All The Right Moves [ Coleen & Haelya ]

Poussée par sa curiosité, Coleen ne pouvait s’empêcher de tout constater pas ses propres yeux, surtout quand ces choses lui étaient interdites. Elle profita de l’instant où le vent se manifesta en de fortes bourrasques pour se rendre au saule cogneur – l'une des choses intriguantes à voir sur sa liste – elle espérait ainsi n’y croiser personne et satisfaire son désir. Tout l’intriguait ici, à Poudlard. Elle avait vu beaucoup de choses dans sa vie, mais un endroit comme celui-ci, jamais.

Alors qu’elle avançait tranquillement en direction de l’arbre magique, une voix se fit entendre, comme un murmure porté par le vent.

- Un conseil, reste loin de cet arbre, si tu tiens à tes yeux...

Coleen se retourna, surprise et quelque peu insatisfaite. Une jeune fille, au regard noir puissant et à la posture affirmée se dirigeait vers elle, d’un pas avenant, bien que maîtrisé.

N’y faisant pas attention, elle revint à sa position initiale, tout en ayant bien le dessein de faire ce qui lui plaisait. Mais alors qu’elle s’apprêtait à reprendre la marche, le souffle du vent se fit plus violent, ses cheveux se dispersèrent sur son visage, tout sembla se déchainer alors qu’une branche morte, soulevée par une rafale, trouva refuge près du tronc du saule, avant de sa faire laminer à coups de branches féroces.

Coleen resta perplexe face à cette scène, alors que l’inconnue l’avait rejointe. Mi-intriguée, mi-amusée, elle imagina ce que cela donnerait avec un corps humain.

Elle s’aperçut que la nouvelle venue l’observait, avant qu’elle ne tourne la tête vers l’arbre et lui tende la main.

- Haelya Lestrange..., fit elle en lui adressant un bref sourire.

Haelya eut soudain un air dégouté sur le visage et devinant que ce qui se trouvait derrière elle ne devait pas être beau à voir, Coleen ne se tenta pas à jeter un coup d’œil.

- Coleen Lane, répondit elle en enserrant la main d’Haelya, qui, constata-t-elle, appartenait à la même maison que la sienne, Serpentard. Dis-moi, commença Coleen en penchant la tête de côté, est-ce que tu m’espionnes ?

Elle sourit après lui avoir adressée cette phrase, faisant comprendre à Haelya que c’était sa façon de la saluer.

Elle fut surprise de voir que la jeune femme ne réagit pas à la poignée de main mais manqua de hausser les épaules. Elle s'en fichait un peu, il y avait tellement d'asociaux dans cette école que c'était habituel de se faire ainsi envoyer sur les roses. Elle ne s'en formalisa pas, cependant, elle-même avait ses humeurs, ses moments, et elle était réellement la dernière personne pour donner des cours sur la politesse et l'amabilité.

- Coleen Lane.Dis-moi,est-ce que tu m’espionnes ?

Elle avait finalement serré sa main, penchant un peu la tête et affichant un sourire plus avenant, sauf qu'Haelya se braqua passablement. Elle n'aimait pas ce genre d'attaque frontale, c'était trop direct, trop violent. C'était surtout sa technique personnelle : placer les gens face à un mur était son truc, sa méthode... Sauf avec Remus. Sauf, en fait, avec la seule personne qui résistait, qui fuyait pour éviter les questions. Et elle ne supportait pas de le voir filer, cela lui fendait le cœur, littéralement. Alors elle se montrait conciliante, elle attendait qu'il parle, elle retenait ses questions, même si cela lui brulait les lèvres... Elle tentait tant bien que mal de ne pas l'étouffer, en somme. Elle avait entendu les ragots, de toute façon, elle avait entendu les gens la surnommer "la sangsue"... Ils n'y comprenaient rien, c'était aussi simple que ça. On lui avait tout pris, elle avait été torturé pendant un an et demi... comment pouvait-on lui jeter la pierre quand elle trouvait enfin un peu de bonheur et de stabilité... Un peu, quel euphémisme, elle créait un univers entier dans les bras du jeune homme... Se demandant si cette jeune femme était de celles qui la jugeait trop mièvre, trop coulante, trop niaise et surtout, qui jalousait clairement ce qu'elle vivait, cet amour qu'ils se vouaient, elle se rembrunit avant de répondre :

- J'ai trop à faire avec mes problèmes pour me soucier des allés et venus de tout un chacun, tu sais...

Puis elle se souvint que la jeune femme était nouvelle et qu'elle n'avait sans doute jamais entendu parler d'elle, de ses problèmes, de ses crises, de ses accès de colère, de son passé. Elle ne savait sans doute pas qui elle était, qu'elle faisait partie -en théorie- des aspirants mangemorts, qu'elle avait brisé un jeune homme et cassé Alisse en séduisant Remus et qu'elle n'était, en fait, qu'une pâle copie de sa chère mère.

- Tu es en septième année non ?

Devant l'absence de réponse, elle rajouta, tournant en même temps les talons et enserrant sa taille avec ses bras, furibonde à l'idée de toutes ses choses qui se disaient sur elle :

- Tu le saura donc bien assez tôt de toute manière...