There's A Good Reason These Tables Are Named Honey [ Remus & Haelya ]

Un éclair amusé passa sur son visage mais il était sérieux lorsqu'il déclara, mêlant leurs doigts :

- Bon, le tout maintenant, c'est de sortir et de gagner la salle commune de la manière la plus discrète qui soit ...

Elle hocha la tête alors qu'il l'attirait à sa suite. Elle savait être discrète, même si elle n'aimait pas spécialement la façon dont ce talent lui avait été enseignée. La pédagogie de Bellatrix laissait à désirer, mais il fallait reconnaitre que certaines des choses qu'elle avait apprit pouvait se montrer utile. Une fois dans les escaliers, il tira la porte dans bruit avant de murmurer.

- Essais de rester derrière moi, je vais faire passer le message à Sirius pour qu'il détourne l'attention ...

Pendant un instant, elle se sentit comme une petite fille que l'on préparait à un mauvais coup. Cela lui rappelait le gang d'enfants qu'ils formaient tous, et les raids pour voler à manger et faire des gouters gigantesque dans les vergers qui cernaient Galway. Le fait qu'elle puisse littéralement se cacher derrière lui tant il était grand aidait à l'image enfantine qu'elle avait à l'instant. Comme il l'avait dit, Remus fit un signe à Sirius, et dans un mécanisme qui semblait bien rodé, le cousin de la jeune femme se décala et ils traversèrent la pièce sans que personne ne bouge. C'était une des qualités notoires des Maraudeurs : utiliser les atouts de chacun pour parvenir à leurs fins, en plus du travail en équipe.

Haelya esquissa un sourire alors qu'ils s'engouffraient dans le couloir, Remus à sa suite. Il poussa le tableau et ils furent à nouveau dans le couloir, là où Albus et lui s'étaient battus. Enfin, battus... la bagarre avait été chuinté sérieusement par son intervention, par l'agression verbale contre le Serpentard et la destruction de la lampe... Qu'a cela ne tienne, ils n'en parleraient plus de toute façon. Elle refusait de laisser l'étrange fils d'Harry Potter venir gâcher son bonheur. Si il était tourmenté et étrange, ce n'était pas son problème. Elle avait ses soucis et agrippait pas pour autant les gens par le bras dans les couloirs austères de Poudlard.

Main dans la main, ils traversèrent l'école dont les escaliers et corridors étaient passablement plein d'élèves bruyants. A plusieurs reprises, elle remarqua qu'on pointait vers eux, que certains chuchotaient, mais elle n'en avait rien à faire. On parlait d'elle de toute manière, si cela était pour quelque chose qui la rendait heureuse et vivante, ce n'était pas plus mal.

Il devait être vingt heures, les gens bougeaient dans tous les sens, courant de la Grande Salle à la bibliothèque, se chamaillant en direction des Salles Communes, jouant à la bataille explosive à même le sol des couloirs, et un peu péniblement, ils arrivèrent enfin devant le Grand Hall.

Haelya n'attendit pas et sans la moindre hésitation, elle se dirigea vers la table des Gryffondors. Premièrement, parce qu'elle se sentait de plus en plus à sa place chez les Lions, ils ressemblaient à une famille, à quelque chose de concret et de bénéfique, et deuxièmement, Aaron et Alisse étant tous les deux des Serpentards, manger chez les verts pouvaient manquer de tact.

Elle se retourna légèrement vers le jeune homme qui semblait un peu incrédule, et d'une voix malicieuse, elle remarqua alors :

- Sauf si bien sur, tu préfères manger chez les Serpents...

Un sourire angélique se posa sur son visage alors qu'elle faisait lentement demi-tour, s'apprêtant à les entrainer vers la table des Serpentards. Elle ne le ferait pas, bien sur, mais elle voulait voir la réaction du jeune homme.

Réaction qui ne se fit pas attendre. Il ne fallut pas longtemps à Remus pour la retenir, l'enlaçant à la taille avant de murmurer, grave et déterminé :

- Allons manger chez les lions, nous y serons plus à l'aise.

Il l'embrassa rapidement dans le cou, sans approfondir surement à cause des gens qui les regardaient déjà, et saisissant sa main, il l'entraina vers une grande table de bois sombre qui se trouvait près du mur. Le milieu de la tablée semblait être évité précautionneusement, comme si il s'agissait là de place attitrés... Il ne fallut pas longtemps à Haelya pour comprendre : une demi-douzaine de place, les Maraudeurs, Lily Evans, et les autres atomes gravitant autours d'eux. D'ailleurs, la manière que Remus avait de bougé ici, prenant place comme si c'était toujours ainsi confirma à l'adolescente ce qu'elle pensait... Elle mangeait à la place d'un des quatre.

