Made of Scars [ Haelya / Matsuo ]

Un peu hors du temps, perdue dans le vent qui soufflait inlassablement sur la tour d'Astronomie, Haelya fixait sans réellement les voir les cicatrices qui ornaient ses poignets. De chaque coté, recouvrant la trace bleuâtre que laissait ses veines sous sa peau laiteuse, une trentaine d'estafilades rouges trônait, autant de soirée à se morfondre, à se plaindre et à finalement craquer et saisir un compas ou une lame de rasoir pour entailler sa chair et finalement être, pour une fois, la responsable de sa douleur.

Elle revoyait tous ces moments où, à bout de force et à court de volonté, elle s'était acharnée, se mutilant méthodiquement et pleurant à s'en bruler la gorge. Elle n'avait pas mérité ce qui lui était arrivé. Une année complète de torture dans le manoir Malefoy, puis les crises qui hantaient sa vie à présent. Non, elle n'avait rien fait pour ça, elle avait vécu tranquillement, heureuse et aimé à Galway, dans une famille qui voulait d'elle comme héritière. Son seul tort, en somme, avait été de naître. D'être la fille de Bellatrix et de Tom Jedusor, de ressembler tellement à sa mère que le lien était évident pour n'importe qui... Peu de gens savaient pour sa paternité. Aaron, Sirius, Linda, Remus et bien entendu Elana et Effy, ses soeurs. Les gens qui étaient au courant acceptaient le fait que Voldemort, le sorcier le plus redouté du siècle soit le père de la chaotique petite Haelya Lestrange. En fait, ils l'acceptaient sans doute mieux qu'elle.

Quand elle regardait Rodolphus, cet amour à sens unique qu'il portait à Bellatrix et la gentilesse qu'il incarnait, elle se demandait pourquoi les gens n'avaient pas continué à lui mentir, à raconter qu'il était son père. Non, ils lui avaient révélé ce secret avec lequel elle vivait maintenant tant bien que mal. Certes, l'ainé des fils Lestrange était un Mangemort, il avait dédié sa vie au mal, mais il était humain. Comme Narcissa, il faisait partit de ceux qui avaient eut pitié d'elle à son arrivée au manoir Malefoy et s'étaient occupés d'elle après chaque crise. Il lui avait même sauvé la vie une fois, écartant Greyback et empêchant le lycanthrope de prendre une bonne bouchée de la chair faible et tremblante qu'elle était encore à l'époque.

Bientôt, tout ça reprendrait. Elle devrait quitter Poudlard une fois l'année terminée, elle devrait quitter Remus et le bonheur de ses bras pour retourner chez les Sbires du Maître. Avec un peu de chance, ils perdraient vite patience, et son insubordination lui couterait la vie. Un bon gros Avada Kedavra, un énorme éclair vert, et ses souffrances seraient enfin dans le passé. Elle secoua vivement sa tête, libérant ses mèches de cheveux dans le vent furieux qui s'écrasait toujours contre la tour. Elle ne pouvait pas penser ainsi, elle n'avait pas le droit d'espérer mourir. Cela arrivait de plus en plus souvent, ces temps-ci, mais c'était égoïste. Elle devait se battre, pour Remus, pour Sirius, pour Elana et Effy. Étrangement, elle savait que ses deux sœurs étaient dans l'autre camp, mais elle se doutait bien qu'elles la soutenaient, surtout l'ainé. Elana, bien que Mangemort confirmée, était quelqu'un en qui elle avait confiance et dont elle avait une très haute estime. Avec Effy, sa jumelle, les choses étaient différentes, plus compliquées...

Elle fut tiré de sa réflexion par un bruit de pas qui monta dans l'escalier de la tour et avant qu'elle n'ai eut le temps de baisser ses manches, un jeune homme était apparu, tombant aussitôt nez à nez avec les avant-bras mutilés de l'adolescente, comme elle était assise à terre. Alors qu'il la regardait, elle baissa vivement son pull noir orné d'un blason de Serpentard, cachant les évidences.

- Bonsoir. Besoin d'aide ? Demanda-t-elle, un peu sur la défensive

Dévisageant ce qui semblait être un Serdaigle, elle replaça délicatement ses anglaises noires derrière ses oreilles, laissant le vent fouetté son visage.

Le jeune homme la dévisagea pendant un instant, perplexe quand à ce qui servit de salut. Elle ne le connaissait pas, mais il n’y avait rien chez lui qui poussait à la sympathie. Sans même l’entendre parler, elle savait qu’il était surement froid, distant, quelqu’un de solitaire et peut-être même dangereux. Ses qualités étaient souvent celles des Serpentards, mais le fait qu’il soit des aigles indiquaient sans détours qu’il devait être un adolescent à l’esprit vif. Il y avait également quelque chose d’hautain dans son attitude, et alors qu’il passait devant elle, Haelya remarqua qu’il ne lui accordait pratiquement plus aucune attention, ses yeux étant braqués sur un télescope qu’il s’empressa de dérégler.

