~ Mon âme a son secret, ma vie a son mystère, le mal est sans espoir aussi j'ai du le taire. [ A & V ]

Assise sur le canapé de la salle commune, Victoire tentait de lire son bouquin de sorcellerie. Elle avait un devoir pour le lendemain, et même si elle avait jusque là loupé énormément d’heure de cours, elle voulait réussir ce devoir. Elle ne savait pas vraiment pourquoi, une soudaine envie. Peut-être était-ce à cause de l’impact que Gabriel avait sur elle. Après tout, il était bien considéré comme le double d’Hermione Granger, pas étonnant qu’elle ait cette envie de travailler. Malgré tout, aucunes informations de ce fichu bouquin ne semblaient vouloir s’ancrer dans sa tête. Et elle ne comprenait pas pourquoi.

Elle avait l’impression de lire dans le vide, de lire sans lire. C’était vraiment frustrant, et elle n’arrivait pas à se concentrer plus de deux minutes. Au bout d’un temps, elle finit par balancer avec hargne son bouquin à travers la pièce, et il atterrit violemment sur le sol. Laissant un soupir colérique s’extirper de ses lèvres, elle s’affala sur le canapé, tête mollement mise en arrière. Elle passa nerveusement ses mains sur son visage, attrapant ses cheveux au passage et les replaçant maladroitement sur le côté. La verte et argent était vraiment fatiguée, elle avait beau essayé de dormir, elle somnolait quelques heures, pour se réveiller tard dans la nuit, prise de frissons, et de sueurs froides. Dans un certain sens, elle était soulagée de ne plus faire ces horribles cauchemars qui la réveillaient en sursaut.

Portant son regard chocolat sur le bouquin à terre, elle hésita à aller le ramasser. Mais tout compte fait ne le fit pas. Peut-être par fainéantise. Elle remarqua que la dernière élève qui s’était trouvée avec elle dans la salle commune il y a quelques minutes, venait de disparaitre. Regardant l’horloge, elle remarqua qu’il était dix neuf heures passé. Pas étonnant qu’aucuns de ses camarades Serpentards ne se trouvent dans la salle commune, tous étaient en train de manger. Et Victoire appréciait ces moments de solitude dans la salle commune, où aucun rires, aucun cri, aucune parole ne fusaient dans la pièce. Mais contre toute attente, elle entendit la porte s’ouvrir. Elle haussa les sourcils, curieuse de voir qui venait d’entrer.

Portant son attention sur le portrait qui venait de s’ouvrir sur l’un de ses camarades, elle n’aperçut pas tout de suite qui c’était à cause de l’ombre dans laquelle il se trouvait caché. Il sembla à la jeune femme que l’inconnu avait hésité à continuer sa route. Victoire attendit patiemment que son camarade fasse ou dise quoi que ce soit. Elle ne l’obligeait à rien, même pas à se présenter. Mais c’est ce qu’il fit, brisant le silence instauré dans la salle commune :

-Salut, engagea-t-il d'une voix mielleuse.

La concernée se retient de ne pas hoqueter de surprise. Elle avait reconnu la voix de son camarade, mais il semblait que lui ne l’avait pas identifier. Avec un sourire mutin sur les lèvres elle répondit :

- Bonsoir Albus.

L’interpellé avança de quelques pas, permettant ainsi à Victoire d’être réellement sur que c’était bien Albus Potter qui venait d’entrer dans la salle commune. Un silence gênant commença peu à peu à s’installer. La première et dernière fois qu’elle avait vu le vert et argent c’était dans la salle d’astronomie. La jeune femme n’avait honte de rien, elle assumait parfaitement ce qu’il s’était passé entre eux. Par contre, elle ne connaissait pas assez bien Albus pour savoir comment il allait à présent réagir vis-à-vis d’elle. Et c’est cela qui l’inquiétait.

