sorti d'Azkaban, et à vrai dire, elle se sentait tellement vidée que cela aurait pu être le travail d'un détraqueur. Quelques secondes plus tard, il passa devant elle, déposa un verre sur la table déclarant :

- C'est du cognac, cela devrait te réchauffer un peu.

Alors qu'il s'éloignait à nouveau, elle porta un regard absent à la boisson, fixant les volutes rougeâtres qui flottaient dans le liquide. Le maitre des Potion passa devant elle une seconde fois, jetant un pull noir à côté d'elle, avant de prendre place une fois de plus dans son fauteuil, la regardant. Elle attrapa le vêtement, sans un mot, et le passa aussi rapidement que son corps endolorie le lui permettait. Elle était contente de pouvoir cacher sa nudité partielle des yeux du professeur, même si elle se doutait qu'il avait vu en voir d'autre. Et de toute manière, sa pudeur venait s'ajouter au fait qu'elle mourrait littéralement de froid. Elle se recroquevilla ramenant ses genoux contre son buste, et recouvrant ses jambes du pull trop grand pour elle. Elle passa ensuite ses bras autours de ses jambes, appuyant sur ses tibias avec l'intérieur de ses bras, ses mains enfouies dans la chaleur de la laine. Elle tremblait toujours, elle était à bout de force.

Dans un mouvement presque mécanique, elle se mit à bouger doucement, se balançant d'avant en arrière dans un ballet presque imperceptible. Si il le remarquait, elle passerait pour une folle, bonne pour l'asile, la camisole. Elle se camisolait déjà toute seule de toute façon. Elle jeta un second regard au verre, et sans croiser le regard de Rogue, elle dit :

- Je... j'ai trop mal à la gorge pour boire ça, c'est trop fort...

Elle ne voulait pas faire la difficile, elle ne demandait rien de plus. Elle avait eu son aide, s'était largement assez, il n'avait aucun effort supplémentaire à faire. Et de toute façon, un cognac dans son état de fatigue aurait été une claque énorme dans le corps de la jeune fille. Elle n'était plus exactement à ça près, mais ce n'était pas la peine d'en rajouter. Et elle repensa à ses questions gardées silencieuses. Prise d'un élan de panique, elle resserra ses bras autours de ses jambes et planta son regard dans celui de son professeur.

- Ca va recommencer. Il va recommencer bientôt...

Elle avait peur. Littéralement, véritablement peur. Une angoisse atroce, consciente que Voldemort attaquerait plusieurs personnes à cause d'elle. Au moins deux, à vrai dire : Kayla, et Aaron. L'une pour son manque d'allégeance et sa fuite, l'autre pour son intervention. Elle ne voulait pas qu'ils souffre à cause d'elle. Elle se mordit la lèvre, fermant violemment ses yeux dans un réflexe d'anticipation face à la douleur qui revenait. Elle se rendit compte qu'il ne s'agissait cependant que d'une courbature ou d'un hématome, elle avait du respirer trop fort sans doute. Elle resta ainsi un long moment, tentant de calmer la panique qui montait en elle, sournoise et encore plus destructrice que la douleur elle même.

Une voix lointaine la fit se reprendre. Elle était entrain de perdre pied à nouveau, elle ne pouvait pas se le permettre, c'était dans ses moments, quand elle ne faisait pas attention, qu'il frappait. Elle se concentra, se repassant ce qu'elle venait d'entendre, tentant de trouver un sens à la phrase qui l'avait ramené dans la pièce où elle se trouvait physiquement.

- Quoi donc, qui va recommencer ? Et de qui parles-tu au juste ?

Elle ouvrit les yeux, se retrouvant nez à nez avec le maitre des potions. Son expression indiquait qu'il avait partiellement comprit, mais qu'il ne voulait pas croire sa logique. C'était trop absurde, trop irrationnel. Après tout, pourquoi le Maitre s'en prendrait-il à une adolescente, surtout à sa progéniture ? Elle se posait cette question depuis la première crise. Elle savait qu'elle n'était d'aucune utilité... elle servait juste à assouvir un plaisir purement sadique, rien de plus.