Pendant un instant, il pointa l’objet vers ce qui semblait être la lisière de la forêt interdite, même si Haelya ne pouvait pas en être certaine. De là où elle était assise, elle ne voyait que la rambarde en fer forgé et le garçon aurait très bien pu être entrain de regarder vers le lac. Pourtant, elle avait l’impression que les abords des bois de Poudlard étaient quelque chose de plus logique. Avant qu’elle ne puisse cependant lui demander si il trouvait ce qu’il cherchait, il bougea, se concentrant à nouveau sur le ciel avant de reculer et de s’assoir en tailleur à même la pierre, prenant des notes.

Elle attendit un instant avant de parler à nouveau, préférant ne pas le déranger dans ce qui semblait être des calculs élaborés. Il n’avait pas l’air commode, le déconcentrer n’était surement pas une bonne idée. Un sourire ironique vint se peindre sur son visage alors qu’elle remarquait que ces derniers temps, elle devenait de plus en plus respectueuse, la petite peste qui se foutait de tout, qui se moquait du ravin comme de la chute était entrain de laisser place à une jeune femme posée. C’était étrange, cela ne lui ressemblait pas tellement, mais elle n’allait pas s’en plaindre, c’était tout simplement le résultat d’une vie plus saine et plus
équilibrée.

Finalement, après une bonne poignée de minutes, elle jugea qu’elle ne l’interromprait plus, étant donné qu’il avait levé son crayon de la feuille et regardait en l’air, apparemment pensif.

- Quelque chose d’interessant ? demanda-t-elle alors doucement

Il ne répondit pas, ne réagit pas non plus en braquant son regard sur elle. En fait, elle aurait pu se taire, cela aurait été pareil. Arquant un sourcil, peu habituée à ce qu’on l’ignore, elle se redressa, décollant son dos de la paroi de pierre glacée et d’une voix plus forte, elle déclara :

- Je suis Haelya Lestrange… Tu es nouveau, n’est-ce-pas ?

Elle se rendit compte un peu trop tard qu’elle avait dit son nom avec une sorte de fierté, comme si cela expliquait tout et comme si elle cherchait a imposer une sorte de respect. Ce n’était pas le cas. Trop tard, il en penserait bien ce qu’il voulait, elle s’en fichait un peu de toute façon. L’opinion des gens, hormis celle de Remus, d’Effy et d’Elana, ne comptait pas beaucoup… Sirius également, avait son mot à dire dans ce qu’elle faisait, mais c’était tout.

- Pas vraiment. Je m’appelle Matsuo Ashushi. Enchanté.

Elle resta un long moment coite devant le commentaire qu'il venait de faire. Pas vraiment nouveau, pas pourtant, elle ne l'avait jamais vu. Peut-être avait-il commencé sa scolarité ici et avait quitté l'école pendant un temps, revenant alors pour terminer sa septième année. Elle ne chercha pas plus, décidant qu'il serait temps d'en savoir plus sur lui à un autre moment.

Il tira de son sac un autre carnet, et cette fois, la discipline fut moins sérieuse. Il dessinait. Haelya avait toujours eut un interet pour cet art, et elle aimait regarder Liam, son père adoptif, quand il dessinait. Il avait pris l'habitude de tracer les décors des contes qu'il leur racontait avec sa baguette, quand la jeune Lestrange et ses deux soeurs étaient petites. Elle se souvenait de lutin, des fées et de forêt dangereuse qui brillaient, rougeoyante dans l'air de la petite chambre que les trois enfants occupaient.

Le temps passaient et alors qu'il continuait à faire gratter son crayon à papier contre le parchemin de son cahier, ils échangèrent quelques mots. Elle apprit qu'il dessinait une rose noire, mais resta vague quand elle lui demanda si elle serait ensuite autoriser à le voir. De plus en plus, alors qu'il lui jetait des coups d'œils à intervalle régulier, Haelya se demanda si la rose n'était pas elle. Elle sourit légèrement, s'attribuant le compliment sans même être certaine qu'il lui soit destiné.

Elle cacha son expression en tournant la tête, regardant dorénavant le ciel qui s'étendait devant eux et remarqua alors un éclat particulier, orangé, comme du feu. Un bruit derrière elle lui indiqua que le jeune homme avait bougé et quand elle posa son regard chaotique sur lui, il avait à nouveau le télescope en main. D'une voix distante, et peu concerné, il demanda alors :

- Recule un peu.

Haelya arqua un sourcil, n'appréciant pas réellement l'ordre intrinsèque qui se cachait sous la requête, mais le fit tout de même, prenant deux pas en arrière. A peine eut-elle repris sa position contre la barrière qu'un bruit sourd sonna dans ses oreilles, accompagné d'un petit éclair de lumière orange. Haelya cligna plusieurs fois des yeux, cherchant la source du bruit, et ses lèvres s'entrouvrirent un peu lorsqu'elle localisa une petite boule de pierre qui se trouvait à ses pieds.