Reprenant conscience du temps présent, sortant de ses réflexions, un petit sourire en coin se posa sur ses lèvres charnus et elle demanda à tout va:

- Tu ne manges pas à la Grande Salle ce soir ?

Certes, elle non plus. Mais la jeune femme préférait poser des questions niaises pour connaitre l’attitude qu’aura le garçon à son égard. Elle avait déjà écouté qu’à certain moment il pouvait être violent, et elle n’avait pas tellement la force de se défendre si jamais il se mettait dans une colère noire parce qu’elle l’avait renvoyé sur les roses dernièrement.

Albus lui accorda un sourire quelque peu radieux, manquant tout de même de sincérité. Mais Victoire n’y accorda pas plus d’attention. Il mit un certain temps avant de répondre à la question de la verte et argent, comme si le moindre faux pas pourrait lui être fatal :

-Non, une dispute a éclatée alors que nous étions au dessert et je n'ai pas voulu y participer. Je voulais également trouver un peu de repos et de tranquillité...

La jeune femme fut quelque peu étonnée, mais ne laissa rien paraitre pour autant. Habituellement les Serpentards aimaient participer aux disputes, surtout si elles se trouvaient être violentes. Décidemment Albus était quelqu’un d’imprévisible, il lui avait prouvé à mainte reprise. Se souvenant qu’il avait parlé d’avoir de la tranquillité elle voulut s’excuser et le laisser tranquille, mais son camarade lui retourna la question posée :

-Je pourrais te retourner la question n'est-ce pas ?

C’était exact. Et cette remarque fit sourire la Serpentard. En fait elle ne mangeait pas tellement ces derniers temps. Ce qui contribuait à sa fatigue constante avec le manque de sommeil. Ses forces diminuaient, mais elle ne faisait rien pour arranger sa situation. Et ça même si son corps entier lui criait sans cesse qu’il fallait qu’elle dorme et qu’elle mange. Elle haussa tout d’abord négligemment les épaules, puis lui accorda un petit sourire amical pour ensuite répondre :

- Je n’avais pas faim.

Ce qui était totalement faux. Même son estomac vint lui rappeler en émettant un gargouillement on ne peut plus discret. Levant les yeux au ciel, la jeune femme lança un regard noir à son ventre, avant d’éclater de rire. Elle était réellement fatiguée. Son rire retentit quelques secondes dans la pièce, avant de s’éteindre et de laisser son passage incrusté sur le sourire de Victoire.

Le silence qui perdurait dans la salle commune des Serpentards commençait à devenir gênant et oppressant pour la jeune femme. Elle ne savait pas tellement quoi dire ou faire pour connaitre la pensée d’Albus à son égard. Regardant pensivement les flammes danser lugubrement dans la cheminée face à elle, elle repensa à la dernière fois qu’elle avait vu son camarade. Soufflant doucement, le garçon finit par briser le silence instauré, mais pas de la façon qu’aurait voulu Victoire :

-Veux-tu que je souffre pour ce que je t'ai fais subir, la dernière fois ? Toi seul doit décider...

Instantanément la brunette fronça les sourcils, et posa son regard chocolat sur son camarade. Elle hoqueta de surprise en voyant qu’il tenait devant lui un couteau à la lame aiguisée. Une lueur d’angoisse passa dans son regard. A quoi jouait-il bon sang ? Le regard d’Albus était tout simplement froid et les traits de son visage restaient impassible. Il était hors de question que le jeune homme souffre par sa faute. Elle ne voulait pas qu’il souffre, c’était tout le contraire.

Précautionneusement, Victoire se leva de son fauteuil, et se dirigea à pas lents vers celui du vert et argent, prête à l’empêcher de commettre une erreur. Retenant sa respiration, elle approcha ses doigts vers le couteau que tenait fermement Albus. Ce dernier avait son regard posé sur elle, attendant sa réponse. Doucement, elle s’empara du couteau qui se trouvait toujours entre les doigts du garçon.