Elle le fixa un long moment, laissant tomber toutes les barrières de son esprit, sachant très bien que l'homme qui se trouvait devant elle était bon à cet exercice. Mais elle se doutait qu'il ne tomberait pas dans ses pensées, ce n'était pas le genre. Il fallait d'ailleurs qu'elle arrête de le faire, ça lui causait des problèmes... Sirius, Aaron... Quoi que, pour Sirius, elle ne se serait sans doute pas calmer si elle n'avait pas vu son passé, et certes, la cours n'aurait pas été réduite en miette, mais son cousin, en revanche, serait surement à St Mangouste. Quand à Aaron, elle n'avait pas eu la force de parler, d'avouer, mais les images n'avaient pas été la meilleure idée qu'elle ai pu avoir, c'était certainement trop violent, trop cru... Elle ne savait pas quoi faire à ce sujet.

Plus le temps passait, plus elle se disait qu'un adulte, un Mangemort qui plus est, au courant de ses crises serait bénéfique. Même si il ne pourrait pas toujours être là, et même si il était fort probable qu'il refuse de l'aider une nouvelle fois, lui laisser comprendre la situation était peut-être, en fin de compte, une solution possible. Mme Pomfresh commençait à se douter de quelque chose également, mais Rogue était vraiment plus à même d'analyser correctement, de recoller toutes les pièces du puzzle.

Finalement, dans un murmure, elle dit :

- Poser cette question, c'est comme si je vous demandais qui vous a tatouer l'avant bras... c'est évident, vous le savez.

Resserant ses bras autours de son corps tremblant et ammaigri, elle se demanda si la provocation marcherait avec le professeur. Elle ne l'avait pas laché des yeux, attendant patiemment qu'il daigne se servir lui même les informations qu'elle n'avait pas la force et le courage de dire à voix haute.

Le maitre des potions entra finalement dans la tête de la jeune femme, et elle su qu'il voulait juste vérifier ce qu'il soupçonnait déjà. Elle comprit aussi qu'il n'aimait pas spécialement fouiller sa mémoire. A vrai dire, elle comprenait, on ne savait jamais exactement ce sur quoi on risquait de tomber en s'adonnant à des recherches comme celles-ci.

Mais il ne fouillait pas vraiment. Elle était suffisamment bonne à ça pour ne lui montrer que ce qu'elle désirait, et même dans un état d'épuisement plus qu'avancer. La seule personne à qui elle ne savait pas résister était son père. Rogue arriva d'ailleurs sur un souvenir le concernant. Il choisi de le regarder, surement surpris de voir son maitre si clairement dans l'esprit d'une adolescente. Elle avait beau être la fille de Bellatrix, rare étaient les enfants de Mangemort qui avait des contacts directs avec le Mage Noir... Le professeur comprendrait rapidement, elle n'aurait sans doute même pas besoin de lui montrer les souvenirs les plus douloureux... Quoi que, au moins, il saurait vraiment, il comprendrait clairement l'enfer qu'elle vivait.

Dans une pièce poussiéreuse du manoir Malefoy, Bellatrix entra dans la salle, tirant vivement Haelya part le bras, et ce sans aucun ménagement. La Mangemort jeta sa propre au fille au pied d'un fauteuil. L'adolescente releva la tête et baissa immédiatement les yeux, effrayée par la personne qui se trouvait devant elle.

" Je n'apprécie pas du tout ton insubordination, Haelya ... les choses changent, tu n'es plus à Galway, tu as une place à tenir "

Le corps d'Haelya s'arqua violemment, puis elle se recroquevilla, se roulant en boule dans la crasse d'un tapis usé. Elle ne criait pas, mais tremblait de tout son être, terrorisée et affaibli.

