Return Of The Jedi

Il faisait froid dehors. La neige embaumait tout de son manteau blanc et le ciel bleu arborait un soleil resplendissant. Les arbres, dépourvus de leurs feuilles, restaient immobiles, sans le souffle du vent pour agiter leurs branches. Le lac était gelé mais on apercevait à sa surface plusieurs cassures, que les plus jeunes prenaient pour les méfaits du calamar géant mais qui se trouvaient être dûs à ceux d'élèves plus âgés et téméraires qui s'étaient clandestinement aventurer sur la glace.

Emmitouflé dans sa cape noire aux attaches d'émeraude et d'argent - couleurs de sa maison - Drago traversait le parc, revenant de son cours de botanique. Il avait accroché sous sa cape un bocal qui contenait une flamme bleue qui le réchauffait doucement. Sa tête blonde se confondait presque avec la parure immaculé que portait le sol et ses yeux avait la teinte du ciel, d'un bleu froid.

Le garçon était d'humeur maussade. La froidure de l'hiver l'agaçait, même s'il gardait malgré tout quelques bons souvenirs de la saison. Il quitta le parc en lui-même et se retrouva dans la cour de récréation. L'espace était vaste et pourtant, Drago s'y sentait oppressé.

Il se rendit rapidement au centre de la cour pavée et s'y arrêta. Non loin de lui, il avait reconnu une silhouette qui lui était familière, dans tous les sens du terme. Il s'approcha de la jeune femme et posa délicatement sa main sur l'épaule de sa cousine, comme s'il avait eut peur de la casser.

- Haelya, dit-il simplement, signifiant sa présence.

Il garda un visage, ignorant comment elle réagirait en le voyant.

Debout, au milieu de la cour figée par le froid hivernal, Haelya regardait les dégâts qu'elle avait causé, un sourire presque amusé posé sur ses lèvres bleutés par le vent de Février. Alors que l'humidité sournoise s'insinuait un peu partout, à commencer par ses pieds qu'elle ne sentait plus à cause de la neige qui l'entourait, elle se remémorait sa rencontre avec Sirius, son cousin. Cela avait été violent, et chaotique, à l'image même de leurs personnalités respectives, et les arcades qui entouraient la cour de récréation en gardaient les stigmates.

Une arche entière était encore au sol, et les gravas recouvert de neige n'avaient pas bougé. Ils auraient du les nettoyer, les évacuer à la main, sans magie, c'était la décision de Rogue, mais en fin de compte, quelqu'un avait jugé cela trop dangereux. L'équilibre des morceaux de pierre devait sans doute être trop précaire pour qu'on les laisse s'approcher, alors ils avaient échappé à la punition.

Son sourire s'élargit un peu quand elle pensa au fait qu'à présent, Sirius et elle s'entendait bien. A vrai dire, il jouait les grand-frères, il lui apprenait même à voler, et elle aimait cette relation. Il avait chacun mit leur égo et leur fierté de côté, et c'était pour le mieux.

Haelya s'apprêtait à bouger et à rentrer dans l'école pour se réchauffer et peut-être aller retrouver Remus lorsqu'une main se posa délicatement sur son épaule. Quelqu'un appela son nom, et elle n'eut pas besoin de se retourner pour savoir de qui il s'agissait. Oh non, elle ne connaissait cette voix que trop bien. Cette fois-ci, elle ne chercha même pas à réprimer l'expression joyeuse qui s'étendait sur son visage. Elle fit vivement volte-face et sans attendre, elle prit Drago dans une étreinte innocente, comme une petite fille enserre les jambes d'un oncle longtemps absent.

Pendant près d'une minute, elle ne bougea pas, se contentant de serrer son cousin -un d'eux, en fait- dans ses bras. Finalement, elle fit un pas en arrière, et déclara, amusée :

- J'ai presque cru que tu m'évitais... je sais que le château est grand, mais quand même, cinq mois pour te croiser, c'est un exploit...

En parlant, elle réalisa qu'elle ne plaisantait qu'à moitié. Elle n'avait pas vu son cousin depuis qu'ils étaient entrés à Poudlard pour leur septième année, et elle aurait été malhonnête si elle avait affirmé qu'il ne lui avait pas manqué. Après tout, ils avaient passé l'été ensemble au Manoir Malefoy.

