~Lorsque la solitude pèse sur nos épaules [ Libre ]

Cédric venait d’apprendre que Linda avait quitté Poudlard. La nouvelle lui avait fait un choc. Il se souvint de la dernière fois qu’il l’avait vu. C’était à l’infirmerie, la jeune femme avait pris un coup par un abruti de Serpentard, et s’était retrouvée à terre, inconsciente. Il lui avait ordonné de rester à l’infirmerie pour qu’elle se repose, et la verte et argent lui avait confié son passé. Un petit sourire s’immisça sur ses lèvres en repensant à cette jeune femme têtue, mais qui pourtant lui avait fait ouvrir les yeux. La solitude lui pesait réellement, et avec tous ces nouveaux arrivants, il pouvait faire de nouvelles rencontres. Seulement il avait peu à peu perdu l’habitude d’être sociable avec les autres. Certes, il ne se comportait pas comme tous ces rebelles, si quelqu’un lui demandait quelque chose, il répondait avec une amabilité minimum souhaitée.

Le jeune homme s’était réfugié à la volière, où il avait retrouvé son hibou. Depuis que ses amis l’avaient délaissé, il passait le plus claire de son temps là bas, avec Calyre, son hibou. C’était certes, un comportement lamentable, de s’exclure des autres, jusqu’à en préférer la compagnie des volatiles, seulement Calyre était bien le seul à ne pas l’avoir jugé. Et encore, ce n’est qu’un oiseau. Les coudes posés sur le rebord d’une ouverture sur le lac, Cédric restait silencieux, Calyre debout près de lui sur la bordure. Ses pensées voguèrent de souvenirs en souvenirs. Des plus anciens aux plus récents.

Face à lui, le paysage restait silencieux. Il était dix huit heures passé, et pas un chat ne trainait vers le bord du lac. Le jeune Poufsouffle repensa à la fois où il avait du plonger dans ce lac pour la coupe des Trois Sorciers, et où il avait du délivrer Cho. Après réflexion, il s’en était plutôt bien sorti. Laissant un petit sourire se poser sur ses lèvres, il porta sa main gauche sur la tête de Calyre, et du bout des doigts caressa lentement son front. Le hibou ne bougeait plus, le toisant de ses grands yeux ocres. Un silence digne d’une cathédrale régnait dans la volière, où seul la brise légère du mois d’Avril avait sa place.

Montant doucement les marches de la Volière, Amy se laissait guider par son instinct, préférant la compagnie des oiseaux plutôt que celles de ses camarades. Depuis qu'elle était arrivée à Poudlard, peu de personne lui adressait la parole, soit parce qu'elle portait le même nom que sa sœur, en l'occurrence Cooper, soit parce que justement elle ressemblait un peu trop à Lizzie Cooper et que quelque chose sonnait faux dans son visage si angélique. Tout comme sa sœur. Peu de personne savait qu'elle et Lizzie étaient demie-sœur, mais le fait qu'elle porte le même nom de famille qu'elle et que leurs ressemblances soit flagrante ne l'aidait pas à s'intégrer. Loin de là. Elle avait même la sensation étrange que tous le monde détestait sa sœur, ici.

Soupirant un bon coup, elle s'arrêta en chemin, reprenant un peu son souffle qui était devenu rude face aux battements de son cœur si irréguliers devant ses nombreuses marches. S'accoudant à la rambarde en pierre grise, elle observa quelques secondes le paysage et semblait un peu plus apaisée face à ce magnifique spectacle. Le soleil commençait à s'effacer, laissant place à une lune presque ronde qui commençait à se faire sentir. Les étoiles se mirent doucement mais surement à scintiller à travers le ciel orangé, donnant l'impression soudaine à Amy qu'elle s'était perdue dans un autre monde, bien loin de tous.

Mais finalement, ce n'était pas si insensé que ça. Elle était seule. Terriblement seule. Bien sûr, elle avait fait la connaissance d'Holly-Rose et s'était réellement bien amusée en sa compagnie, mais mise à part elle... Personne n'était là. De plus, elle avait son petit copain et ne pouvait pas s'occuper d'elle en permanence. La solitude ne lui pesait pas trop sur ses petites épaules, elle avait eut le temps de s'en accommoder depuis l'abandon de Stefan et la mort de sa mère. Elle aurait juste aimée pouvoir recommencer une vie à Poudlard où les gens auraient pu être... Disons sociable et sympathique.

