Le froid et le chaud; Holly-Rose & Tucker.

_____Holly-Rose avait été assise dans un couloir, son habituel carnet dans les mains, lisant encore et toujours les notes faites par son père sur les Mangemorts. Plus elle creusait, plus elle avait l'impression de reculer, et elle haïssait ce sentiment, proche de l'impuissance. C'était comme regarder les gens agir sans pouvoir intervenir, et jour après jour elle se sentait perdue dans un brouillard d'informations toutes plus déroutantes les unes que les autres.

Aux yeux de tous, elle devait sans doute passer pour une espèce d'illuminée, une fille un peu timbrée, sincèrement singulière, qui non contente de fuir la foule du Grand Hall passait le plus clair de son temps à lire et écrire dans son carnet recouvert de cuir noir et usé. A plusieurs reprises, elle avait entendu des groupes de filles glousser quand elles passaient près d'elle, murmurant derrière leurs mains : " Elle doit écrire ses mémoires, comme si ça intéressait quelqu'un ".

Les commentaires la blessaient, un peu. Mais pas tant que ça en fait. Elle passait outre. Elle ne se souciait pas vraiment des gens parce qu'elle n'avait jamais vécu avec eux. Et puis, de toute façon, elle avait un but, un objectif : trouver Greyback. Le reste attendrait, le reste ne comptait pas réellement.

Un bruit retentit au bout du couloir et alors qu'elle relevait la tête, elle reconnu des pas. Des pas relativement pressés. Elle fronça les sourcils et referma son carnet, se levant silencieusement et avançant jusqu'à l'intersection d'où provenait la nuisance. Il y avait un garçon. Plutôt grand, et visiblement à l'aise dans ses gestes, il avançait vers une porte dont elle n'avait pas remarqué l'existence, recouverte d'un tableau qui ressemblait à une nature morte.

Inintéressante, en clair. Elle avait mieux à faire que de se soucier des faits et gestes de chacun de ses camarades... Mais il se retourna avant qu'elle n'ai fait demi-tour, avant qu'elle n'ai rejoint sa place précédente, plus loin dans le couloir. Il la fixa pendant un instant avant de déclarer :

- Bien le bonjour, très chère demoiselle. Je me nomme Tucker. Tucker Donovan. Et... Vous êtes ?

Elle ne prêta pas attention à son sourire en coin, trop surprise par le ton formel de ses paroles. Il la vouvoyait, mais était clairement trop jeune pour être un professeur... Ses traits étaient ceux d'un adolescent. Un adolescent plutôt attirant, à vrai dire, mais elle ne releva pas plus que ça, plus occupée à tenter de définir si elle devait rendre la marque de politesse... Dans le doute, elle décida d'esquiver :

- Holly-Rose Belikov... déclara-t-elle alors d'un ton évasif.

Puis, elle fit volte-face, le laissant en plan. Ou plutôt, le laissant vaquer à ses propres occupations pendant qu'elle retournait à ce qu'elle avait à faire... C'était sans compter sur sa curiosité. Elle avait passé le coin, se rendant invisible à la vue du jeune homme quand elle demanda :

- Il y a quoi, derrière cette porte ?

Elle avait l'impression que le mot "fouineuse" était soudain inscrit sur son front, sous sa frange châtain. Elle haussa les épaules, pour elle même. Tant pis, qu'il pense comme bon lui semble. Et qu'ils en fassent tous de même, elle n'en était plus à ça près.

_____Il fallut un certain temps avec qu'une réponse ne se fasse entendre. Près d'une minute passa sans qu'aucun son ne s'élève dans le couloirs, et elle savait qu'il devait surement fixer l'espace vide à la recherche de son interlocuteur. Puis soudain, il répondit, d'une voix d'abord assez mal assurée mais qui prenait de la puissance au fur et à mesure que les mots sortaient :

- Il y a des tonnes de choses derrière cette porte, tout cela dépend ce que tu aimes, Holly-Rose. Mais si tu tiens vraiment à le savoir, montre toi, et suis-moi, je te montrerais. Sinon, bonne journée.

Elle réfléchit pendant un instant. Elle ne le connaissait pas, mais il n'avait pas l'air bien méchant, alors tant qu'à faire, si pour une fois elle évitait de rester seule, en compagnie de son calepin, et de passer pour un rat de bibliothèque mal dégrossit, ce n'était pas plus mal, après tout. Elle fit demi-tour, faisant crisser ses ballerines sur le sol en pierre, et dans le mouvement, sa jupe tournoya un peu. Elle n'aimait pas spécialement les uniformes de Poudlard, elle était tellement plus à l'aise en jeans et en t-shirt, habituée à aller marcher pendant des heures pour ne pas devoir supporter sa mère et ses instincts de couveuse.