Elle le dévisagea pendant un instant et remarqua la lueur presque triste qu'il portait dans son regard. D'une voix plus calme, elle demanda alors, réellement concernée :

- Tu vas... bien ?

La jeune femme se retourna et le prit dans ses bras, l'air radieux. Attendri, Drago l'enserra à son tour, comme il l'aurait fait pour une enfant. Il était clair que la jeune femme lui avait manqué.
Au bout d'un instant qui lui parut bien court, Haelya se retira de ses bras, en souriant.

- J'ai presque cru que tu m'évitais... je sais que le château est grand, mais quand même, cinq mois pour te croiser, c'est un exploit...

La plaisanterie était évidente, pourtant, la jeune femme n'aurait pas pu être plus près de la vérité. Non pas qu'il l'ait évitée, mais qu'ils ne s'étaient pas parler une seule fois depuis la rentrée. Drago n'avait pas réalisé, jusque là, à quel point la situation était absurde. Ils avaient été plus proches que jamais, durant l'été qu'ils avaient partagés mais dès septembre, ils s'étaient retrouvés comme... inconnus, chacun menant sa vie sans prêter attention à l'autre. Drago se promit d'y remédier.

Il remarqua alors le regard que sa cousine portait sur lui, presque inquiet. Il lui sourit, mais rien n'y fit.

- Tu vas... bien ?

La question consterna Drago. Globalement oui, il allait bien, il suffisait juste d'omettre les quelques détails familiaux et la terreur qu'inspirait le Lord Noir à ses parents.

- Oh, oui, ne t'en fais pas, cousine, dit-il en souriant. L'hiver me lasse, mais La Force reste avec moi, jeune Padawan ! ajouta-t-il, prenant une voix des plus sérieuses.

Devant l'air déconcerté de sa cousine, il éclata d'un rire chaud et grave. Ils avaient passé une partie de l'été à regarder des films moldus, parmi lesquels La Guerres Des Étoiles, ignorant l'exaspération des parents du garçon.

Le Serpentard se calma rapidement et, souriant tendrement, il saisit la main de sa complice et l'amena à ses lèvres pour y déposer un baiser. Puis, sans lâcher ses doigts, il la fit lentement tournoyer sous son bras. Il stoppa le mouvement sans prévenir et la fit alors basculer en arrière, la retenant en passant un bras sous sa taille. Il se pencha sur elle et déclara simplement :

- Vous m'avez manqué, Princesse Haelya. M'est avis qu'il va falloir rattraper le temps perdu !

De son bras libre, il saisit les jambes de sa cousine pour la porter à la manière d'une princesse et, sans plus prêter attention au trésor qu'il tenait dans ses bras, il entreprit de gravir le tas de pierre qui jonchait la cour.

- Quelle gentille attention d'avoir effondré les arcades, plaisanta Drago, néanmoins sincère.

Arrivant au sommet du tas, il sauta lestement sur le dessus d'une des arches qui avait été épargnée.

- Il faudra les remercier, ajouta-t-il, reposant sa cousine sur la terre ferme - ou du moins ce qui en faisait office.

Devant eux s'étalait le parc dans toute sa splendeur, immaculé et désert. Le ciel jusque là d'un bleu limpide se trouvait obscurci par endroit, annonçant l'approche imminente de la nuit. Bientôt, on apercevrait même les premières étoiles.

Leurs regards s'accrochèrent et Drago sembla percevoir la lueur d'inquiétude qui perçait dans les puits sans fonds qu'étaient les yeux sombres d'Haelya. Il afficha un léger sourire et répondit alors :

- Oh, oui, ne t'en fais pas, cousine. L'hiver me lasse, mais La Force reste avec moi, jeune Padawan !

Elle roula les yeux à la référence, consternée, et immédiatement, Drago se mit à rire. Et soudain, se fut comme si la cour avait été envahie par des souvenirs, une immense vague de nostalgie submergea la jeune femme et un sourire un rien mélancolique vint se peindre sur ses lèvres alors qu'elle revoyait les images de l'été qui s'était déroulé.