En fait, ce qu'on aurait pu prendre pour de la pierre de lave était à présent enfoncé dans la dalle de marbre à l'exact endroit où elle s'était tenu quelques secondes auparavant. Si elle se souvenait de ses cours, ceci était une météorite, mais elle n'en aurait pas mit sa main à couper, elle n'était pas vraiment attentive en astronomie, jugeant qu'elle en avait appris assez avec les druides en Irlande. Comprendre le cycle des lunes et l'influence qu'elles exerçaient sur la magie et la faune était plus important à ses yeux.

- j'imagine qu'un "merci" s'impose, déclara-t-elle doucement, alors qu'elle contournait la pierre.

Le petit rocher rougeoyant n'était guère plus gros de son poing, mais au vue de la manière dont il s'était fiché dans le sol, elle aurait été surement gravement blessée si il s'était abattu sur elle.

Elle vint se placer silencieusement à côté du jeune homme et profita de la distraction pour jeter un coup d'œil au carnet à dessin. Son sourire reprit sa place quand elle vit que ses spéculations avait été fondées. Cependant, la jeune femme qu'il avait dessiné était bien plus belle qu'elle, malgré la ressemblance manifeste. Doucement, elle déclara :

- A nouveau, merci, mais je suis loin d'être aussi jolie, mes traits sont plus cadavériques, plus comme une banshee.

Et voila, il fallait encore et toujours qu'elle parle de ça. Cela lui collait à la peau, cette légende celte ne la quittait pas, et plus le temps passait, plus elle trouvait que les gens avaient raison, elle ressemblait à ses créatures.

Haelya remarqua qu'il avait rajouté un détail qui n'était pas présent dans la réalité. Un tatouage sur son avant bras, par dessus ses cicatrices et là où aurait du se trouver... sa marque des Ténèbres. Enfin, si elle prêtait serment et suivait son père, c'est là que, dans sa chair, on viendrait graver la marque d'allégeance. La coïncidence la fit tiquer un peu et d'un mouvement vague, elle toucha l'endroit où aurait du se trouver le symbole de son géniteur. Elle sursauta un peu quand Matsuo parla :

- Alors prions pour que tu n’hurles jamais après moi.

Haelya sourit, agréablement surprise. Quelqu'un qui connaissait ses légendes, c'était bien. Différent. Elle repensa à Albus Potter à qui elle avait du montrer ce qu'était une Banshee, et un sourire douloureux vint se poser sur son visage quand elle se souvint comment cette épisode c'était terminer. Albus avait eut le nez cassé par un Remus hors de lui. Il avait cherché, mais en se montrant arrogant, il avait bien faillit l'équilibre précaire dans lequel les deux adolescents vivaient.

Elle tenta de ne plus penser à ça, se concentrant sur le dessin du jeune homme. A présent, il dessinait bel et bien une fleur . Il termina rapidement, et d'un sort, il arrangea une partie de la plante, puis se leva et rangea son carnet. Elle remarqua qu'il tenait toujours le dessin qu'il avait fait d'elle à la main, il avait visiblement arraché la page en question.

Dans un sourire, le premier qu'elle le voyait esquisser, il demanda alors :

- Et si on marchait un peu ?

Haelya lui rendit son sourire et acquiesça silencieusement. Sans vraiment attendre, elle s'engagea vers le coin opposé de la tour, n'ayant pas réellement envie de descendre du perchoir qu'était le bâtiment d'astronomie. Elle se sentait bien ici, un peu perdue dans la nuit et dans le vide, là où les ténèbres venaient flirter avec la civilisation et où personne ne s'aventurait vraiment jamais.

Arrivée au centre de l'esplanade, elle se retourna et d'une voix amusée, elle déclara :

- Je crois que tu es la première personne à ne pas me regarder avec des yeux ronds quand je parle d'une Banshee. Hormis Seamus Finnigan, bien sur, mais ce n'est pas pour la même raison, je crois qu'il en a vu une quand son grand-père est décédé...

Elle se tue, repensant au scandale qu'avait été la mort du père de la dernière druidesse. La mère de Seamus était respectée et connue, mais ce n'était rien comparée à son grand-père. Le vieux chef de clan était aimé, vénéré même, il avait été si puissant et si bienveillant...

- Quelle est ta couleur préférée ?

La question semblait sortie de nulle part tant elle était incongrue et sans lien avec le reste. Cependant, Haelya décida d'y répondre, et hésita d'ailleurs pendant une seconde alors que le jeune homme s'accoudait à la rambarde, regardant l'horizon, fixant le parc et le lac qui se trouvaient devant eux.

Il sembla soudain distrait, mais la jeune Serpentard ne put pas saisir ce qu'il regardait à son poignet, se tenant trop loin de lui. Elle répondit alors, doucement pour ne pas le faire sursauter :

- Bleu pétrole, je pense... aussi noir que la nuit, aussi noir que moi...

