What's left of me.

Il était dix-neuf heure trente lorsque Haelya déboucha finalement dans l'aile des professeurs. Elle était légèrement en retard, et marchait rapidement, petit pas précipité qui résonnaient dans le couloir mal éclairé. Dans sa main, elle serrait le parchemin reçu le matin même pendant le petit déjeuner. Avançant toujours, elle porta le papier devant ses yeux, relisant les lettres gracieuses tracées à l'encre verte.

" Mlle Lestrange,
Compte tenu de vous précédent problème de discipline et de comportement,
Je pense qu'un entretient serait du meilleur effet, surtout aux vues de vos
récent progrès. Vous êtes priés de venir à mon bureau ce soir à 19h30.
Helena Moor "

Haelya était restée septique quant à ce message. Elle avait comme un mauvais pré-sentiment, se doutant bien que quelque chose allait lui tomber sur le coin du nez. Elle commençait même à ce demander si cette invitation n'était pas un faux prétexte. Il était possible que le Maître des Potions ai parlé et que la directrice soit à présent au courant de ses origines... peut-être allait-elle se faire renvoyé de l'école car jugée trop dangereuse pour les autres.

Elle atteignit finalement la porte et frappa trois coups secs, secouant doucement sa tête pour faire le vide. Non, rien n'allait se passer, Miss Moor voulait juste la voir pour savoir si Haelya n'avait pas recommencé ses petites séances de délires psychotiques... après tout, l'adolescente avait plus ou moins promis que cela n'arriverait plus... et avait tenu sa parole relativement bien.

D’un mouvement rapide du poignet, elle remit un peu d’ordre dans ses appartements. Elle n’avait jamais été ordonnée, et elle trouvait même que ranger ses affaires à l’aide de la magie était une perte de temps. Remettant sa baguette sans une poche intérieure de son gilet, elle songea qui si elle avait été une moldue, elle vivrait dans un pur capharnaüm. Elle n’avait qu’agencé son salon, trouvant inutile de s’occuper des autres pièces. Et puis, elle n’allait pas discuter avec miss Lestrange dans sa chambre.

Depuis quelques jours, elle avait prévu d’envoyer un billet à la Serpentard pour avoir un entretien avec elle. Car leur dernière rencontre avait été houleuse, puisque la demoiselle était dans un état… second, dirons-nous. Elle lui avait accordé un joker, ce soir-là, pour ne pas qu’elle ait d’ennuis en échange d’une promesse. Et celle-ci n’avait pas été bafouée, apparemment. Alors, elle fit porter un mot à la jeune fille pour la prier de se rendre dans ces appartements ce soir, à dix-neuf heures. Bien qu’elle n’eût pas reçu de confirmation en retour, elle se doutait que miss Lestrange allait arriver d’un moment à l’autre.

Justement, trois coups secs se firent entendre. Elle termina d’allumer une bougie avec une allumette – elle préférait cette invention moldue au sortilège depuis toujours –, et alla ouvrir à la demoiselle. Celle-ci avait bien meilleure mine, et qui n’était pas vraiment difficile à acquérir, vue la dernière fois.

- Bonsoir miss Lestrange, déclara la jeune femme, se décalant pour laisser entrer son élève.

Elle referma la porte sur elle et fit signe à Haelya de prendre place sur le divan, tandis que la directrice s’assit dans un fauteuil. Quand elle regarda l’âtre, elle remarqua qu’elle aurait du remettre une buche, car les flammes se faisaient de plus en plus rares. Mais tant pis, elle ferait ça plus tard. Elle mit un bras sur l’accoudoir, laissant ses doigts pianoter sur les clous qui maintenait l’étoffe au bois de chêne.

- Si vos professeurs disent vrai, vous n’avez pas excessivement de travail à faire pour demain, mais je ne souhaite pas pour autant vous retenir longtemps. Vos examens approchent, et une soirée de ‘’libre’’ n’est pas de trop.

Il était vrai que les ASPIC des septièmes années seraient bientôt dans toutes les bouches des professeurs. Helena se doutait qu’avec les Carrow, le niveau ne serait pas le même. Elle reprit :

- La dernière fois, j’ai fermé les yeux sur votre dérapage, et j’ai apparemment bien fait, car vous n’avez pas eu d’autres ennuis depuis ce soir-là. Je me trompe ?

Elle s’arrêta, observant la demoiselle. Si elle comptait prendre la parole, Helena l’écouterait attentivement. Mais dans le cas contraire, elle continuerait sa tirade, bien qu’elle ne souhaitât pas que cet entretien ait des airs trop pédagogues.