C'était à partir de ce moment là qu'elle avait pu commencer à réellement vivre, quand Drago était rentré de Poudlard à la fin de sa sixième année et que Bellatrix s'était rendue compte qu'on ne pourrait pas lui cacher l'adolescente meurtrie et mal en point qu'elle était. Elle l'avait donc relâché, lui donnant de plus en plus de liberté. Bien sur, son père était toujours là, et les doloris restaient monnaie courante, mais il y avait du progrès, en comparaison aux journées entières cloitrée dans une chambre sombre à subir inlassablement les assauts de ceux qui avaient des griefs contre elle ou simplement s'ennuyaient. Petit à petit, alors qu'elle reprenait du poids et des couleurs, alors qu'elle apprenait à ne plus sursauter à chaque bruissement comme un petit animal effrayé, les deux cousins étaient devenus pratiquement inséparables, se comportant comme des jumeaux.

Haelya tiqua à cette idée. Jumeaux. Effy. Drago était-il au courant, avait-il croisé sa soeur ? A vivre au beau milieu du quartier général des Mangemorts, l'adolescent en avait apprit beaucoup. Beaucoup trop surement. Il connaissait peut-être même Elana... Haelya fut tiré de ses pensées par un mouvement, et alors qu'elle revenait à la réalité, se débattant tant bien que mal avec ses spéculations houleuses et sa nostalgie douloureuse, elle remarqua que Drago avait saisit ses doigts et embrassait à présent délicatement le dos de sa main. Mais avant qu'elle n'ai le temps d'esquisser une pseudo-révérence pour le remercier de sa galanterie, il leva son bras et d'un mouvement souple, il la fit tourner, comme pendant une valse. D'une manière tout aussi impromptue, il la fit alors basculer, et elle se retrouva cambrée, appuyée sur l'avant bras du jeune homme qui déclara :

- Vous m'avez manqué, Princesse Haelya. M'est avis qu'il va falloir rattraper le temps perdu !

Elle n'eut absolument rien le temps de faire, et déjà, Drago avait passé son bras sous ses jambes et l'avait soulevé comme si elle ne pesait rien. Elle sourit lorsqu'elle pensa que, décidément, c'était une manie que de la soulever ainsi comme une petite fille. Sans plus attendre, Drago se dirigea vers le tas de gravât et se mit à marcher dessus, ne prêtant absolument pas attention au danger potentiel. Se souvenant des circonstances de la scène, Haelya se souvint avoir entendu Miss Moor jeter un sort pour tenir quiconque éloigné... Le monticule de pierre avait donc du être stabilisé, si le bouclier n'était plus là. C'était donc relativement sécurisé, sauf pour le fait qu'elle constituait un changement majeur dans l'équilibre du garçon... Elle se concentra pour rester immobile, mais ne put retenir une large sourire lorsqu'il déclara, amusé :

- Quelle gentille attention d'avoir effondré les arcades.

Souvent, il s'était moqué de ses accès de colère, la comparant à Bellatrix, et même parfois au caractère capricieux et presque adolescent que pouvait adopter sa mère de temps à autre. Narcissa était boudeuse, surtout quand elle voulait quelque chose que Lucius lui refusait, et visiblement, Haelya avait tendance à faire la même chose... Sauf que cette acte là descendait plus de la folie de Bellatrix que de la candeur de Narcissa.

Elle sursauta presque lorsqu'il sauta sur une des arcades qu'elle avait épargné, et alors qu'il la reposait sur ses pieds, il ajouta :

- Il faudra les remercier.

Haelya arqua un sourcil, fixant automatiquement le profil de son cousin. Il regardait le parc, et en jetant un rapide coup d'œil, elle comprit pourquoi. La vue était belle, réellement, une épaisse lumière bleutée s'abattait nonchalamment sur le parc recouvert de neige. Mais, elle avait bien entendue... Il restait donc une seule personne dans l'école qui ignorait qui était responsable du massacre de la cour de récréation et il fallait que ça soit Drago, une des personne qui la connaissait le mieux. Ironie du sort. Un rire honnête et cristallin monta dans la gorge de la jeune femme et bientôt, elle ne put plus se retenir. Précautionneusement, du moins autant qu'elle le pouvait, elle se baissa et s'installa sur la pierre, laissant ses jambes battre dans le vide, alors qu'elle se calmait.