Ils étaient installés côte à côte et Remus la regardait. Elle croisa son regard pendant un instant, et il lui vola un baiser, rapidement, avant de demander, amusé :

- Bon et maintenant ma Lune, que veux-tu manger ?

Elle ne fut pas capable de détourner le regard, souriant un peu niaisement en le fixant. Elle était heureuse, tellement que c'en devait être écœurant pour les badauds qui regardaient. Elle se sentait vivante, joyeuse, elle aurait pu le hurler, parce qu'il était là, parce qu'elle l'aimait plus que sa propre vie. C'était cliché, c'était un peu pathétique sans doute, mais pour ce qu'elle en avait à faire... Remus était là, pour elle, il était tout, et tant pis si ils dégoutaient les autres à être trop souriants et trop complices.

Un bruit de plat posé sur le bois la tira cependant de sa contemplation et elle tourna la tête, s'asseyant par la suite correctement, face à la table. Remus en fit de même et devant eux, des plats étaient apparus. Escalopes milanaise, julienne de légume et riz safrané attendaient bien sagement qu'ils se décident à se servir. Amusée, Haelya tira un plat vers elle.

- Il y a des moments où j'aime réellement cette école...

Poudlard avait ses avantages. Bien sur, c'était froid, humide, austère, beaucoup trop grand, et sombre, sans compter que les gens la jugeaient copieusement et que l'infirmière posait peut-être trop de question mais autrement, elle y était bien, et le jeune homme assis à côté d'elle faisait plus que partie des raisons qui lui donnaient envie de rester ici, et de ne pas retourner au manoir Malefoy... Mais elle ne se faisait pas d'illusions, comme pour l'Irlande, elle n'aurait pas le choix...

Elle se souvint soudain de quelque chose. Quel jour était-on ? Mardi ? Mardi 16 mars, veille de... Par Merlin, elle avait faillit oublier. Ne terminant pas de se servir, trop impatiente à l'idée de retourner à Galway, elle demanda alors avec enthousiasme :

- Demain soir, c'est la Saint Patrick... et je me demandais si la fêtait à Galway t'intéresserait... J'en avais parlé à Sirius il y a un moment, et ça m'était complétement sortie de la tête...

Il faudrait qu'elle trouve rapidement Elana aussi, même si elle savait que cela serait plus délicat. A vrai dire, elle craignait même des problèmes à la frontière avec sa demi-sœur... Elana était-elle marquée ? Si oui, ça se compliquerait...

Remus la regarda pendant un instant, visiblement pris de court par la requête d’Haelya, tant qu’elle se demanda si elle n’avait pas parlé trop vite, oubliant des mots par la même occasion. Elle l’observa se servir, attendant une réponse, ou une demande de précision, mais les mots ne vinrent pas sur le champ, car il avait saisit son verre et avala plusieurs longues gorgées avant de finalement déclarer, dans un sourire :

- Avec plaisir, ma Lune !

Alors qu’il posait son verre et se servait manger, elle sentit une bulle de soulagement éclater dans sa poitrine. Elle avait eut envie d’y aller au moment même où elle avait découvert qu’en passant par Pré-au-Lard ou en créant un Portoloin, il était possible de sortir de Poudlard mais, si Remus avait refusé, elle se demandait ce qui se serait bien passé… Elle y serait sans doute allée seule, ou peut-être avec Sirius, mais pour le coup, la perspective était beaucoup moins réjouissante…

Après un moment de silence durant lequel elle retourna à son assiette et Remus en fit de même, achevant de se servir et piquant de la nourriture à droite et à gauche.

- Tu as aussi invite Sirius à la fête ?

Elle hocha presque immédiatement la tête, avalant ce qu’elle avait dans la bouche avant de parler et sentant le contenu brulant descendre doucement dans sa trachée, longeant ses bronches et lui laissant pendant quelques secondes la désagréable sensation d’être maintenu sous l’eau, de ne pas pouvoir respirer pleinement. Puis l’effet passa.