Elle avança doucement vers le couloir où Tucker se trouvait, et remarqua qu'à nouveau il marchait vers la nature morte, semblant ignorer totalement les bruits de pas qui s'élevaient derrière lui. D'une voix un peu arrogante, elle demanda alors :

- Et par exemple, que pourrait-on trouver qui soit à mon gout derrière cette porte, Tucker ?

A vrai dire, c'était juste un moyen un peu malin de réitérer sa question, n'ayant réellement aucune idée de ce qu'elle trouverait derrière le pan de bois. Elle remarqua qu'une fois de plus, elle avait soigneusement éviter d'employer un pronom, ne sachant toujours pas si elle devant le vouvoyer ou le tutoyer. C'était étrange, parce qu'elle était presque persuadée qu'il s'agissait d'un élève...

_____Il soupira et se retourna vers elle. Quoi, il était déjà agacé de sa présence ? Et bien, l'invitation n'avait pas mis long feu à se dissiper, dit donc. Il fronça les sourcils pendant un instant et elle n'eut pas le temps de savoir ce qu'il avait derrière la tête que déjà, il déclarait :

- Derrière ce tableau, il y a mille et une merveilles, que seul moi peut ouvrir. Tout dépend ce que tu aimes ma très chère Holly-Rose, je te l'ai déjà dis, mais... Je pense que tu es plus du genre...

Holly-Rose se retint de lever les yeux au plafond. Il était pompeux, c'était indéniable. Il avait un mot de passe pour une porte dont elle ignorait l'existence jusqu'à cinq minutes auparavant, et alors ? Pas besoin d'en faire une histoire... Il reprit et elle se figea :

- Loup.

Pourquoi diable parlait-il de Loup ? Il ne pouvait décemment pas avoir deviné, c'était tout bonnement impossible. Elle garda un visage impassible, chassant le choc du mot qu'il venait de prononcé alors qu'il continuait à parler :

- Tu n'as pas à te méfier de moi. Ton secret ne sera pas divulgué, mais tu m'excuseras, je commence vraiment à avoir faim, donc si tu tiens à continuer cette passionnante conversation avec moi, tu n'as qu'à me suivre.

Elle était sonnée, et encore le mot était faible. Elle démentirait, bien entendu, mais comment diable avait-il pu deviner ça ? C'était surréaliste, parce qu'elle même avait du mal à reconnaitre ses semblables... Et puis il parlait de nourriture, cela n'avait pas de sens. Qu'est-ce que cette porte pouvait bien cacher ? Elle le saurait rapidement de toute façon, puisqu'il s'avançait vers le tableau...

- Chaussettes aux chocolats.

La porte s'ouvrit alors qu'Holly-Rose fronçait les sourcils. Puis son expression se fit plus surprise. Devant elle, il y avait des elfes. Beaucoup, partout, affairés à cuisiner, courant dans tous les sens les bras chargés de plats... Les cuisines de Poudlard, évidemment.

Tucker entra dans la salle et elle le suivit, un peu hésitante.

- Tu es certain d'avoir le droit d'être ici ? demanda-t-elle, un rien craintive.

Elle ne voulait pas d'ennuis, pas quand Miss Moor lui faisait suffisamment confiance pour l'accepter dans son école en connaissance de cause... Mais elle entra tout de même, jetant un coup d'œil dans le couloir et tirant la porte derrière elle.

Elle ne savait même plus où regarder, il y en avait tellement que cela lui donnait mal au crane. Cette agitation, ce bruit, les odeurs de nourriture et la chaleur infernale, c'était juste... trop. Elle se sentait soudain comme Alice, perdu au milieu du Thé délirant imaginé par le moldu Lewis Carroll... Il ne manquait plus que le Lapin Pressé, puisqu'elle avait déjà le chapelier.

D'ailleurs, Tucker la regardait, sans doute amusé par ses airs de petites filles.

Tucker rentra dans la vaste cuisine de Poudlard, aussi grande que la Grande Salle, qui se situait d'ailleurs juste au dessus. Devant lui, des centaines d'elfes de maison qui semblait s'acérer à préparer encore et toujours des nouveaux plats. Il entendit Holly-Rose, le suivre, assez hésitante :

- Tu es certain d'avoir le droit d'être ici ? demanda-t-elle, un rien craintive.