- Franchement, Drago... L'acte est signé, pourtant, tu devrais reconnaître le style, l'art...

Un sourire radieux se peignait sur son visage alors qu'elle se tenait les côtes, lutant d'une pierre deux coups contre le froid mordant de ce début soirée de février et contre la douleur du mini fou-rire qui l'avait secoué. Pour une fois, elle avait pensé à prendre une cape, cela devait être une première, et ce serait sans doute utile sous peu, compte tenu de la nuit qui tombait lentement sur le parc.

Comme il ne réagissait pas, elle ajouta, sans pour autant le regarder, soudainement trop absorbé par le parc :

- Disons que ma rencontre avec Sirius Black fut... explosive

" Et ridicule " pensa-t-elle, se souvenant qu'ils s'étaient mutuellement sautés à la gorge pour presque rien, pour des mots qu'ils ne pensaient pas, et pour une tradition qu'ils ne cautionnaient ni l'un ni l'autre. Un sourire un peu coupable prit doucement place sur les traits de poupée de la jeune Lestrange. Décidant qu'elle ne devait surtout pas se laisser abattre, elle releva finalement la tête vers son cousin, se reprenant :

- Je suis certaine que tu as tellement de chose à me raconter qu'on va y passer la nuit... je veux TOUT savoir... elle marqua une petite pause, puis reprit, arquant un sourcil, inquisitrice et un rien sardonique : comment va Pansy ?

- Franchement, Drago... L'acte est signé, pourtant, tu devrais reconnaître le style, l'art...

Ainsi, il avait vu juste quant à l'auteur de cette merveille architecturale. Mais Drago voulait entendre sa cousine expliquer l'incident.

- Disons que ma rencontre avec Sirius Black fut... explosive.

Un bref éclat de rire s'échappa de la gorge du Serpentard, suivit d'un soupir amusé. Haelya ne releva pas, et continua sur sa lancée.

- Je suis certaine que tu as tellement de chose à me raconter qu'on va y passer la nuit... je veux TOUT savoir... comment va Pansy ?

Pansy, tiens. Drago se serait plutôt attendu à ce qu'elle lui parle de Kaylen, sa tendre amie, disparue des hauts lieux de Poudlard sans la moindre explication. La jeune femme était parvenue à lui briser le coeur sans même prononcer un mot. Elle était simplement partie, laissant son petit ami et amant derrière elle sans qu'il s'y attende. Toutes ses tentatives pour la contacter s'étaient révélées vaines et Drago craignait le pire.

- Cela fait bien longtemps que je ne l'ai pas croisée à Poudlard. Je dirais qu'elle va et qu'elle vient. Mais si tu veux tout savoir, tu devrais plutôt demander à ta mère. Elle est très certainement plus au courant que moi.

Bellatrix, sa tante et la mère d'Haelya, la plus dévouée et la plus redoutable Mangemort que Drago ait jamais connue. Oui, si quelqu'un pouvait savoir ce que devenait Pansy, c'était elle.

- Mais ma chère tante n'est pas là pour nous raconter la vie passionnante de Pansy Parkinson, ironisa Drago, sarcastique, un rien acide. Alors je propose que tu me raconte la tienne, cousine !

il éclata de rire et Haelya suivit, heureuse de voir qu'ils allaient peut-être retrouver une constante dans leur relation. Ils avaient passé une bonne partie de l'été à se moquer de cette fille un peu lourde et pas franchement maligne qui, depuis sa première année, suivait Drago comme un sombral suit un morceau de viande. Personne ne connaissait réellement les motivations de Pansy, mais même si certains juraient qu'elle était réellement amoureuse du jeune homme qui se tenait à côté d'elle à cet instant, Haelya était persuadée que Parkinson ne le voulait que par pur intérêt. Elle était sans doute quelqu'un de vénal et calculateur, et Drago, en plus d'être beau, venait d'une famille très importante, et surtout très riche. Se moquer de quelqu'un comme Pansy était tout simplement trop facile.