Elle s'approcha sans bruit de lui et s'accouda à son tour, posant son visage de poupée dans ses mains et fixant le parc. Puis ses yeux bifurquèrent vers la forêt. La dernière fois qu'elle y avait mis les pieds, elle avait manqué de se faire tuer par Alisse, la vampire. Deux semaines plus tard, elle avait couché avec le petit ami de cette dernière. Maintenant, elle était officiellement avec Remus, elle était heureuse, mais elle évitait la forêt. Alisse avait juré qu'elle aurait sa peau, parce que tout était la faute d'Haelya, selon elle. Ce qui n'était pas exactement faux, puisqu'elle avait séduit le jeune homme, dans un jeu stupide.

Elle regarda finalement ce que le Serdaigle faisait et remarqua une montre. Une montre étrange, avec plus d'aiguilles que de raison. Certes, elle était habituée aux objets étranges, vivant chez les sorciers depuis sa plus tendre enfance, mais ça... elle n'avait jamais vu quelque chose de semblable...

- C'est une montre bien... différente...

Elle releva la tête et croisa le regard du garçon. Elle fut soudain prise d'un mauvais pressentiment, et se demanda ce qui se cachait derrière ses attitudes étranges et cet objets inhabituel... Elle eut un mouvement violent, et avant qu'il ne puisse contrer, elle le saisit par l'épaule, pivotant en même temps qu'elle le forçait à lui faire face. Méthodiquement mais implacablement, elle força son regard et entra dans sa tête, fouillant dans ses souvenirs.

Il y en avait tant, c'était étourdissant. Et visiblement, il ne l'avait pas vu venir et il n'apprécierait pas... Mais Haelya prenait peur, elle n'aimait pas ce qu'elle pouvait lire dans les pensées du jeune homme. Du moins, de celui qui avait l'apparence d'un jeune homme, il avait plus de souvenir que s'il avait mille ans, c'était déconcertant.

Elle recula, rompant le contact, et se mit à marcher en arrière, mais elle trébucha sur quelque chose et se retrouva assise par terre, en contrebas de celui qui à présent était un adversaire et non plus un camarade. Il reprenait doucement ses esprits, et elle ne savait pas comment il allait réagir. Elle attrapa silencieusement sa baguette, prête à agir alors que son coeur battait à tout rompre. Elle n'aimait pas du tout ce qu'elle avait vu...

Haelya était assise sur le sol, son bassin lui faisant mal à cause de la chute qui l’avait projeté au sol. Elle respirait rapidement, nerveuse, le cœur battant à tout rompre, et l’adrénaline de la peur prenant doucement le pas sur elle, la rendant plus impulsive. Il se tenait devant elle, le regard mauvais, mais ses yeux étaient le seul paramètre qui aurait pu indiquer qu’il était rancunier, qu’il lui en voulait pour l’incursion. Autrement, il était calme. Trop calme. Et ce n’était pas la tranquillité apaisante que possédait Remus, non, ceci était différent, plus inquiétant, le calme avant la tempête, la paix doucereuse de celui prépare sa guerre…

Il prononça des mots qu’elle ne comprit pas, mais elle sut que c’était sans doute le dialecte natif du jeune homme, il lui arrivait aussi de parler Gaélique, et parfois sans même s’en rendre compte, alors c’était normal qu’elle ne soit pas la seule. Se souvenant de ce qu’elle avait vu, elle corrigea mentalement le « jeune homme ». Il était aussi jeune qu’elle était saine d’esprit, malgré son apparence d’adolescent…

Un coup de tonnerre, comme un puissant roulement de tambour précédent une bataille, roula au loin et presque immédiatement, une pluie diluvienne se mit à battre la misérable tour. Haelya eut l’impression de se noyer tant l’attaque des gouttes était puissante, violente. Pour un peu, elle n’aurait pas vu la différence entre cette douche fortuite glacée et désagréable et un plongeon dans les eaux noires et menaçante du lac de Poudlard.

Gardant Matsuo en joug, ne baissant pas sa baguette, pas même d’un millimètre, la jeune femme se servit de sa main libre pour se redresser un peu, affichant un rictus de douleur quand elle sentit la douleur dans son coccyx. C’était-elle cassée quelque chose ? En tout cas, la douleur allait dans ce sens, et elle jura mentalement. Elle aurait du écouter Elana, apprendre à se battre correctement, parce qu’ainsi, elle aurait su tomber sans se faire mal… Mais non, elle repoussait les leçons de sa sœur, grand mal lui en faisait maintenant.

Mine de rien, passant outre la douleur et manquant à plusieurs reprises de hurler et de s’évanouir tant elle avait mal, Haelya parvint à se reculer un peu plus, rampant à moitié sur le sol trempé et sale de la tour, s’éloignant au maximum de celui qui, stoïque, la toisait toujours sans aucune compassion, une froideur dans les yeux qui reflétait sans doute les ténèbres qu’il avait en lui. Elle avait vu, dans ses souvenirs, c’était un tueur assermenté, c’était sa mission : tuer. Il avait été éduqué pour ça, il excellait dans l’art de prendre la vie…

- Qui es-tu ? Qu’es-tu ?