L'instant d'après, la porte s'ouvrait et la voix de la directrice s'éleva dans le couloir. Le son était familier, quoi que légèrement flou. Forcément, Haelya ne se rappelait que très vaguement de sa dernier visite ici. Elle avait été sous l'emprise de stupéfiants, dans un état proche de la démence, un chaos auquel elle ne souhaitait même pas penser.

- Bonsoir miss Lestrange.

Miss Moor fit un pas de côté et laissa Haelya entrer dans la pièce. Les couleurs y étaient moins vivent que dans les souvenirs de la jeune fille, mais bien entendu, cette fois, elle n'était pas sous les effets désastreux d'excitants moldus et autres hallucinogène. Non, depuis quelques temps, elle n'avait plus besoin de chercher refuge dans ça, elle dormait mieux, grâce aux potions de Rogue. Elle dormait mieux, et surtout, les réveils étaient des plus agréables, puisque presque tous les jours, la première personne qu'elle voyait était Remus, ses bras autours d'elle.

Alors qu'Haelya s'était retournée pour attendre une indication, La jeune femme ferma la porte, avant d'esquisser un geste vers le canapé. Sans se faire prier, la Serpentard y prit place, regardant toujours la directrice qui elle s'installait dans un fauteuil non loin du feu qui mourrait dans l'âtre. De sa voix calme et posée, elle dit alors :

- Si vos professeurs disent vrai, vous n’avez pas excessivement de travail à faire pour demain, mais je ne souhaite pas pour autant vous retenir longtemps. Vos examens approchent, et une soirée de ‘’libre’’ n’est pas de trop. La dernière fois, j’ai fermé les yeux sur votre dérapage, et j’ai apparemment bien fait, car vous n’avez pas eu d’autres ennuis depuis ce soir-là. Je me trompe ?

Haelya avala difficilement sa salive. A vrai dire, elle n'avait pas réellement désobéit, mais elle s'était attirée d'autres sortes d'ennuis. Pendant un bref instant, elle se demanda si Miss Moor était au courant des noms du responsable du carnage de la cour de récréation. Elle devait surement le savoir, mais avait choisi pour une raison indéterminée de ne pas en faire état. Affichant un faible sourire, elle jeta un regard un peu penaud à la jeune femme, déclarant :

- Techniquement non, rien de semblable... mais... disons que le nom Lestrange implique toujours quelques ... déboires.

Elle avait dit ça comme si, avec un nom pareil, on aurait du s'attendre à ce qu'elle soit une trouble-fête. Alors qu'auparavant, elle se battait contre se préjugé, depuis quelques semaines, elle s'en servait d'argument, utilisant la plupart du temps un ton sarcastique. Mais pas cette fois, non, malgré le jeune âge de la directrice, elle ne se serait jamais permis de lui tenir tête ou bien de se montrer irrespectueuse. Elle était en sécurité à Poudlard, et s'en faire renvoyer était son dernier souhait... Certes, elle s'amusait beaucoup à agacer Rogue, mais ça, ça devait sans doute être héréditaire...

- Mais d'une manière générale, ça va... mieux. Un équilibre précaire mais déjà là...

La carte de l'honnêté n'était peut-être pas la chose la plus intelligente jouer, mais au moins, Miss Moor n'aurait pas de surprise si a un moment donné, elle en venait au veritaserum.

L’air un peu confus, elle répondit, un léger sourire aux lèvres :

- Techniquement non, rien de semblable... mais... disons que le nom Lestrange implique toujours quelques ... déboires.

Le ton qu’elle avait exprimait presque du regret, comme si son nom lui portait préjudice. Il était vrai que les Lestrange avaient de fortes tendances à avoir des comportements hargneux, et ce, depuis toujours. Helena s’en était rendu compte lorsqu’elle avait du se rendre au manoir après avoir reçu sa Marque. Le manoir Lestrange avait des propriétaires si odieux que, encore gamine, elle leur avait voué une haine sans borne. Mais elle devint bien vite aussi haïssable qu’eux et ne n’en formalisa plus.

- Mais d'une manière générale, ça va... mieux. Un équilibre précaire mais déjà là...

Helena acquiesça, encore un peu perdue dans ses souvenirs de la genèse de sa vie de Mangemort. Haelya était la fille de Bellatrix, mais il ne lui semblait pas qu’elle fût aussi acariâtre. Du moins, d’après ce qu’elle en savait. Pour en revenir au présent, Helena avait souvent vu miss Lestrange avec Remus Lupin, un Gryffondor calme et intelligent. L’équilibre de la jeune fille s’était surement tranquillisé grâce à celui-ci.

