Pour une soirée tranquille. [Thalie&Roxy]

Elle m'avait gentiment suivi dans les couloirs. Nos pas résonnaient entre les murs du château, malgré le fait que nous tentions de rester le plus discrètes possible. On passa quelques étages sans problèmes, malheureusement, il fallut qu'un étrange bruit retentisse dans les couloirs. Je sentis Thalie lâcher ma main et rester planter là. Je continuais à avancer, sans me soucier d'elle, elle me rejoignerait bien vite.

Elle avait eu de la chance d'être tombée sur moi, j'allais ainsi pouvoir lui raconter tout ce que je savais sur Poudlard, c'est à dire, vraiment beaucoup, beaucoup, de choses. Elle revint à ma hauteur. Elle était crispée, preuve de son stress imminent. Heureusement pour elle, nous étions arrivées. Elle se saisi de mon bras en me disant d'arrêter la MagicCoke. Je ne répondis rien à part un éclat de rire. Je me détachais d'elle et passait 3 fois devant le mur. Il laisse enfin apparaître une porte gigantesque et magnifique. Je l'ouvris puis, je fis une révérence à la Serpentarde tout en souriant.

Si j'en avais des autres? Oh que oui, tellement! Ce château était pleins de surprises, entre les pièces secrètes, les raccourcis, Thalie avait pleins de choses à découvrir. Je m'installais dans un des sièges. Etrangement, je n'étais pas fatiguée, et puis, au pire, nous étions samedi, je n'avais donc pas à m'y faire. J'eus un petit sourire désabusé à l'entendre. Elle, une véritable Serpentarde? Mouais. Je l'aurais quand même mieux vu à Poufsouffle. Et moi, pourquoi Gryffondor? Tout pleins de choses.

J'avais parlé d'une voix triste. Je n'aimais pas en parler. Je détestais ça, même. Parfois, je me dis que si j'avais été à Serpentard, Dominique ne m'aurait pas choisi en tant que modèle et ainsi, je n'aurais pas eu à supporter les regards lours de reproches de ma tante Fleur. Mon Oncle Bill m'adorait, réciproquement, mais ma tante... Elle me haissait, pour je ne sais quelle raison.

Elle avait raison...J'étais envahie par mon passé. J'avais peur de ma famille, à chaque nouvelle rencontre avec eux, j'avais peur de ce que j'allais entendre, de ce qu'ils allaient dire. Au fond, je n'étais pas si courageuse que ça. J'étais une véritable trouillarde. Avec eux. Je n'osais pas leur répondre, je tenais bien trop à certaines personnes de ma famille pour ça. Au fond, je les aimais vraiment. Et je ne voyais pas ma vie sans eux. Cela me paraissait totalement improbable. J'avais besoin d'eux pour vivre, malgré tout.

Je serais ravie de lui servir de guide, de pouvoir passer plus de temps avec elle. J'étais contente, heureuse même, de l'avoir rencontrée, même si, au début, nous n'étions pas réellement parties sur de bonnes bases. Et oui, j'allais bien. Parce qu'elle était là. Qui était cette fille? Je me mis à la regarder, en souriant.

Qu'est ce qui me reliait ainsi à elle? Elle était mon opposé exacte. Elle était douce, gentille, naïve. Tout le contraire de moi. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de vouloir rester auprès de ce petit bout de femme, comme si nous nous ressemblions autant que nous étions de parfaits contraires. Etrangement, je voulais apprendre à la connaître. Savoir pour quelles raisons elle était nouvelle, si elle s'entendait bien avec sa famille, ses passions, ses peurs. Je voulais tout savoir d'elle. De A à Z. Du début à la fin.

Qui j'étais? Drôle de question. Et ce gros truc en bois? Ma guitare. Mon instrument. Peu pratique puisqu'elle n'était pas de la dernière mode mais plutôt assez vieille mais elle contentait en attendant celle de mon ami moldu.

Je poussais un soupir. J'avais envie de me confier mais en même temps, je ne la connaissais que depuis ce week-end. Je la regardais toujours, me mordillant les lèvres. Que devais-je faire? Je décidais d'être franche, avec elle. Elle le méritait, et je ne voulais pas lui cacher des choses, même si mon instint me disait que je pouvais lui faire confiance.

Ce n'était évidemment pas contre elle. Non, c'était moi. Les mots voulaient sortir mais je n'arrivais à prononcer aucuns sons. J'eus un petit sourire triste. Je lui aurais bien déballer ma vie là tout de suite, mais j'en étais bien incapable. Elle me demanda, enfin demander, c'était surtout une question rhétorique.