Les deux questions allaient ensemble, et dans le vacarme de la pluie, elle sentit sa voix se perdre mais elle était intimement convaincue qu’il en saisirait quand même le sens. Restait à savoir s’il lui répondrait ou s’il prendrait cela pour une tentative de diversion et la tuerait sans vergogne.

- Je suis, tout simplement

Avant qu'elle ne puisse se redresser, tenter de bouger, de hurler, de se sauver, d'appeler à l'aide, de lancer un patronus pour que quelqu'un vienne l'aider, pour prévenir Remus et Sirius, Elana ou Effy qu'elle était dans une mauvaise posture, elle manqua de s'étouffer. Un hoquet d'effroi coula entre ses lèvres et la panique reprenait le dessus sur ses émotions.

Il avait des lames. D'immenses griffes d'apparence aussi tranchante que le Katana qu'il avait laissé tomber au sol et qui atteignaient facilement ses chevilles. Elle avait peur, elle sentait sa mort venir. Elle ne redoutait pas la fin, la douleur... Non, elle y était habituée... C'était le caractère soudain qui la gênait, qui lui donnait envie de pleurer et de supplier. Elle s'était préparée mentalement à mourir en Juin, sous les coups de Bellatrix, pas maintenant, pas sans avoir pu dire au revoir à Remus, l'amour de sa vie, pas sans avoir pu étreindre une dernière fois ses cousins et ses sœurs... Elle avait peur, elle ne pouvait pas bouger à cause de son bassin, elle se sentait faible, insignifiante, ridicule...

- Fulguris

Un éclat passa sur les griffes de Matsuo et des larmes montèrent pour de bon dans la gorge de la jeune femme, la faisant tousser. Des larmes d'angoisses et de regret coulaient sur ses joues, brouillant sa vue... Mais ce n'était pas assez, elle pouvait encore voir son opposant, celui qui sous peu deviendrait son bourreau. Parce qu'elle était persuadée qu'il la tuerait, qu'il n'attendrait pas. Dans ce qu'elle avait vu, il n'avait aucun scrupules, aucune gêne, il tuait comme le faisait les Mangemorts : sans regret, de sans froid, sans considération...

L'idée la secoua. Ils ne l'avaient pas tué, pas encore, elle ne pouvait pas mourir. Pas ainsi, pas ici... mais elle était coincée, elle était blessée, et sa baguette ne lutterait pas contre ce qui semblait être une puissance ancestrâle... Lui restait la magie des druides, ce qu'elle avait apprit à Galway, cette force triviale, bestiale, la magie ancienne des Banshee et des sorcières irlandaises...

Elle lâcha sa baguette, se recroquevillant tant bien que mal, la douleur dans son coccyx la faisant hurler tant c'était prenant, tant c'était violent... Quelles étaient ses chances d'arriver à le repousser avec la télékinésie ? Elle ne s'entrainait plus, elle avait perdu de ses capacités, et l'agonie qu'elle ressentait la déconcentrait... Elle ne pourrait pas... Elle pouvait toujours essayer, bien sur...

Elle tendit soudain les mains devant elle, paumes vers Matsuo, et se concentrant de toutes ses forces, elle parvint à produire une flamme... une rougeoyante trainée qui stagnait sur ses mains, qui n'atteindrait jamais son adversaire. Et son énergie la quittait, elle se sentait vidée, totalement creuse, elle avait froid, elle tremblait...

Haelya ne put maintenir le sort et dans un sursaut grotesque et douloureux, elle s'écroula sur le côté, son épaule frappant violemment contre la pierre du sol.

- Pitié... ne me tue pas, je...

Elle ne termina pas son murmure, n'ayant même plus la force de parler. Elle mourrait ainsi, tremblante, larmoyante, sous les coups d'un bourreau inconnu, sans avoir pu dire adieu à son amour, au peu de membres de sa famille qui comptaient encore à ses yeux...

A demi-inconsciente, elle attendait son châtiment pour avoir osé provoquer celui qui se tenait en face d'elle. Cet... homme... non, le terme n'était pas juste. Il était vieux, si vieux, elle avait vu tant de souvenirs dans sa tête, et encore, elle avait reculé bien vite, elle s'était rétractée en remarquant que quelque chose clochait... L'inconnu était plus... un esprit ancien, une sorte de démon... Et il allait sans doute la finir. L'idée la terrifiait plus qu'elle ne l'aurait cru, pourtant, elle était prête à mourir, elle savait que cela arriverait un jour... Mais elle s'était toujours imaginée que ce serait Voldemort ou Bellatrix qui s'en chargeraient... Lucius à la limite, voire Fenrir Greyback... mais un parfait inconnu au sommet d'une tour de Poudlard c'était inattendu. Et dérangeant. Qu'allait-il faire de son cadavre ? Encore fallait-il qu'il reste un cadavre, de toute façon. Elle repensa à ses griffes gigantesques... elle allait finir en pâté pour Hippogriffes, elle en était persuadée... En un sens, elle espérait que ce soit un autre inconnu qui tombe sur ce qu'il resterait d'elle. Pas Remus, pas Sirius, encore moins Effy ou Elana, aucun de ses autres cousins. Ils avaient déjà tous vu suffisamment d'horreurs dans leurs vies, elle ne voulait pas que son corps exsangue et déchiqueté vienne s'ajouter à la liste.