Tucker se retourna sur Holly-Rose, un sourire confiant perché sur ses lèvres. La jeune Gryffondor semblait ne pas être rassurée, et voir tous ses elfes de maisons préparer le repas si fastidieux qu'elle mange tous les jours, provoqua en la jeune fille une drôle de réaction. Elle semblait perdue, voir craintif. Elle avait un petit d'air d'innocence, qui démontrait bien ce que Tucker pensait depuis tout-à-l'heure, c'est une louve qui n'a pas choisit son destin. Il la regarda, un sourire au coin des lèvres en voyant ses yeux pétiller, comme si elle venait de rencontrer Merlin.

Alors qu'il allait reprendre la parole, un elfe de maison sauta sur Tucker, et sembla ravi de le revoir : Il s'agissait de Dumky, un elfe de maison qu'il avait libéré lors de son voyage en Écosse. Depuis, Dumky le suivait partout, et le considérait comme son nouveau maitre, au plus grand malheur de Tucker, qui ne voulait avoir aucune possession ou aucune attache. Il était, pourtant, déjà bien attaché à Dumky, avec qui il avait parcourut presque toute l'Angleterre, à la recherche de l'assassin de sa mère adoptif.

- Monsieur Donovan ! Monsieur Donovan ! Oh ! Dumky est tellement contente de vous revoir ! Cela faisait quelques jours que Dumky ne vous avez pas vu, Dumky était inquiète, monsieur.

Dumky serra d'avantage les jambes de Tucker, qui étaient prises en otages par des petits bras, tout fin et très maigre. Puis, Dumky se retourna vers Holly-Rose et la regarda quelques secondes avec de grand yeux pétillants :

- Monsieur Tucker Donovan, vous nous avez ramenez une amie à vous !

Dumky s'inclina légèrement devant Holly-Rose, puis reporta son attention sur des plats chauds qui étaient en train de cuir. Elle semblait réfléchir, ce qui permit à Tucker de prendre la parole :

- Je pense que tu as compris où nous étions : Les cuisines de Poudlard. Magnifique endroit pour pouvoir manger tranquillement et en de bonnes compagnies ! Lâcha-t-il en regardant brièvement Dumky. J'espère que tu as faim, car moi je meurs de faim et je compte bien manger !

Ainsi dit, ainsi fait, Tucker se dirigea vers Dumky, qui, comprit directement ce que Tucker faisait ici. Cette dernière fit apparaître une petite table pour son maître et installa deux chaises, face à face. Le Serpentard n'hésita pas une seule seconde, et se plaça sur une des chaises. Patient, il regarda Holly-Rose. Aurait-elle le courage de s'assoir avec lui ?

_____Il se retourna vers elle, s'appretant surement à lui dire qu'il savait ce qu'il faisait et qu'elle pouvait toujours partir si elle avait peur de s'attirer des ennuis mais il fut interrompue par... un elfe. Une Elfe, en fait. Une petite créature famélique et faible d'apparence qui pourtant semblait déborder d'energie et surtout d'admiration pour le Serpentard.

Comme une gosse avec son père, l'Efle passa ses bras autours des jambes de Tucker et d'une voix suraigue qui perçait à travers le brouhaha des cuisines, elle déclara :

- Monsieur Donovan ! Monsieur Donovan ! Oh ! Dumky est tellement contente de vous revoir ! Cela faisait quelques jours que Dumky ne vous avez pas vu, Dumky était inquiète, monsieur.

Puis Dumky -puisque cela semblait être son nom- se retourna légèrement vers Holly-Rose et avant d'exécuter une courbette, déclara :

- Monsieur Tucker Donovan, vous nous avez ramenez une amie à vous !

L'elfe sembla les oublier pendant un temps, regardant autours d'elle et se fut Tucker qui prit la parole, son timbre grave et sérieux se distinguant moins dans les bruits de casseroles et le ronflement des fourneaux, mais restant tout de même compréhensible :

- Je pense que tu as compris où nous étions : Les cuisines de Poudlard. Magnifique endroit pour pouvoir manger tranquillement et en de bonnes compagnies ! J'espère que tu as faim, car moi je meurs de faim et je compte bien manger !

Une table apparue soudain, sortie de nulle part, et accompagnée de deux chaises. Au milieu des cuisines de Poudlard, il y avait à présent... une table. Holly-Rose jeta un regard septique autours d'elle... il abusait un peu, non ? Certes, la petite elfe semblait ravie de travailler pour lui mais tout de même, ils allaient les dérangés... Ou pas, en fait. Les petites créatures, toutes autant qu'elles soient, étaient au comble de la joie et de l'excitation, si bien que cela gêna un peu la Gryffondor.