- Tu es de sang-pur, n'est ce pas?

Elle était triste, sans savoir pourquoi, cela me parvenait. Je soufflais un bon coup. Qu'est ce qu'il m'arrivait? Je n'avais jamais été touché par une personne jusqu'à ce jour. Elle se leva et alla jusqu'à ma guitare. Elle la touchait doucement, comme si elle avait deviné à quel point cet objet m'était important. Ma guitare était mon seul moyen d'évasion. J'aimais chanté et joué. Ma passion. Je m'approchais, je me mis derrière elle. Je fis passer la guitare au dessus de Thalie et m'assit sur un des fauteuils.

Je me mis à jouer et à chanter. J'étais dans mon monde.

Je ne compris plus rien lorsque Thalie s'en alla en larmes. Qu'est ce que j'avais fait? Merde, je pouvais pas passer une soirée avec quelqu'un sans faire de bourde? Un peu plus, et je me serais tapée la tête contre le mur tellement que je me sentais conne. Je reposais la guitare et sortit en courant de la salle. Je devais la retrouver, il fallait que je comprenne! J'aurais été capable de faire le tour du château mais grâce à ma connaissance de celui-ci et de ses passages secrets, je pus le faire assez vite. Je n'hésitais pas à réveiller les tableaux pour leur demander si ils n'avaient pas vu Thalie. Ils ronchonnaient mais, j'avais les larmes aux yeux et lorsqu'ils le remarquèrent, ils voulurent bien m'aider. Ils m'indiquèrent la direction de la salle sur demande disant qu'elle ne s'était pas arrêtée. Je courus dans cette direction sans même prendre le temps de les remercier. Et je la vis. Je l'attrapais par le poignet, à deux doigts de la serrer contre moi. Je ne fis pas attention à sa phrase. Je me fichais de son air glacial, je savais qu'elle ressentait tout autre chose.

Elle me demanda de la lâcher, et je le fis. J'avais étrangement mal au coeur, du coup, je ne cherchais pas à la retenir. Si elle voulait partir, qu'elle le fasse. Je serais juste déçue une nouvelle fois. Je ne répondis à sa réponse. Je ne voyais pas quoi dire. Il n'y avait rien à dire. Je me retournais, et me mit à marcher à travers les dédalles des couloirs. Puis, je m'arrêtais devant la porte de la salle sur demande. Moi, je devais absolument y retourner, récupérée ma guitare. Mais, elle, voulait-elle me suivre à nouveau? J'espérais vraiment. Ce petit bout de femme était intriguante, bouleversante. Je ne savais pas où tout ça allait nous mener, mais je voulais tenter. Voir. Prendre des risques.

J'avais parlé d'une voix indifférente, mais je me doutais bien que je ne l'avais pas si bien contrôlée que ça, et je savais que l'émotion y perçait.

Je ne pus m'empêcher de frissonner lorsqu'elle me toucha. J'essayais tout de même de garder un minimum de sang-froid. Cependant, lorsque je la vis partir, j'eus les larmes aux yeux. Ca m'apprendra à m'attacher aussi vite. Quand elle fut totalement disparue, je laissais mes larmes glisser et rentrais dans la salle. J'étais totalement perdue. Je ne comprenais rien. Rien du tout. Je m'assis dans un des canapés, essayant de me contrôler au mieux. Malheureusement, je ne pus y arriver. J'étais en colère. Contre elle, contre moi. Contre nous. Contre ma vie. Je balançais un des oreillers. Puis, je me levais ce fut tout qu'ils me tombaient à porter de main.

Je cassais plusieurs vases, plusieurs décorations, lançais des coussins. Et je m'effondrais. Par terre, seule. Seule, comme toujours. Mon regard coula sur ma guitare. Le seul objet que je n'avais pas touché. Je la pris, après m'être levé avec difficulté. Je m'assis sur un des fauteuils et commençais à chanter, des trémolos faisaient des fausses notes à cause des sanglots qui me traversaient de part en part.

- If I was drowning in the sea
Would you dive right in and save me?

If I was falling like a star

Would you be right there to catch me?

If I was dreaming of your kiss
Would you look right through me?

Et je m'endormis, épuisée. De toutes ces émotions qui m'avaient traversé en si peu de temps.