Un grincement lugubre et métallique la fit redescendre de ses délires psychotiques. Elle n'était pas encore morte. Elle avait juste mal, très mal, mais elle n'était pas morte et ce n'était pas un coccyx en morceau qui allait l'achever, elle avait vu pire. Elle ouvrit les yeux et souhaita pratiquement dans la foulée s'être abstenu. Soit, il ne la tuerait pas avec ce qu'il avait au bout des doigts, il prendrait le Katana... Il venait de le ramasser et semblait considerer la lame avec un intérêt malsain, une lueur qui fit frémir la jeune femme. Qu'avait-il en tête ? S'imaginait-il entrain de transpercer la chair pâle et fatiguée d'Haelya, entrain de verser des flots de sang sur cette dalle polie par le temps ? Elle lui attribuait des pulsions sadiques, elle ne savait pas réellement pourquoi. Il n'était pas Voldemort, elle ne connaissait rien de lui... Mais avec sa chance, c'était sans doute un maniaque dérangé qui la découperait en morceau et irait nourrir les sombrals avec. Génial...

Elle hoqueta quand il planta la lame. C'était de la surprise pas de la douleur, pour la simple et bonne raison qu'il venait de se blesser lui même. Une atteinte qui aurait dû être mortelle, bien qu'Haelya ne connaisse rien aux armes blanches, rasoir mis de côté. Il aurait dû tomber au sol. S'écrouler en se tordant de douleur, dans un gemissement, une complainte à la mort... Une nouvelle vague de nausée s'empara de la jeune femme lorsque la transformation commença.

Elle ferma violemment ses paupières, bloquant sa respiration et tentant de faire abstraction du monde. Un Doppleganger, un foutu Doppleganger, pourquoi fallait-il que de toutes les créatures du monde magique, elle tombe sur ça ? Merlin n'était-il donc pas capable de se contenter de l'habituel et de lui envoyer quelques détraqueurs ?

- Bonjour !

Elle sursauta. Brusquement même, s'étouffant sous la douleur que ses os brisés lui infligeaient. La voix était définitivement... féminine. Ouvrant les yeux, elle se retrouva nez à nez avec une jeune femme asiatique, aux traits fins et au visage harmonieux...

- Il ne t’a pas fait trop peur j’espère ? C’aurait plus être pire remarque… Tu es trempée, viens rentrons dans le château.

Sa voix cristalline était amusée et enjouée. En un rien de temps, Haelya se retrouva debout, l'autre la tenant. Un râle de douleur et de frayeur quitta ses poumons, arrachant sa gorge et coupant le silence glacial de la nuit. Elle hurlait. C'était particulièrement stupide, ne sachant pas ce à quoi elle faisait face, mais toujours est-il qu'elle hurlait comme une forcenée, comme une malade mentale. C'était trop, tout simplement trop.

Dans une série de mouvement frénétiques, elle parvint à se détacher de la prise que la femme nouvellement apparu maintenait sur elle et en toute logique, elle s'étala par terre, se fracassant violemment sur le sol de pierre. Ignorant la douleur qui, de toute façon, ne pouvait plus empirer, elle se traina en arrière, bougeant le plus vite possible, paniquée et terrorisée, jusqu'à ce que ses omoplates heurtent le parapet de granit qui encerclait la tour. Coincée.

Elle tenta tant bien que mal de se redresser seule, puisqu'elle savait qu'avec beaucoup de concentration, elle pouvait ignorer la douleur, mais elle n'y parvint pas... Alors que le hurlement mourrait dans sa poitrine, se transformant en des halètements horrifiés, elle retomba par terre, un craquement macabre emplissant l'espace. Elle se roula aussitôt en boule, tenant contre elle son poignet qui venait de se briser pathétiquement...

Peu importe la créature qui se trouvait là, elle était à présent une cible de choix.

<< Regarde ton agresseur, toujours, même si tu sais que c'est perdu d'avance. Regarde venir ta mort, ne soit pas lâche, ne donne à personne le bénéfice de cette bassesse, garde la tête haute... Haelya, tu m'entend ? Ouvre tes yeux et regarde moi, affronte moi, protège toi avec ton audace... >>

La voix de Rodolphus sonnait toujours dans sa tête quand elle ouvrit les yeux, posant son regard chaotique et plein de larme sur la jeune femme qui, à présent, se rapprochait, en fouillant dans ses poches. Les entrainements avec ... le mari de sa mère, disons ça pour faire simple, avait toujours été les plus délicats. Rodolphus était brusque et puissant, il n'avait aucune patience, mais il était bon. Il restait un mangemort, bien sur, mais jamais il ne l'avait torturé pour arriver à ses fins, préférant les duels équitables, souvent arbitrés par Rabastan. L'entendre ainsi était presque rassurant, il restait la seule figure paternelle qu'elle avait, même s'il n'était pour rien dans sa vie, juste un homme bafoué, profondément amoureux d'une femme totalement folle qui n'en avait rien à faire de lui...