La jeune Louve venait d'une famille modeste, il n'y avait pas de serviteur chez elle, on lui avait appris à faire elle même les corvées et cela lui avait toujours semblé normale... Tucker avait pris place à la table, et elle ne savait pas trop si elle devait le suivre ou pas. En fait, la situation entière la mettait mal à l'aise, et c'était surement visible.

Sauf que cela ne lui plaisait absolument pas. Relevant le menton, elle prit une profonde inspiration et remonta sa confiance, avant d'aller s'installer en face du jeune homme. Non, elle ne se laissait pas souvent intimider, c'était une de ses marques de fabrique. Elle n'avait pas froid aux yeux, ou alors, que très rarement, et ce n'était pas une armée d'elfe de maison qui allait la laissait sur le carreau.

- Donc, tu as un elfe... Ça doit être pratique, j'imagine... remarqua-t-elle en fixant Tucker, un sourire assuré aux lèvres.

Tucker se retourna vers Holly-Rose, attendant avec patience qu'elle le rejoigne. Elle semblait réellement gênée et ne se sentait pas du tout à sa place. De toute manière, qui se sentirait à sa place au milieu d'une centaines d'elfes qui s'activaient ardemment pour faire la cuisine. Attendant que Holly-Rose le rejoigne, il se concentra sur Dumky; Ces derniers temps, elle semblait allée mieux, et avait l'air heureuse, presque comblée dans les cuisines de Poudlard, et c'est tout ce qui suffisait à Tucker pour que lui-même soit heureux. Après tout, Dumky en avait tellement bavé, au cours de ses dernières années, qu'il était enfin normal qu'elle se sente apaisé et d'humeur joyeuse à Poudlard.

Le Serpentard fut sortit de ses pensées par Holly-Rose, qui se plaça en face de lui, apparemment décidé à manger avec lui. Ou du moins parler avec lui. Tucker lui adressa un léger sourire et voyant qu'elle avait quelque chose à dire, porta son regard noir sur elle :

- Donc, tu as un elfe... Ça doit être pratique, j'imagine... remarqua-t-elle en fixant Tucker, un sourire assuré aux lèvres.

Le vert et argent fronça les sourcils. Non, il n'avait pas d'elfes, du moins, pas à sa connaissance. Réfléchissant légèrement, Dumky arriva les mains et les bras remplis de bonnes choses à manger : Du poulet, des frites, de la viande rouge, des pâtes, des haricots verts, de la sauce... Tucker l'aida à prendre les plats qu'elle avait sur les bras, et les disposa sur la table. Dumky leur avait apporté beaucoup trop de plats, et il était certain qu'ils ne pourraient pas manger tout ça.

- Je crois Dumky que nous n'aurons pas besoin d'autant de choses ! Mademoiselle Holly-Rose va choisir le plat qu'elle préfère, puis j'en ferais de même et je t'aiderais à ramener tout ça sur les plans de travail de la cuisine.

Dumky ouvra grand les yeux, comme si on l'avait offensé, puis s'offusqua :

- Ah non monsieur ! Je refuse que vous fassiez mon travail ! Dumky refuse que vous vous leviez !

Tucker leva un sourcil, ne comprenant, décidément pas le comportement si étrange des elfes de maisons. Puis, ne préférant pas y penser, il secoua la tête et rapporta son attention sur Holly-Rose. Tucker lui adressa un léger signe de tête afin qu'elle choisisse son repas, mais voyant l'air sérieux qu'elle prenait, le Serpentard comprit qu'il serait bon pour lui de vite répondre à sa question :

- Non, je n'ai pas d'elfe de maison. J'ai sauvé Dumky, il y a deux ans, lorsque j'étais en Écosse. Depuis, elle me suit partout, et ne veut pas se séparer de moi. Je me suis attaché à elle et ne la considère vraiment pas comme une elfe de maison, mais comme une personne. Au départ, je refusais qu'elle aille dans les cuisines de Poudlard, mais c'est elle qui a insisté pour y aller. Depuis, elle est vraiment épanouie, et je vais souvent la voir. Il m'arrive de manger en sa compagnie. Dumky est libre, mais ne veut pas se séparer de moi.

Tucker adressa un sourire à Holly-Rose, et lui refit un signe de tête afin qu'elle choisisse un plat qui lui était proposé.

Elle attendait une réponse quand soudain, la table croula sous les plats. Elle regarda la petite elfe déposer de plus en plus de récipient devant eux, et alors que Tucker l'aidait, elle se demanda comment diable la créature avait pu penser qu'ils mangeraient tant... L'intention était sans doute gentille, mais c'était trop d'effort... Tant qu'à nouveau, Holly-Rose se sentit un peu embarrassée, elle n'avait pas l'habitude d'être servit.