J'étais mal, très mal. Je sentais bien les regards pesant de certains de mes amis. Faut dire que j'étais dans un état plutôt pitoyable. Mes cheveux étaient mal coiffés, je n'étais que très peu maquillée, des cernes sous les yeux. Le top. J'étais épuisée, j'avais dormi que très peu et je n'avais pas vraiment eu le temps de me préparer puisque j'étais rentrée peu de temps avant que mes colocataires de dortoir se réveillent. Et puis, je la vis. Elle n'avait pas l'air dans un meilleur état que moi, mais elle n'avait que peu de cernes sous les yeux, preuve qu'elle avait plus dormi que moi. J'avais pris peur ce matin, en me réveillant dans la salle commune. Tout était en bordel, et je me demandais ce qu'il s'était passé jusqu'à que tout me revienne en mémoire. Je fis une grimace à ce souvenir. Thalie passa tout près de moi, sa main me frôlant le ventre. Sa phrase ne fut qu'un murmure mais je l'entendis parfaitement. J'allais m'asseoir à ma table après avoir réussi à descendre jusqu'à dans la grande salle. Je n'avais pas faim. Je repoussais mes couverts avec une moue dégoutée. Je sentis plusieurs regards d'inquiétude sur moi, mais je m'en fichais. Je me levais et sortit de la salle. Tout ce monde, elle qui me regardait, c'était bien trop. Je m'effondrais tout contre un mur après avoir parcouru plusieurs étages. Je plaçais ma tête entre mes jambes, étant à deux doigts de l'évanouissement.

Je n'en pouvais plus. Je me sentais mal, tellement. J'arrivais presque plus à respirer à force de pleurer. Cette nuit passée à rien dormir, tout mes sentiments qui se mélangeaient... Que me prenait-il? Je n'étais pas une de ces pitoyables filles qui pleuraient pour un oui ou pour un non. Non, j'étais bien plus que ça, plus forte que ça. Je tentais vainement de me calmer quand je sentis quelqu'un m'enlacer. Thalie... Rien que sa présence calma mes pleurs, et petit à petit, je réussis à me calmer. Je me détachais d'elle, me relevais et essuyais mes larmes. Même si je serais bien restée dans ses bras, je ne pouvais me le permettre. Il fallait que je me détache, que je m'en aille, que je l'oublie, elle et tout ce qu'on avait vécu en si peu de temps. Mais, je ne me sentais pas capable de faire ça. Elle était magnifique, même ainsi, en larmes, les cheveux partant n'importe comment, la tenue débraillée.

Lorsque je la vis s'effondrer, je crus mourir. Je m'en voulais, je n'avais pas le droit de lui faire ça. J'aurais pas du la rencontrer. Elle méritait bien mieux que moi. Beaucoup mieux. Elle avait pas besoin d'une fille comme moi. Aussi méchante, sarcastique, fausse, colérique, bornée, idiote... Je m'agenouillais face à elle, la serrant contre moi. Je la berçais. Qu'elle arrête de pleurer, par pitié. Je n'aimais pas la voir mal, encore moins à cause de moi.

Je souffla ma dernière phrase dans un murmure bien consciente que j'empirais les choses. Mais peut-être étais-ça, la solution? Faire qu'elle me haississe...

Je suis désolée... Je l'étais, vraiment. Mais, à quoi cela allait-il nous mener? Oui, j'étais une Gryffondor, une courageuse. Mais pas pour les histoires de coeur, d'amour. Pour ça, j'étais une nulle, une faible. J'avais bien trop peur de ça, de l'inconnu. Mon Oncle Ron avait raison, je ne méritais pas mon titre de Gryffondor. Même pas celle de Serpentarde. Je n'avais ma place nulle part. Encore moins à Poudlard. Il fallait que je me reprenne. Au plus vite. Je me relevais, blessée, anéantie, un coeur mort dans la poitrine. J'essuyais mes larmes, prenait une grande respiration, remettais un peu d'ordre dans mes habits, mes cheveux et mes idées, puis je me dirigeais vers la salle commune. Mais, alors que j'étais devant le portrait de la Grosse Dame, je fis brusquement demi-tour. Sans savoir contrôler mes pas, je me retrouvais devant l'entrée de la Salle sur Demande. Je n'eus même pas à passer trois fois devant le mur, une porte y était déjà. Inconsciente, j'y entrais. Elle était là. Qu'avais-je fait à Merlin, nom d'un chien? J'essayais de l'éviter et au contraire, j'allais là où elle était. Comme une conne que j'étais. Je détournais les yeux. Et allais m'asseoir sur l'un des fauteuils. J'étais extrémement gênée, et la tension de notre silence était palpable. Qu'est ce que j'étais conne.