Se souvenant de ce qu'il venait de se passer, elle se concentra sur la jeune femme, redoutant un peu ce qu'elle pourrait bien sortir de sa poche. Se souvenant du Katana et des lames sorties des mains de son prédécesseur, elle s'attendait presque à la voir extraire quelques shuriken, histoire de pouvoir l'achever d'une manière bien sanglante, aussi fut elle surprise de voir une feuille. Et pas n'importe quelle feuille, compte tenu du format, elle reconnut presque immédiatement, c'était un morceau du carnet qu'il avait tenu, où il avait dessiné...

D'ailleurs, alors que la jeune femme s'asseyait près d'elle, les jambes croisées, comme on se serait assis dans l'herbe par un après-midi d'été, Haelya réalisa que c'était précisément ce qu'il avait dessiné qui lui été présenté à nouveau. Son visage, calme, impassible, un rien froid, ses yeux sombres et chaotique, tranchant avec sa peau laiteuse, ses cheveux cascadant anarchiquement autours de son visage. La vraie Haelya ne ressemblait pas à ça, ce n'était que de la théorie. Là, sur ce papier, c'était celle que Bellatrix voulait faire d'elle : une arme fière, une battante. D'ailleurs, elle trouvait tellement de ressemblance avec sa mère sur ce dessin qu'elle voulu hurler, mais elle n'en avait même pas la force. Elle resta interdite, se demandant si c'était à cela qu'elle ressemblerait si elle se pliait, si elle obéissait. Elle reprendrait des formes plus humaines, elle ne serait plus si fragile... Elle cessa d'y penser, fallait-il encore qu'elle sorte en vie de cette expérience là, et pour l'instant, elle souffrait le martyr, allongée pathétiquement face à quelqu'un dont elle ne connaissait pas les intentions.

- Hey… tu vas bien ?

Elle se retint d'arquer un sourcil. Était-ce réellement une question à poser ? C'était risible. Bien sur que non, elle n'allait pas bien. Elle était en larmes, haletante, son bassin la mettait au supplice mais encore, ce n'était rien en comparaison à la douleur qu'envoyait son poignet cassé dans tout son bras, lui donnant envie d'insulter son adversaire à chaque respiration.

Avant qu'elle ne puisse trouver quelque chose de sarcastique à rétorquer, Haelya fut prise de court par un étau. Un étau réel, pas juste une métaphore, pas juste une impression. Il y avait bel et bien deux bras autours d'elle, deux bras pour tenter de la tenir en un seul morceau quand elle était sur le point de se fracturer en millions de petites particules qui iraient se rependre sans ordre sur le sol sale et froid de la Tour d'Astronomie... Pourquoi l'étreignait-elle ? Ce n'était pas logique, pourquoi faisait-elle attendre la sentence qui ne manquerait pas de tomber ? Pourquoi Haelya était-elle encore en vie...

Petit à petit une conclusion arrivait dans son esprit embrumé par la peur et la douleur. C'était une illusion. Tout cela n'était qu'une création de son imagination, ou de Voldemort. Elle s'était blessée seule, il n'existait pas, ou était parti depuis longtemps. Elle avait été seule sur cette tour, avait glissé et maintenant, la fièvre provoquée par les fracture la faisait délirer, elle était dans une sorte de transe.

- Je deviens folle. Je vois des choses qui n'existent pas. Rien de tout ça n'existe, c'est dans ma tête, c'est la douleur qui crée tout ça, mais ce n'est pas réel...

Elle se tut instant, tentant de bouger son poignet valide pour saisir sa baguette tombée à côté d'elle, puis rajouta, plus pour elle que pour cette compagnie chimérique, cette personne qui ne pouvait pas être là :

- Je dois trouver la force d'envoyer un patronus, et appeler Remus... Je peux le faire... ca va aller, ce n'est rien que je n'ai déjà eut à traverser, après tout...

Dans sa tête, elle était seule, aussi sursauta-t-elle lorsque l'étreinte se resserra et qu'une voix s'éleva à nouveau.

C’est bien la pire folie que de vouloir être sage dans un monde de fous.
[D. Erasme]

La folie ne réclamait qu’un petit coup de pouce, mais cette fois la poussée avait été particulièrement brutale. Haelya venait d’entrer dans un état de déréliction assez avancé : elle se parlait à elle-même et en venait même à qualifier les récents évènements d’irréel, sans parler des ciactrices.