- Je crois Dumky que nous n'aurons pas besoin d'autant de choses ! Mademoiselle Holly-Rose va choisir le plat qu'elle préfère, puis j'en ferais de même et je t'aiderais à ramener tout ça sur les plans de travail de la cuisine.

La réaction ne se fit pas attendre. Elle avait beau ne pas posseder d'elfe de maison, elle savait très bien qu'ils étaient fière et loyaux et qu'ils ne supportaient pas que leurs maîtres travaillent quand la tâche leurs incombaient. Aussi, Dumky déclara, sur un ton choqué :

- Ah non monsieur ! Je refuse que vous fassiez mon travail ! Dumky refuse que vous vous leviez !

Tucker n'insista pas, se contentant de paraître septique, puis il fit signe à Holly-Rose de se servir alors qu'il répondait à sa question :

- Non, je n'ai pas d'elfe de maison. J'ai sauvé Dumky, il y a deux ans, lorsque j'étais en Écosse. Depuis, elle me suit partout, et ne veut pas se séparer de moi. Je me suis attaché à elle et ne la considère vraiment pas comme une elfe de maison, mais comme une personne. Au départ, je refusais qu'elle aille dans les cuisines de Poudlard, mais c'est elle qui a insisté pour y aller. Depuis, elle est vraiment épanouie, et je vais souvent la voir. Il m'arrive de manger en sa compagnie. Dumky est libre, mais ne veut pas se séparer de moi.

Pour un peu, elle aurait été... touchée. Sauf que non, il en fallait plus qu'un sauvetage d'elfe pour l'atteindre. Après tout, c'était une créature, et le fait qu'un sorcier la traite correctement ne faisait pas des humains une race louable. Bien sur, de l'extérieur, son raisonnement semblait amère, puisque la plupart des gens pensaient qu'elle s'incluait dans le lot, mais non, elle était de l'autre côté, avec les créatures. Avec les hybrides que l'on considère comme une race inférieure, des êtres stupides.

D'un coup elle n'eut plus faim, et comme le regard du jeune homme se faisait insistant, elle déclara simplement :

- En fait, j'ai déjà mangé...

Ce qui n'était pas exactement un mensonge. Elle avait mangé oui, à la bibliothèque, un sandwich avalé en deux minutes. Elle n'aurait pas craché sur un plat cuisiné en tant normal, mais le simple fait de voir tous ces elfes de maison travailler pour des gamins irrespectueux qui ignoraient tout de leurs conditions et pensaient la nourriture délicieuse qu'ils recevaient chaque jours, dues, elle avait une boule dans la gorge.

Elle afficha un sourire désolé à l'intention de Tucker mais ne dit rien de plus. Intérieurement, elle était tiraillée entre l'envie de partir et celle de lancer une mutinerie au milieu des créatures asservies.

Tucker attendit patiemment que Holly-Rose choisisse un plat que Dumky - et d'autres elfes de maisons - leurs avaient préparés, quand celle-ci fit une grimace et déclara :

- En fait, j'ai déjà mangé...

Tucker l'observa quelques secondes, et la réaction ne se fit pas attendre, Holly-Rose lui adressa un sourire désolé, comme il s'y attendait si bien. Il lui fit un signe de main, la rassurant sans paroles, après tout, si elle n'avait pas faim, Tucker n'allait pas la forcer. Mais celui-ci se demandait si c'était vraiment la raison pour laquelle elle ne mangeait pas. Peut-être avait-elle simplement envie de ne pas manger en la compagnie de Tucker ? Ou peut-être parce qu'elle se sentait gênée de manger avec tous ces êtres de maisons à ses côtés - ce qui semblerait dans un sens, normal - ? Tucker fronça d'avantage les sourcils, puis finit par lever les yeux au ciel, agacé par le fait de se poser des questions sur Holly-Rose.

- Ah... Les loups... Marmonna-t-il tout en se levant.

Il ne jeta pas un coup d'œil à Holly-Rose, mais il sentit que celle-ci était plus tendue que d'habitude. Il ne porta pas tout de suite attention à elle, et se contenta pour l'instant de ramener les plats, qu'il ne mangerait certainement pas, à Dumky. Celle-ci, en voyant Tucker porter les plats qu'elle lui avait fait et les ramener, fit une grimace, et une mine boudeuse. Elle attrapa les assiettes que Tucker portaient, puis se mit à bouder dans son coin, tout en déposant une par une les assiettes pleines de bonnes nourritures.

Tucker soupira et se retourna vers Holly-Rose. Elle avait l'air moins crispé, mais elle semblait avoir une envie folle de prendre ses jambes à son cou. Le Serpentard haussa les épaules et se rassit en face de sa camarade. Il ne porta pas tout de suite ses yeux noirs vers elle, attendant qu'elle prenne la parole. Il prit donc sa fourchette et son couteau et commença à manger.