- Tant mieux, tant mieux.

Un détail que lui avait annoncé la Dame Grise lui revint en tête. Elle savait très bien que le fantôme de Serdaigle n’aurait jamais menti. Mais pour ce qui était d’Haelya, c’était à voir. C’était une Lestrange, après tout. Prenant un ton dégagé et posé, elle fit :

- J’ai entendu parler d’une lampe explosée dans un couloir, il y a peu… Ne seriez-vous pas mêlée à cet incident ?

Helena fixa la Serpentard, prête à voir si la jeune fille lui mentirait ou pas.

Helena Moor fit un petit signe de tête, semblant relativement satisfaite de la réponse de l'adolescente. Un rien vague, elle déclara :

- Tant mieux, tant mieux.

Une courte pause sépara ses dires, et bientôt, elle reprenait, un peu plus directe :

- J’ai entendu parler d’une lampe explosée dans un couloir, il y a peu… Ne seriez-vous pas mêlée à cet incident ?

Elle n'accusait en aucun cas la jeune fille, mais cependant, elle était claire sur le fait qu'elle était au courant. Elle savait, elle attendait juste qu'Haelya en parle d'elle même, bien qu'étant sure de ses allégations. La Serpentard afficha un demi-sourire relativement timide. Pour un peu, elle en aurait oublié la lampe. Trop de chose s'étaient enchainés, et son petit épisode de colère semblait bien loin maintenant. D'une voix faible, cherchant à se justifier mais sans plus, elle déclara :

- A vrai dire, c'était... légitime... une attaque par derrière, j'ai juste fait peur à la personne... et ça a suffit. Je suis désolée, j'aurais du réparer la lampe, mais... mais nous avons préféré partir avant que ça ne s'aggrave...

Maintenant qu'elle y repensait, toute cette petite histoire aurait pu très mal finir. Entre l'instinct protecteur de Remus et la stupidité d'Albus, cela aurait pu facilement déraper. Une provocation de plus, et c'était son petit ami qu'elle aurait du stupéfié pour qu'il ne tue pas l'imbécile inconscient qu'était le Serpentard.

Un sentiment inconfortable montait dans sa poitrine, l'impression malsaine d'être observée... comme si ce rendez-vous était un piège, et que dès le début, Miss Moor avait voulut parler de l'incident, qui serait le prétexte de son expulsion. Il était possible qu'Albus soit allé se plaindre, ou bien que l'infirmière ai tiré les informations pendant qu'elle le soignait... Cette sensation désagréable, ce poids en elle montait inexorablement, malgré le sourire encourageant que la directrice portait encore.

Un demi-sourire s’afficha sur le visage de la jeune fille, consciente du soupçon qui reposait sur ses épaules. Soupçon qui était fondé et même démontré.

- A vrai dire, c'était... légitime... une attaque par derrière, j'ai juste fait peur à la personne... et ça a suffit. Je suis désolée, j'aurais du réparer la lampe, mais... mais nous avons préféré partir avant que ça ne s'aggrave...

Miss Lestrange avouait totalement cet acte, sans pour autant chercher des excuses incongrues. Helena acquiesça, relativement satisfaite de la franchise de son élève. Dire qu’elle était une Lestrange… Même si son apparence déteignait de celle de Bellatrix, il y avait tout de même quelques points cruciaux qui divergeaient. Et c’était tout à son honneur, en fin de compte.

- Je vois.

Une expression étrange traversa les traits de la jeune fille. Comme si elle était gênée par quelque chose, tout en étant indécise. Mais celle-ci disparut presque aussi vite. Helena ne se posa pas de questions, et reprit :

- Cette attaque par derrière était le fruit d’une querelle ou n’avait-elle pas de raison d’être ?

Sur ce point, la jeune directrice n’en savait pas grand-chose. D’après le fantôme, aucun professeur n’avait été alerté, laissant les étudiants filer. Helena n’allait sans doute pas punir les fauteurs de trouble, mais elle voulait savoir. Pour comprendre où était le problème pour mieux les épingler, la prochaine fois. Elle eut un léger rictus qui s’effaça rapidement.

- Je vois. Cette attaque par derrière était le fruit d’une querelle ou n’avait-elle pas de raison d’être ?

Haelya aurait du répondre immédiatement. Vraiment, dire que ce n'était rien de plus qu'un éclat, qu'un coup de sang basé sur un malentendu, puisqu'après tout, ce n'était pas grand chose. Remus était arrivé au mauvais moment, Albus avait mal réagit quand simplement partir aurait été la meilleure chose à faire... Rien qu'une suite d'action un peu démesurée qui faisait que la situation avait dégénéré...