- C’était il y a un moment… elle marqua une pause, revoyant le contexte, et un sourire un peu plus large s’afficha sur son visage, se souvenant de ce qu’il s’était passé peu de temps après. En fait, c’était le jour où nous avons eut le courage de parler plutôt que de se fuir comme la peste

Elle marqua une pause, posant sa fourchette et replaçant quelques une de ses mèches de cheveux noirs derrière ses oreilles. Était-il utile de préciser qu’après leur aventure, elle avait coupé les ponts avec presque tout le monde ? Sirius avait été une des seules personnes avec qui elle souhaitait encore passer du temps. Le dire aurait été remettre sur la table l’état pathétique dans lequel Remus l’avait vu, ce n’était pas spécialement judicieux. Elle avala sa salive, faisant le tri dans ce qui était nécessaire, avant de reprendre :

- Ce n’est pas exactement une fête… je pense qu’il faut aller dans un bar moldu, dans la vieille ville… ça risque d’être bondé, mais ce n’est pas une vraie Saint Patrick si on arrive à voir à plus d’un mètre devant…

Elle eut un petit rire amusé, se souvenant que pendant les précédentes années, elle s’y était rendue avec ses sœurs… Bien entendu, les trois adolescentes n’avaient pas eut le droit de boire, trop jeune… Mais Remus et Sirius paraissaient plus vieux… Remus surtout, avec son aura de calme et de tranquillité… Son cousin flirterait avec la serveuse pour leur obtenir quelques pintes…

Remus ne réagit pas immédiatement, ne semblant pas voir d'inconvénient immédiat à la foule, et continuant à manger tranquillement. Elle en fit de même, appréhendant un peu, connaissant son agoraphobie, mais chassant rapidement l'angoisse de son crane. Premièrement, elle ne serait pas seule au milieu de foule : il serait là, elle savait d'or et déjà qu'il ne la laisserait pas tomber, surtout s'il sentait un malaise. Ensuite, c'était la St Patrick, pas une foule indésirable rencontrée de manière incongrue. Elle savait qu'il y aurait du monde, ça faisait partie de la fête, c'était pour cela que c'était drôle : une soirée conviviale et alcoolisée. Et oui, l'alcool l'aiderait à ne pas être consciente de la masse de gens. Tout irait bien, elle le savait. Son sourire s'élargit un peu.

- Je suis partant, bien entendu mais ... J'imagine que nous allons rester sur place, l'alcool faisait son effet, aucun de nous ne seras en état de transplaner au retour. Donc, as-tu déjà tout prévu ?

Elle ne répondit pas immédiatement. Elle n'avait pas pensé à ça dans les détails. Du moins, si. Mais elle n'avait fait aucun plan particulier, décidant qu'ils verraient bien sur place, qu'ils trouveraient la meilleure solution dans les propositions de la jeune femme. Mais il était vrai que l'idée de partir à l'étranger sans attache réelle pouvait sembler un peu fou... Elle se força à sourire à nouveau, et répondit, sérieuse mais enthousiaste :

- Et bien, à vrai dire, j'ai surtout un plan de secours en cas de problème... le reste, on verra, c'est le genre de soirée que l'on ne peut pas planifier, il y a trop d'imprévu et de monde pour savoir comment cela va se terminer... Mais au cas où, il suffira de marcher jusqu'à l'extérieur de la ville et d'aller chez... mes parents.

Elle avait manqué de dire Les Murray, mais elle s'y refusait. Pour elle, ses parents étaient le couple Irlandais qui l'avait élevé avec Madeleyne et Ninaskah. Elle avait beau partager l'ADN de Bellatrix et Tom Jedusor, ils n'étaient rien pour elle. Rien d'autre que des bourreaux.

- Le domaine est immense, et il y a une maison d'hôte que personne n'utilise depuis qu'une banshee y a soit-disant hurlée. C'était moi, en fait. Pas une créature maléfique, juste une gamine de huit ans qui criait contre le fils des voisins qui venait de lui voler un baiser... l'endroit est vide, depuis, les gens sont superstitieux.. et ça m'arrange...

Un sourire malicieux éclaira cette fois son visage et elle reprit ses couverts, impatiente comme jamais.

Elle termina son assiette et après avoir attrapé son verre d'eau, elle saisit une mandarine, remarquant que la salle était de plus en plus vide. Levant la tête, elle vit que le plafond enchanté était d'un noir d'encre, et qu'il devait déjà être relativement tard... Bientôt minuit, bientôt le lendemain, bientôt la St Patrick. Elle réprima un sursaut d'excitation, se sentant comme une petite fille la veille de son anniversaire.