Quand il sentit qu'Holly-Rose allait prendre la parole, il la coupa, et lança, tout en la regardant :

- Ah oui, c'est vrai ! Bon appétit !

Tucker accompagna sa phrase d'un petit sourire, assez mutin. Il aimait embêter les gens, et il savait que ça ne plairait surement pas à Holly-Rose, mais tant pis. Puis, se souvenant du pourquoi elle est rentrée avec lui dans la cuisine, il prit sa serviette, s'essuya délicatement la bouche, tout en déposant ses couverts sur son assiettes. Dans un geste terriblement lent, il remonta sa tête vers celle d'Holly-Rose, et Tucker prit un air sérieux, presque trop d'ailleurs :

- Depuis quand es-tu un loup-garou ? Demanda-t-il, atrocement curieux.

- Depuis quand es-tu un loup-garou ?

Tucker venait de demander ça sur le ton de la conversation, entre deux bouchées de nourriture, comme on demande à d'autre s'ils sont contents que les beaux jours soient enfin revenus. Elle le dévisageait, ne voulant rien montrer mais elle devait reconnaitre qu'elle était choquée. Comment savait-il ? Comment pouvait-il deviner ça. Ce n'était pas écrit sur son front, tout de même. A la limite, c'était écrit sur son poignet, mais encore, c'était d'une manière indirecte, jamais il n'aurait pu deviner ainsi la signification du tatouage FREAK, marque à l'encre pour se souvenir chaque jour qu'elle n'était qu'un monstre.

Elle resta interdite pendant un long moment, le visage fermé. Elle s'était penchée en arrière, s'appuyant contre le dossier de la chaise et regardant Tucker d'un air assez mauvais, bras croisé autours de son buste fin. Une moue mécontente se posa lentement sur son visage. Si il pouvait deviner aussi facilement, qui d'autre en était capable ? Est-ce que Amycus Carrow avait vu clair dans son jeu et la laissait courir pour voir jusqu'où elle irait dans sa tentative de retrouver Greyback ?

- J'avais 8 ans.

Les mots étaient sortis seuls. Elle savait que prétendre ne pas comprendre ce qu'il voulait dire n'aiderait pas, qu'il était moins stupide qu'il en avait l'air, et que même si il ressemblait à un bellâtre écervelé, il ne prendrait pas le mensonge. Autant être honnête.

- Comment as-tu deviné ?

Son ton était neutre, froid, impassible. Comme lorsqu'elle parlait aux psycomages qui cherchaient à l'empêcher de se foutre en l'air, comme quand elle discutait avec ces médecins qui tentaient de la convaincre qu'il était possible de vivre normalement.

Il prit une gorgée de son verre d'eau et sourit, avant de devenir plus sérieux, cessant de manger et posant ses coudes sur la table, visiblement sur le point de parler de quelque chose de grave, de réfléchit. Elle l'écouta attentivement, espérant savoir où elle avait foiré et pourquoi il savait ce qu'elle était.

- Je suis, comme tout le monde, un sorcier. Mais pas seulement, j'ai quelques pouvoirs que les autres sorciers n'ont pas, de plus je sens l'odeur ou l'aura des autres. Ce qui me permet de savoir à qui j'ai à faire, c'est souvent pratique pour un sorcier comme moi.

Elle arqua un sourcil, s'apprêtant à demander plus d'explications, mais il eut un mouvement brusque et elle sursauta. Près d'eux, le manteau de la cheminé venait d'exploser, rependant des morceaux de pierre et de poussière un peu partout, et alors que les elfes s'affolaient, celle qui semblait très attachée à Tucker les calma, et il reprit :

- Je contrôle l'électricité, en autre. Tu vois, tu n'es pas la seule à être différente... Pour être vraiment sincère avec toi, j'ai ces drôles de pouvoirs depuis ma naissance et c'est à cause de ça que mes parents m'ont abandonnés, parce que je leurs faisaient peur, parce que pour eux j'étais anormal. Si je suis à Poudlard, c'est pour justement comprendre certaines choses sur moi-même.

Holly-Rose pensa à ce qu'elle avait vu en arrivant à Poudlard. Regardant le tas de pierre concassée qui jonchait à présent le sol des cuisines, elle se souvint de l'état de la cour de récréation. Une arche était détruite, d'une manière relativement similaire à ce qu'il venait de faire dans les cuisines. Etait-ce son oeuvre ? Elle n'eut pas le temps de demander, car il embrayait déjà sur une nouvelle question :

- Qui t'as transformée en loup-garou ?