- Cela fait bien longtemps que je ne l'ai pas croisée à Poudlard. Je dirais qu'elle va et qu'elle vient. Mais si tu veux tout savoir, tu devrais plutôt demander à ta mère. Elle est très certainement plus au courant que moi.

Haelya manqua de tiquer, jurant mentalement que ça n'arriverait pas. Elle évitait les contacts avec sa mère, et pourtant, il y en avait encore beaucoup trop à son gout. Ces derniers temps, elle cherchait même encore d'avantage la distance, consciente que si Bellatrix ou quelqu'un de haut placé au manoir apprenait pour Remus, Haelya aurait signé son acte de décès. Drago reprit, la tirant de ses pensées lugubres :

- Mais ma chère tante n'est pas là pour nous raconter la vie passionnante de Pansy Parkinson. Alors je propose que tu me raconte la tienne, cousine !

Elle n'aimait pas spécialement le ton de Drago, il semblait amère, las et distant, elle ne le connaissait pas ainsi. Bien sûr, Poudlard changeait tout le monde, mais tout de même. Elle regretta momentanément le jeune homme qu'elle avait connu l'été précédent, ses sourires et leurs rencontres maladroites. Ils avaient appris à se connaitre, à s'apprivoiser, et à présent, elle avait la désagréable impression de se retrouver face à un étranger.

Qu'à cela ne tienne, elle ferait des efforts. Elle avait tellement de chose à lui raconter, de craintes à partager... Il était un des seul à réellement comprendre ce qu'être un enfant de Mangemort influent signifiait.

- Mes fréquentations ne leurs plaisent pas.. Ils n'aiment pas que je traine avec Sirius, et ils me le font comprendre. Je n'ai pas hâte qu'il découvre que c'est loin d'être tout...

Elle releva la tête et adressa un sourire heureux à son cousin. Peu importe ce qu'elle risquait pour ça, elle était trop sur un petit nuage pour s'en préoccuper

- Je suis amoureuse, et c'est un Maraudeur... je vais me faire dépecer quand ils sauront, mais je m'en fous... je regrette juste de devoir lui faire du mal en Juin...

Elle baissa les yeux et son sourire retomba. Drago savait, pas besoin de développer. Drago savait qu'en Juin, quand elle rentrerait de Poudlard, elle se ferait tuer, parce qu'ils seraient tous lassés de son insubordination. Il savait aussi que ça la terrorisait. D'ailleurs, la peur revint. Pas celle de mourir, non, c'était différent à présent. Elle avait peur de blesser et de perdre Remus, de lui briser le coeur en annonçant qu'elle partait et ne reviendrait pas, et que sous aucun prétexte il ne devrait chercher à la venger, qu'elle refusait catégoriquement qu'il risque sa vie, et que c'était trop tard pour qu'elle ne puisse être sauver.

Assise sur les gravats, Haelya se mit à trembler.

- Mes fréquentations ne leurs plaisent pas.. Ils n'aiment pas que je traine avec Sirius, et ils me le font comprendre. Je n'ai pas hâte qu'il découvre que c'est loin d'être tout...

Drago ne dit rien. Il ne pouvait pas dire que savoir sa cousine amie avec l'un de ses pires ennemis le réjouissait. Mais il ne s'en formalisait pas. Il fronça néanmoins les sourcils. L'attitude d'Haelya le surprendrait toujours. Elle violait délibérément les lois des Mangemorts et se moquait littéralement des conséquences.

- Je suis amoureuse, et c'est un Maraudeur... je vais me faire dépecer quand ils sauront, mais je m'en fous... je regrette juste de devoir lui faire du mal en Juin...

Le sourire de sa cousine se fana. Drago posa sur elle un regard empli de tristesse. Ils savaient tous deux ce qui se produirait quand les vacances viendraient. Et ils savaient tous deux qu'ils n'y pouvaient strictement rien.
Haelya trembla. Le garçon se rapprocha d'elle, rapidement et agilement. Il s'accroupit et saisit une des mains de la jeune femme pour qu'elle se redresse en même temps que lui.
Quand ils furent debout, Drago ancra ses prunelles topazes dans celle de sa cousine et un fin sourire, sincère, étira ses lèvres. Il passa ses bras autour des épaules de la Serpentard et l'étreignit avec douceur.