" Me suis-je bien fait comprendre ? "

Aucune réponse ne vint, et claquant sa langue contre son palais, Voldemort la fixa à nouveau. Cette fois ci, elle hurla. S'arrachant les poumons, tant elle avait mal, tant elle avait peur. Elle ne rêvait que d'une chose, que tout cela finisse. Elle aurait fait n'importe quoi pour que cette douleur qui lui déchirait le bas ventre ne s'arrète. Puis son corps se relâcha, et elle redressa sa tête, la respiration haletante.

" Je répète, Haelya : ai-je été clair ? "
" Oui père "
Répondit-elle finalement, la voix cassée par la douleur et les larmes. A nouveau sans ménagement, Bellatrix la traina en dehors de la salle, fermant les portes derrière elle. Violemment, elle jeta l'adolescente sur la première volée de marche, si bien qu'un nouveau cri de douleur coula entre les lèvres d'Haelya quand son corps frêle s'éclata contre le marbre classé. Elle s'appuya tant bien que mal, les yeux remplit de larmes haineuses. Elle posa son regard sur la Mangemort, et entre ses dents, elle siffla :

" Pourquoi, Mère ? Pourquoi ne vous fais-je donc pas honneur, que faut-il que je fasse ? "

Bellatrix tira sa baguette et, de sang froid, elle la pointa à Haelya, prononçant d'une voix vive :

" Endoloris "

A nouveau, le corps d'Haelya s'arqua et elle glissa sur les marches, s'éraflant douloureusement les flancs puis le dos sur l'arrête des marches de pierre.

Elle rompit le contact avec Rogue, il en avait vu assez. A nouveau elle tremblait, elle détestait revivre ce genre de scène, parce qu'il y en avait trop, et que le souvenirs était cuisant. Cette nuit là, Narcissa avait eu pitié et c'était occupé d'elle, mais il n'en était pas toujours ainsi. Rodolphus avait l'interdiction formelle de prendre soin d'elle après les punitions, si bien que souvent, elle restait seule, faible, allongée là où on avait bien voulu la porter. Elle n'avait plus de force.

Elle baissa ses yeux, regardant ses mains. Elle ne lui avait pas tout montrer, il n'avait pas besoin de savoir pourquoi elle était si maigre, si faible, en ce moment. Il fallait juste qu'il sache qui lui faisait ça... Elle se rendit compte que dans l'échantillon, elle avait également montré sa haine envers sa mère... Peut-être le professeur changerait-il d'avis au sujet de l'adolescente qui se trouvait devant lui.

Sans quelle n'ai vraiment le temps de réagir, le maitre des potions nettoya la chemise tachée de sang qu'elle avait porté en arrivant, et la posa à côté d'elle. Lui tendant une petite fiole et la forçant finalement dans ses mains, il déclara :

- Vous devriez vous rhabiller et aller dormir, Miss Lestrange. Voici de quoi passer des nuits plutôt calmes.

A peine eut-il fini sa phrase, il se dirigea vers la fenêtre et tira les rideaux, sans accorder plus d'attention à l'adolescente. Engourdit par la douleur, le froid et la fatigue, Haelya posa la petite bouteille sur le lit et retira difficilement le pull qu'il lui avait prêté et passa sa chemise. Ses mains tremblaient, si bien qu'il lui fallut presque une minute entière pour passer tous les boutons du vêtements. Quand elle jeta un regard par dessus son épaule, Rogue se tenait toujours dos à elle, observant le parc, les mains dans le dos.

Elle prit à nouveau la fiole, regardant le liquide qui se trouvait dedans, se demandant combien de temps de répit pouvait bien flotter là. Trois, quatre heures, peut-être plus, mais rien n'était moins sur. Peut-être moins, c'était fort probable. Elle était tiraillée entre deux impressions atroces : premièrement, elle voulait courir loin d'ici. Parce qu'elle était mal à l'aise, parce que, clairement, Rogue ne voulait pas d'elle ici, et qui aurait pu le blamer pour ça. Mais deuxièmenemnt elle avait des questions à poser. Des questions sur d'éventuel remèdes à ses maux. Elle n'osait pas les poser, et pourtant, elle savait que l'homme qui se tenait là était probablement le seul à même de lui répondre.