Soupirant sans se contenir, Amy reprit sa marche vers le refuge des oiseaux, ayant un besoin soudain de voir Calyre, un hibou avec lequel elle avait fort sympathisé, malgré le fait qu'il ne lui appartenait pas. Elle appréciait la compagnie du volatile, étant apaisant et intelligent. La jeune Lionne avait la sensation étrange qu'elle pouvait tout dire à ce hibou, qu'il comprenait tout et qu'il l'aidait à aller mieux. Certes, vu d'un certain point, c'était plutôt pathétique mais vu qu'elle n'avait personne d'autre...

Entrant doucement dans la volière, elle avança à pas de loup, essayant de ne pas déranger certains hiboux qui dormaient à point fermés. Du regard, elle chercha Calyre et fut surprise de découvrir un garçon face à elle, Calyre à ses côtés. Il semblait perdu dans ses pensées tout en contemplant le lac qui se faisait doucement borde par le couché de soleil. Amy soupira doucement, comprenant que Calyre devait lui appartenir, et, alors qu'elle allait faire demi-tour, ne voulant pas les déranger, elle glissa sur des morceaux humides de paille et émit un léger cri.

Redressant doucement la tête, une grimace au visage, elle s'aperçut que le jeune homme s'était retourné et la regardait apparemment surprit de la voir, ici. Il devait surement pensé qu'elle l'avait espionné et pleine de honte, elle baissa la tête tout en soupirant. Quelques secondes passèrent et elle se releva tant bien que mal, ne sentant pas une plume blanche qui s'était réfugiée dans ses long cheveux bruns durant sa chute. Sentant le regard interrogateur que lui lançait son camarade, elle fit un pas vers lui, grimaçant toujours autant :

- Je suis désolée de t'avoir dérangé... J'étais venue ici pour me réfugier un peu et... J'ignorais que tu étais là, mais quand je me suis aperçue de ta présence, j'ai voulu vite m'éclipser et...

Elle s'arrêta, sentant le rouge lui monter aux joues en repensant à cette scène plutôt maladroite.

Toujours plongé dans ses pensées, le jeune homme continuait de caresser lentement le crâne de Calyre, silencieusement. Après tout, qu’avait-il à dire ? Rien. Il vivait parce qu’il le devait, rien de plus. Ses journées n’étaient que routines, se ressemblants comme deux gouttes d’eaux. Rien d’extraordinaire. Lâchant un petit soupir de frustration, il entendit soudainement un cri aigu retentir derrière lui. Stupéfait, il se retourna, se demandant à qui appartenait cet éclat de voix. Une jeune femme se trouvait face à lui, visiblement elle se sentait honteuse de s’être fait voir de cette manière.

Silencieux, Cédric la jauga de son regard verdâtre, et attendit une quelconque explication de la part de l’inconnue face à lui. Il la vit grimacer, puis la brunette fit quelque pas dans sa direction, et finit par briser le silence instauré :

- Je suis désolée de t'avoir dérangé... J'étais venue ici pour me réfugier un peu et... J'ignorais que tu étais là, mais quand je me suis aperçue de ta présence, j'ai voulu vite m'éclipser et...

L’inconnue stoppa soudainement ses explications, et ses joues s’embrasèrent doucement. Le malaise de la jeune femme était discernable, et Cédric finit par lui accorder un petit sourire amical. Il est clair que pour disparaitre avec discrétion, c’était raté pour la brunette. La toisant quelques instants silencieusement, il s’aperçut qu’il ne connaissait pas ce visage. Une nouvelle sans doute. Et c’est avec amusement qu’il vit une plume blanche logée dans la chevelure brune de la jeune femme.

S’approchant d’elle, il brisa le silence pesant installé, tout en continuant sa phrase:

- Et tu as glissé. Il est clair que pour ta mission "m’éclipser en tout discrétion"c’est raté.

Le jeune Poufsouffle avait dit ça avec ironie, il espérait que son interlocutrice ne prendrait pas ça au premier degré. Après tout, il valait mieux en rire, qu’en faire toute une histoire. Un sourire amusé aux lèvres, il finit par reposer son regard sur la plume toujours dans les cheveux de la jeune femme. Et c’est sans réellement réfléchir qu’il porta sa main jusqu’à celle-ci, et l’attrapa entre ses doigts dextres, la retirant des boucles brunes.

Il vit la brunette être tout d’abord réticente, puis interrogatrice. Tenant toujours la plume entre ses doigts, il finit par lâcher avec hésitation ;

- Je… Tu avais une … plume, dans les cheveux.

Libérant cette dernière de ses doigts, il passa nerveusement sa main dans ses cheveux, regardant les environs. Il avait certainement du la mettre de nouveau mal à l’aise après sa chute. C’était un parfait idiot. Reportant son regard sur la jeune femme, qui la toisait pantoise, il lui accorda un petit sourire en coin, incertain.