Trop intrusif. Beaucoup, beaucoup trop intrusif. Elle n'aimait pas ça. Et même si il avait été honnête avec elle, elle ne pouvait pas se résoudre à dire le nom du monstre qui l'avait mordu. Il en savait déjà trop sur elle, et elle ne voulait pas ruiner ses chances de trouver un jour Greyback. Si par malheur quelqu'un l'entendait, si un des elfes en parlaient à quelqu'un comme Amycus Carrow, il ne faudrait pas longtemps avant que son but ici soit réduit à néant, elle n'aurait plus la possibilité de se venger.

A son tour, elle saisit un verre d'eau et en bu un peu, se donnant de la contenance et cherchant quelque chose qui pourrait faire marcher Tucker...

- J'étais trop jeune, je n'en sais rien... et mes parents refusent d'en parler... ça me rend un peu folle, j'aimerais savoir, mais il n'y a rien à faire...

C'était crédible. Largement même. Mais pour plus de sécurité, elle ne lui laissa pas le temps d'approfondir, et elle demanda, réellement curieuse, faisant un petit signe de tête vers la cheminé ruinée :

- Tu t'entraines aussi sur la cour ? J'ai vu un joli tas de gravas assez... similaire

Elle afficha un sourire amusé, espérant qu'il se vante de cet exploit, ou qu'il fasse n'importe quoi d'autre, juste qu'il arrête de parler de Loup-Garou pour le moment...

A son tour, Holly-Rose bu une gorgée d'eau, apparemment cherchant à son tour les mots pour lui expliquer sa délicate situation. Tucker, patient, attendit, ses coudes toujours sur la table, ses mains liées et sa tête posée sur celles-ci. Il espérait savoir qui lui avait du mal, afin de savoir, si oui ou non c'était le même loup-garou qui avait attaqués certains de ses amis d'Écosse et d'Irlande.

- J'étais trop jeune, je n'en sais rien... et mes parents refusent d'en parler... ça me rend un peu folle, j'aimerais savoir, mais il n'y a rien à faire...

Tucker fit une légère grimace devant le discours d'Holly-Rose. Non pas, parce qu'il était triste pour elle, mais parce que ses pouvoirs lui avaient encore servit à discerner le mensonge de la vérité. L'aura légèrement rouge au contraste argenté d'Holly-Rose était soudain devenue noire, mettant mal-à-l'aise l'adolescent. Tucker n'aimait pas qu'on lui mente, mais pouvait comprendre que sa camarade n'ait pas envie de parler de son passé. Le Serpentard soupira, se demandant pourquoi il était autant maudit. Il aurait voulu être un sorcier normal, un sorcier qui n'arrivait pas à faire la différence entre les loups-garous des vampires ou des sorciers, il aurait voulu évité de savoir quand est-ce qu'on lui mentait ou non, souvent blessé par les tentatives veines qu'avaient certains sorciers pour lui mentir.

Tucker, perdu dans ses pensées, n'avait cependant pas quittés des yeux Holly-Rose, et celle-ci lança un regard très bref vers la cheminée presque explosée avant de lancer :

- Tu t'entraines aussi sur la cour ? J'ai vu un joli tas de gravas assez... similaire.

Son interlocutrice se mit à sourire de façon amusée et ce petit geste réchauffa quelque peu le cœur blessé de Tucker. Il soupira, et répondit d'un air faussement sombre et sérieux :

- Il y a des fois, où je n'arrive plus à me contrôler. Je suis souvent guidé par mes sentiments... Ce que tu as vu dans le cour n'est strictement rien comparé à ce que je sais faire quand je m'y mets. Mais je vis avec, de toute manière, je n'ai pas réellement le choix...

Il lança un discret clin d'œil à Holly-Rose, ne lui avouant pas qu'il avait deviné ses mensonges, sachant parfaitement bien que si elle lui avait mentit, c'était certainement parce qu'elle n'avait pas envie de lui en parler, et au fond, bien qu'il fut blessé, il comprenait.

- Tu sais, tu n'es pas la seule à Poudlard à être différentes. Depuis mon arrivée, j'ai reperé des tonnes de personnes vaguement différentes. Un peu comme toi et moi, lança-t-il tout en reprenant ses couverts afin de finir son assiette.

- Il y a des fois, où je n'arrive plus à me contrôler. Je suis souvent guidé par mes sentiments... Ce que tu as vu dans le cour n'est strictement rien comparé à ce que je sais faire quand je m'y mets. Mais je vis avec, de toute manière, je n'ai pas réellement le choix...