Mais elle ne pouvait pas parler, non. A cet instant précis, elle était beaucoup trop concentrée sur autre chose. Sur cette douleur qui montait en elle, sur cette sensation de mal-aise, sur le fait qu'elle ne devait rien laisser paraître mais qu'elle n'y arriverait pas devant la directrice. Elle sentait son père, il commençait à se déchainer en elle, à arracher doucement tout ce qu'il pouvait atteindre, à mettre des coups de pieds dans la forteresse qu'Haelya se construisait pour lui résister. Et elle avait beau penser de toutes ses forces à Miss Moor, supplier qu'il attende un peu, parce qu'ils auraient tous des ennuis si elle comprenait, le prénom Helena semblait accentuer la douleur qui maintenant la poussait à crisper ses doigts dans le tissu du canapé pour ne pas crier.

Elle pressa violemment ses lèvres l'une contre l'autre et ferma les yeux, répétant silencieusement "pas devant Miss Moor, je vous en supplie, Rogue sait déjà, mais elle non...". Mais ça ne marchait pas, non, il n'écoutait rien. Au contraire, une haine nouvelle lui arrachait la peau, si durement qu'elle du finalement se recroqueviller, tombant à genoux sur le tapis, les bras fermés autours d'elle, se retenant pour ne pas hurler. Des images passaient derrière ses paupières, des scènes où on voyait la directrice, et puis elle entendit la voix de Voldemort résonner dans son crane, il répétait sans cesse "traitresse, traitresse, petite peste, traitresse"...

Et finalement, elle vit une image, la directrice entrain de se faire marquer, comme Drago l'avait été, exactement comme lorsque son cousin avait rejoint officiellement les rangs du Mage Noir. La directrice était une Mangemort, mais le Lord ne semblait pas satisfait d'elle, si bien que sa simple présence le mettait hors de lui, si bien qu'Haelya en payait les pots cassés, s'arrachant à présent les poumons dans un cri rauque, prostrée sur le sol des appartements de Miss Moor.

Elle tomba en arrière, alors qu'elle s'était redressée d'un coup, prenant une profonde et bruyante inspiration. Elle était contre le canapé, mais immédiatement, elle chercha à s'enfuir, reculant aussi vite que son corps endolori le lui permettait. Sur son visage, une expression de terreur et d'horreur était peinte. Elle avait eut confiance en la directrice, elle s'était montrée honnête avec elle, était venue la voir quand elle allait mal, mais tout comme Rogue ou les Carrow, Helena Moor ne souhaitait surement pas son bien. Elle était comme eux, un bourreau, une tortionnaire, un Mangemort... d'une voix heurtée et pleine de douleur, Haelya cracha presque :

- Vous êtes comme eux, vous êtes juste comme eux....

A nouveau, elle tentait de reculer, se retrouvant à présent contre un mur, assise sur le sol, des larmes de rage et d'humiliation emplissant son regard chaotique.

L’expression qu’abordait Haelya se fit plus crispée, plus tendue. Helena attendit, patiente, les yeux plissés. Quelque chose semblait déranger la Serpentard, la tourmentant étrangement. Une force intérieure, à n’en pas douter. Les paupières de miss Lestrange se fermèrent, ainsi que ses lèvres. Quand ses doigts enserrèrent le tissu du canapé, la directrice se pencha légèrement en avant pour dire à mi-voix :

- Haelya … ?

Mais la jeune fille ne sembla rien entendre. Alors, elle tomba à genoux, recroquevillée sur elle-même. Elle était prise de sorte de tics : elle remua frénétiquement la tête, comme si elle tentait de chasser quelque chose d’invisible d’un coup de tête. Un cri rauque s’échappa des lèvres d’Haelya, résonnant dans tout l’appartement. Helena était aux aguets, ayant attrapé sa baguette par réflexe. La Serpentard chuta, puis se redressa en respirant bruyamment. Elle paraissait être sortie de son espèce de transe, mais elle tremblait fébrilement. Ses traits étaient animés par une profonde peur, tandis qu’elle reculait difficilement. Ses mouvements saccadés témoignaient d’un engourdissement physique. Son état mental avait-il une influence sur la force de ses muscles ?!

D’une voix déchirante, Haelya fit, presque hargneuse :

- Vous êtes comme eux, vous êtes juste comme eux....