Et puis venait le problème des gens. Elle ne voulait pas retourner dans son dortoir, ne voulait pas croiser Alisse, mais pourtant il le faudrait bien. La salle commune serait surement pleine quand elle arriverait dedans. Elle n'avait aucune idée de l'heure qu'il pouvait bien être, mais de toute façon, la salle commune des verts n'étaient jamais calme et vide. Il y avait la salle sur demande, mais elle s'y sentirait décalée... Elle passait rapidement les lieux pour un possible exil, rassemblant en même temps ses esprits et dépliant ses jambes. Elle posa ses pieds sur le sol, sentant ses jambes trembler, et se redressa d'un coup, appuyant sa main vide contre le bois du lit, enroulant le bras côté-fiole autours de son ventre.

- Est-ce que c'est .... normal ? demanda-t-elle finalement

Elle s'était résolue à poser les questions, ne sachant pas si elle aurait à nouveau l'audace et l'occasion de le faire. Elle n'aimait pas le terme de normalité, mais rien d'autre ne lui venait à l'esprit. La normalité n'existait pas, en soit, seulement les normes que les gens se fixent. Elle baissa les yeux vers le sol, resserrant un peu son bras autours d'elle.

Sans se retourner, il répondit, sardonique et caustique :

- C’est tout aussi normal que de s’appeler Lestrange et d’être la fille de Bellatrix et du Lord Noir, oui. Si toutefois il est permis d’user du terme normal …

Elle ne dit rien, un peu déçue, ayant attendue des explications voir une solution. Un en sens, même si elle détestait l'admettre, l'homme qui se tenait là avait en quelque sorte été son dernier espoir, et à présent, elle savait qu'elle y passerait, parce que même lui s'accordait à dire qu'avec ses origines, il n'y avait rien de normal chez elle.

Mais il soupira, et quand il fit volte-face, Haelya resta interdite. Ce n'était rien en comparaison à ce qu'il dit, cependant :

- Finalement, vous feriez mieux de rester ici. Il ne reste que quelques heures avant la reprise des cours, essayez de vous reposer, ça vaudra mieux.

Il ne patienta pas, n'attendit pas une réponse de la part de la jeune femme et marcha immédiatement vers la pièce principale de ses appartements, s'installant à un bureau et s'affairant sur un tas de parchemin. De là où elle était, elle pouvait le voir, il ne lui accordait plus son attention, il était concentré sur son travail... Décidant qu'il avait raison et qu'éviter une traversée de l'école dans son état était sans doute une bonne idée, elle se coucha, sans prendre la peine de tirer les couvertures sur elle. De toute façon, elle aurait froid, draps ou pas, ça ne changeait pas grand chose.

Elle pensait veiller, trop fatiguée pour parvenir à se calmer et s'endormir, mais il n'en fut rien. Il semblait que son corps réclamait du repos, et il ne lui fallut pas longtemps avant de sombrer...

Quand elle ouvrit les yeux à nouveau, en sursaut, étouffant un hoquet de terreur alors que ses poumons s'emplissaient d'air, comme après une longue apnée, elle sut qu'elle avait bougé, crié même, et qu'elle devait avoir insupporté le Maître des Potions qui se trouvait là, toujours assis à son bureau.

La pile de copies avait diminué considérablement, et il ne bougea pas quand elle se redressa... Péniblement, timidement aussi, elle quitta le lit et se rapprocha de la porte qui séparait les deux pièces. C'était un peu décalé et absurde, que de se retrouver dans les appartements de Rogue, mais Haelya passa outre.

La voix rauque et cassée, elle demanda, s'apprêtant à essuyer un refus mais tentant quand même sa chance :

- Accepteriez-vous de me donner des somnifères ? Ils n'agissent pas longtemps, mais... ils me font du bien...

Elle marqua une pause, puis s'empressa d'ajouter, réalisant qu'elle avait totalement oublié à qui elle parlait :

- Si cela ne vous dérange pas, bien entendu, monsieur.

C'était peut-être la première fois qu'elle l'appelait ainsi sans être sarcastique et arrogante...