Elle hocha la tête, comprenant parfaitement cette idée de 'manque de choix'. Elle n'y avait été pour rien dans l'attaque, personne n'y était pour rien.. si ce n'était son père, peut-être, mais encore, sa seule erreur avait été de ne pas prendre au sérieux les menaces de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer le nom...

- Tu sais, tu n'es pas la seule à Poudlard à être différentes. Depuis mon arrivée, j'ai reperé des tonnes de personnes vaguement différentes. Un peu comme toi et moi.

A nouveau elle hocha la tête alors qu'il saisissait ses couverts et s'en prenait à nouveau à sa nourriture. Oui, des gens différents, il y en avait... mais restait le degré de différence à déterminer. Elle se changeait en un monstre sanguinaire, une créature bestiale, sale et puante... pas une jolie sirène comme le faisait Eden, pas un chat gracieux comme savait le faire les animagis... et puis, elle n'y pouvait rien, elle se changeait à cause de la Lune, pas par sa propre volonté...

Un elfe passa non loin d'elle, portant un large plateau de fruit et à la volée, elle saisit une pomme d'un vert éclatant, comme si des colorants alimentaires avaient été injecté dans la peau de l'aliment. Elle ne se posa pas de question et mordit dans le fruit avant de se rendre compte que le gout en avait été modifié également... C'était un bonbon géant, à la fois sucré et acide... trop sucré. Presque immédiatement, elle saisit son verre, prenant une longue rasade d'eau.

- Et pourtant, même si il y a des différences, j'ai cette impression d'être... rejetée... étrange. Peut-être que je ne fais pas assez d'effort, mais... c'est bizarre quand même...

Perdu dans sa nourriture, Tucker en avait presque oublié sa compagne. Pourtant, il avait tellement faim qu'il ne redressa pas tout de suite la tête, avalant quelques bouchées de viande avant d'écouter sagement ce qu'avait à dire Holly-Rose. Il était étrange de trouver des personnes aussi fascinant que terrifiant à Poudlard. C'est vrai, depuis son arrivée à l'école de magie, Tucker avait croisé des loups-garous, des vampires, une sirène et un garçon qui arrivait à contrôler l'eau. Il savait qu'il n'était pas au bout de ses surprises, il y avait tellement de choses incroyable à Poudlard.

Tout en prenant une dernière bouchée, il se redressa et observa quelques secondes Holly-Rose. Surprit, il l'a vit attraper une pomme d'un plateau qu'un elfe portait. Avec un petit sourire en coin, il l'observa croquer dans sa pomme pour ensuite boire un coup d'eau.

- Et pourtant, même si il y a des différences, j'ai cette impression d'être... rejetée... étrange. Peut-être que je ne fais pas assez d'effort, mais... c'est bizarre quand même...

Tucker fronça doucement les sourcils tout en posant ses couverts. Oui, il était étrange qu'Holly-Rose ressente ce sentiment de... rejet, presque. Certes, certaines personnes à Poudlard manquaient réellement de manières et de politesse mais Holly-Rose était à Gryffondor et les personnes de cette maison avaient la réputation d'avoir un cœur en or.

- Tu es sure que ce n'est pas toi, plutôt, qui les rejettent ? Demanda-t-il en liant ses mains.

Tucker vit une certaine surprise chez Holly-Rose et il rajouta rapidement, pour ne pas qu'elle se fasse de fausse idée :

- Je ne veux pas dire que tu es une personne insociable, loin de là... Tu ne seras pas assise avec moi, sinon. Mais j'ai la vague impression que tu restes à l'écart parce que tu crains d'être jugée ou plutôt mise à découvert. Je pense que tu veux simplement de protéger des autres, mais les gens ici...

Tucker s'arrêta, posant sa tête sur ses mains, les yeux perdus dans le vide. Il venait d'avoir un frisson qui lui rappelait son premier jour à Poudlard, où il avait eu la mauvaise impression qu'il passerait un mauvais moment dans cette école. Il se souvint même qu'il pensait qu'il ne tiendrait pas, à cause de certaines personnes de sa maison qui était réellement peu sympathique.

Reprenant peu à peu ses esprit, il secoua vigoureusement la tête de droite à gauche, comme pour chasser ce mauvais souvenir et se souvenant de la présence d'Holly-Rose, il continua :

- Les gens ici sont pleins de bonne attention. Crois-moi, je ressens les gens, je vois leur aura, je vois qui ils sont réellement. Et quand je t'ai vu dans le couloir, j'ai su que tu étais une personne bien, Holly-Rose. Et les autres le savent aussi, j'en suis persuadé, finit-il avec un sourire amical.