La directrice se rendit compte qu’elle s’était levée, alors que son élève continuait de reculer, à présent acculée contre le mur, des larmes faisant luire son regard sombre. Helena fit quelques pas vers Haelya, restant impassible. Cette soudaine haine n’avait pu être déclenchée que pour une raison. Jusqu’à maintenant, miss Lestrange semblait ignorer une partie cruciale de l’identité d’Helena. Et chose faite, elle n’appréciait pas cette réalité.

Certes, c’était une chose. Mais comment se faisait-il qu’elle sache cela maintenant ? Elle se demanda si la jeune fille n’avait pas un pouvoir divinatoire, ou autre mais ceci était plus probable. Elle était également une plutôt bonne occlumens, alors il y avait peu de chance que la jeune fille ait parvenu à lui soutirer des informations de cette manière. D’une voix monocorde, elle répondit :

- Vous pensiez vraiment que le Seigneur des Ténèbres allait mettre à la tête de Poudlard une personne qui ne ferait pas partie de son cercle intime ?

Même si Haelya ne portait pas la marque des Ténèbres, elle était fréquemment au manoir Malefoy, puisque sa mère y était. Pourtant, la Serpentard n’avait jamais croisé Helena lors de ses visites. Etait-elle au courant de toutes les manigances du Seigneur Noir ? C’était tout de même étrange. N’ayant pas de moyen pour faire avouer le moyen avec lequel Haelya avait appris que la directrice était une Mangemort, elle bloqua ses pensées, avisant son élève qui suintait de rage.

D'un ton neutre mais dont l'évidence était si épaisse qu'on aurait pu la coupé au couteau, Miss Moor répondit alors, se tenant devant Haelya qui peinait toujours de douleur au sol :

- Vous pensiez vraiment que le Seigneur des Ténèbres allait mettre à la tête de Poudlard une personne qui ne ferait pas partie de son cercle intime ?

Inconsciemment, les pupilles de la petite Serpentard se serrèrent alors qu'elle voulait comprendre ce qu'elle avait vu. C'était étrange, Voldemort plaçait Helena Moor comme une petite traitresse, mais il la mettait quand même à la tête de l'école de magie la plus puissante d'Europe, là où il recruterait sans toute sa nouvelle génération de Mangemort. Il prenait des risques, Haelya voyait déjà les failles, les mutineries, et alors qu'elle essayait sans même s'en rendre compte d'aller chercher des informations que l'on refusait de lui donner, elle sentit que la directrice fermait son esprit. Elle n'avait pas passé les premières défenses que déjà, elle se retrouvait face à un mur immense et solide. Comme Bellatrix, Helena était une très bonne occlumens, c'était évident. Sauf qu'Haelya avait déjà réussit à briser les barricades que posait sa mère... Elle s'arrêta cependant, ne voulant pas se faire jeter dehors, pas dans cet état.

Elle avait encore mal, surtout à présent qu'elle relâchait sa concentration. Elle sentait chacun de ses membres endoloris protestés contre le mauvais traitement reçu, et elle anticipait déjà nerveusement la soirée. Elle verrait Remus, il comprendrait sa retenue, serait inquiet et elle dormirait mal, honteuse et coupable. Elle chassa de son esprit ses préoccupations, revenant à la directrice de l'école.

Doucement, avec une précaution qui devenait habituelle, Haelya tenta de se redresser, mais ses côtes douloureuses lui arrachèrent un rictus. Elle fit bonne figure, mais il n'en était rien, elle avait mal, et les scènes qu'elle avait vu la perturbait. Puis elle repensa à ce que venait de dire Miss Moor et se sentit idiote. Naïve, totalement... stupide. Elle aurait du se douter que les Mangemorts étaient partout dans le château. Rogue, les Carrow... ce n'était pas parce qu'elle n'avait jamais croisé Helena Moor qu'elle n'était pas des leurs. Et en plus, passé un an enfermé dans une chambre sombre à être torturée par Bellatrix Lestrange plus furieuse que jamais n'arrangeait rien à sa connaissance des autres membres des rangs du Mage Noir. Elle avait été juste... naïve et ignorante, elle aurait du se douter...

- Je... Qu'avez-vous fait pour qu'il vous prenne pour une traitresse ?

La question était énorme. C'était le moins que l'on puisse dire. Elle se ferait surement jeter dehors Manu Militari, mais elle aurait essayé, au moins. Les images frappaient toujours contre les parois de son crane, et la voix de son père s'y mêlait. Traitresse Traitresse, il n'avait que ce mot à la bouche. Intrinsèquement, Haelya se surprit à espérer que la jeune femme ai trouvé un compromis, une façon de survivre, de lui survivre. Une manière de s'échapper indirectement et d'avoir la paix, de pouvoir être libre presque.