- Ne t'en fais pas, Princesse. Tout se passera bien, susurra-t-il au creux de son oreille.

La banalité de ses paroles le frappa de plein fouet. Il avait dis cela naturellement, comme un grand frère rassure sa petite soeur, mais elles lui avaient semblé vides de sens.

- Tout se passera bien... répéta-t-il, impuissant face à la fatalité qui les étreignait.

Il voulait tellement, tellement, qu'Haelya soit heureuse ! Mais il était incapable de défaire ses peurs, de la rassurer. La disparition de Kaylen l'avait poussé à bout, il s'était renfermé sur lui même, avait revêtu une carapace de fer. Et aujourd'hui, il ne savait plus comment s'y prendre avec la jeune femme avec qui il avait passé l'été et qu'il prenait dans ses bras.

Elle ne reprit conscience du monde exterieur qu'au moment où Drago saisit ses mains. En un rien de temps, elle se retrouva debout, et bientôt, il l'enlaca, refermant autours d'elle un étau délicat mais ferme, présent, un contact avec la réalité dont elle avait plus que besoin. Et il le savait. Drago était sans doute la personne qui comprenait le mieux ce qu'elle vivait, et un lien s'était crée entre eux très vite. Si vite que cela avait inquiété la mère du jeune homme, elle avait cru à plus qu'un lien filial, à plus qu'une simple amitié. Qui aurait pu blamer Narcissa ? Ils avaient été inséparable pendant deux mois, et le jeune Malfoy traversait assez de galère quotidienne pour ne pas en plus s'enticher d'une fille comme elle, d'une fille qui le pousserait à sa perte.

Mais alors qu'il l'enlaçait, la forçant à se tenir droite, à relever la tête et à faire face, elle se sentait bien et trouvait les craintes de Narcissa infondées. Certes, ils ne s'étaient pas quittés de l'été, mais jamais il n'y avait eut plus qu'une relation fraternelle. Bien sûr, il y avait eut ces heures où, allongés dans le parc du manoir de ses parents, ils avaient tellement discuter qu'ils se connaissaient à présent presque par coeur, et bien sûr, il y avait eut cette tentative de baiser étouffée dans l'oeuf, mais rien de plus. Drago était beau, elle l'aimait énormément, mais ce n'était même pas comparable à ce qu'elle ressentait pour Remus. C'était de l'amour, sans majuscule, et elle avait une confiance aveugle en lui. Aussi, quand il murmura :

- Ne t'en fais pas, Princesse. Tout se passera bien. Tout se passera bien...

Et qu'elle sentit les mots au creux de son oreille, comme des caresses apaisantes, des souffles là pour rassurer, elle eut envie de le croire. Elle savait que tout ne se passerait pas "bien". Au contraire, même. Mais si Drago lui jurait qu'elle irait bien, alors elle voulait le croire. C'était peut-être stupide, mais elle savait qu'il ne voulait que son bien. Il était surement le seul, au manoir Malfoy, à s'occuper d'elle d'une manière totalement désintéressée, mais c'était bien suffisant.

Elle resserra son étreinte autours de lui, calant sa tête contre son épaule et se laissant aller contre son confident, son cousin, son meilleur ami, en quelque sorte. Elle avait peur, froid, elle était fatiguée, elle avait envie de pleurer, de hurler, et il était la seule personne à savoir et à comprendre. Il était son allié, même s'il ne pouvait pas l'aider.

Il y avait juste un petit détail qui lui faisait plus mal que les autres. Une broutille, vraiment...

Elle avait vu le visage de son assassin, et même si ce n'était qu'un rêve, elle sentait que ça allait se produire, qu'il y serait contraint et forcé.

- Je crois qu'ils veulent te donner une chance de te rattraper, après le fiasco Dumbledore...

Elle s'étrangla, n'ayant même pas la force de faire sortir les mots qui suivaient. Ils forceraient sans doute Drago à la tuer, et en un sens, cela semblait logique. De toute façon, elle savait que ce serait un des adolescents qui l'achèverait. Lui, Elana, Effy, Regulus ou Owen... Dans son cauchemar le plus récent, c'était la baguette de son cher cousin qui s'abattait sur elle, et elle n'avait même plus peur.