- Je dois trouver la force d'envoyer un patronus, et appeler Remus... Je peux le faire... ca va aller, ce n'est rien que je n'ai déjà eu à traverser, après tout...
Les grands yeux de Mio se posèrent sur la baguette qui gisait à quelques centimètres des deux élèves, il serait problématique qu’une autre personne face irruption et ajoute quelques ennuis supplémentaires à une situation déjà fort compliquée. Les yeux de Mio prirent un nouvel aspect. La raison les quitta et fut remplacer par des traits de folie. Il était impossible de guérir la folie par la raison, bon nombre de spécialistes s’en étaient rendu compte avec Matsuo, en revanche la raison en contact avec la folie rendait vite les armes. La jeune fille resserra son étreinte et dit d’une voix douce qui était presque un murmure.
- Tu es dingue toi aussi ?
Une pointe s’enfonça au niveau de son cœur.
- Aïe !

Ne laissant pas la jeune fille répondre, elle retira ses bras et fouilla dans la poche situé au niveau de sa poitrine. La chemise rayée de Matsuo ne lui allait plutôt bien, tout compte fait. Mio tenait à présent une minuscule fiole dans la paume de sa main, elle était pointu à son extrémité et scellée par un bouchon et de la cire. Une étiquette informant probablement le contenue du minuscule flacon sur laquelle elle pouvait lire l’écriture de son amant. L’écriture étant petite elle dû plisser les yeux pour lire ce qui était écrit… « Curatum , soins intensifs »
Matsuo n’avait tout de même pas prévu ce qui… Non, bien sûr que non, sa paranoïa avait dû le pousser à en mettre sur lui, voilà tout. Mio hésita, il ne fallait pas qu’Haelya qui s’était vaguement calmer croit qu’elle essayait de l’empoisonner avec une potion douteuse, cependant vu son état cette potion revigorante lui ferait le plus grand bien. A ce propos, il fallait vraiment qu’elle s’achète de nouvelles chaussures…

- Tu es dingue toi aussi ?

" Moi, dingue... non. NON. Non non non et non. Je suis parfaitement normale, je vais très bien, je n'ai aucune problème et... je parle toute seule, je débat avec ma conscience et j'ai des hallucinations. Bon, okay, peut-être bien que je suis dingue. Mais attends... si c'est une hallucination qui me traite de folle, peut-être que c'est ma conscience qui parle indirectement et qui.. "

- Aïe !

Haelya se fit violence pour arrêter de délirer. En face d'elle, la jeune femme, qu'elle soit réelle ou non, tenait une petite fiole entre ses doigts et en lisait péniblement l'étiquette, avant de la tendre indirectement à la jeune Lestrange. Force était de constater que ce n'était pas un fruit de son imagination, qu'elle était bien là... c'était de plus en plus étrange

Elle regarda sa compagne, dubitative. S'attendait-elle réellement à ce qu'elle prenne la potion de son plein gré. Elle devait la voir comme une hystérique faible et barge, elle la pensait stupide. Stupide au point de prendre une potion donnée par une inconnue potentiellement nocive, qui avait succéder à un jeune homme promptement agressif.

Haelya toisa la minuscule fiole pendant quelques secondes. Mourir empoisonner ou mourir déchiqueter par les lames qui sortait des phalanges de l'adolescent. Il n'allait pas tarder à venir, elle en était presque persuadée, et elle avait peur. Après tout, que risquait-elle ? Qu'elle était les chances pour que quelqu'un d'autre que Rogue se trimballe avec des potions mortelles. Elle avait la vision trop floue pour arriver à lire l'étiquette, mais tant pis. Elle prit sa chance, se trouvant stupide et inconsciente, mais n'ayant pas beaucoup d'autre solution.

Elle attrapa vivement la fiole et en fit sauter le cachet de cire, avant de porter le goulot à ses lèvres. D'une traite, elle avala le peu de potion qu'elle contenait, et c'était comme si on venait de lui verser du miel liquide et chaud dans la gorge. Un sentiment de bien être se répandait subitement en elle, une sorte de plaisir, même, et elle sentit bientôt que sa hanche s'était ressoudée.

Hagarde, elle tenta de bouger son poignet et réalisa avec une certaine satisfaction que ça allait mieux aussi. D'un bond, elle saisit sa chance et se leva, prenant sa baguette au passage et ayant pendant un quart de seconde l'impression d'être soudain dotée des capacités de combats d'Elana. C'eut été utile, mais peu réaliste. Qu'importe, elle avait sa baguette et ses sorts basiques, et sa télékinésie...

Seulement, alors qu'elle pointait son arme sur la jeune femme toujours assise et qu'elle dardait sur elle un regard emprunt d'une colère et d'une furie impressionnante, Haelya se demanda soudain pourquoi un bourreau l'aurait soignée et laissée filer de la sorte. Ça n'avait pas de sens.

Elle se retint cependant de dire "merci", restant sur ses gardes. Si l'autre revenait, elle devrait combattre, et elle n'était pas sûre de faire le poids, même valide et avertie.