- Albus, à quoi tu joues ? Demanda-t-elle doucement. Je ne tiens pas à ce que tu souffres.

Rencontrant le regard du concerné, elle tira légèrement sur le couteau afin qu’il le lui donne, évitant ainsi tout risque qu’il ne fasse n’importe quoi. Au bout d’un moment d’hésitation, le garçon finit par lâcher prise sur le couteau, et Victoire le fit glisser entre ses doigts. Elle plia la lame, et s’agenouilla devant Albus toujours assit et silencieux dans son fauteuil. Laissant le couteau à présent fermé choir sur le sol, elle posa ses deux mains sur les genoux du garçon, et souffla :

- C’est du passé. Ca m’a fait mal sur le coup, mais ce n’était rien, je t’assure.

-Tu es sûre ? Répondit aussitôt Albus brusquement.

Tout en se relevant, il empoigna fermement les épaules de la jeune femme afin de la relever avec lui, les mettant face à face. Le vert et argent plongea ses yeux bleutés dans ceux ténébreux de Victoire, comme si il cherchait une feinte dans ses yeux. Un silence s’installa et perpétua dangereusement. Les deux Serpentards s’observaient, la brunette ne savait pas tellement quoi faire, elle préférait attendre qu’Albus finisse ce qu’il avait à dire, car elle était certaine qu’il avait autre chose à lui dire.

Au bout d’un temps qui sembla durer une éternité pour la jeune femme, Albus colla son front au sien, et souffla :

-Je voudrais vraiment qu'il en soit ainsi, car je n'éprouve plus le moindre sentiment d'amour pour toi, si petit fut-il...

La jeune femme resta pantoise face aux aveux de son camarade. Alors il avait bel et bien ressentit de l’amour pour elle. Elle l’avait vu lors de leur dernière rencontre, mais avait préféré l’ignorer, plutôt que d’avoir du remord à son égard. C’est avec surprise qu’elle vit une larme couler le long de la joue du jeune homme. Victoire ne bougeait pas, assimilant peu à peu les informations que lui donnait Albus. C’est ce dernier qui continua dans sa lancée :

- Je sais que je peux te le dire à toi.... Tu es une de mes "amies" qui compte le plus pour moi... J'aime... J'aime... J'aime... J'aime un homme... Qui est ici à Poudlard...

Le garçon avait baissé la tête, signe de honte alors qu’il n’y avait pas lieu d’éprouver la moindre honte. La jeune femme comprit peu à peu ce que pouvait ressentir Albus face à elle. Ton le monde ne pouvait penser comme elle, soit qu’une relation était possible entre deux hommes. Elle porta ses mains autour du visage de son ami, redressant ainsi sa tête, et rencontrant son regard bleuté embué de larmes naissantes.

- Albus, tu n’as pas à avoir honte des sentiments que tu éprouves à l’égard de cet homme. Aimer quelqu’un d’autre que soit c’est quelque chose de merveilleux, et je suis heureuse que ça t’arrive. Tu sais que tu peux me faire confiance, je ne le dirais pas à qui que ce soit.

Elle lui accorda un sourire rayonnant et sincère. Elle sécha les larmes qui coulaient le long des joues du garçon. Retirant lentement ses mains de son visage, elle attrapa sa main, et le conduisit jusqu’au canapé afin qu’ils s’assoient. Tous deux assit sur le dit canapé, elle retira sa main de la sienne, craignant d’être trop démonstrative avec lui.

Silencieuse, Victoire attendait une quelconque parole de la part de son camarade. Ce dernier dirigea toute son attention sur elle, et murmura :

- En fait, j'avais vraiment que cela te fasse de la peine et... Au sujet de cet homme… Je crois que se sera impossible d'avoir une quelconque relation avec lui... Moi qui étais hétéro jusqu'alors, je suis tombé sous son charme et depuis, j'en suis amoureux. Mais...

Le jeune homme ne put rajouté quoi que ce soit, visiblement anéantie par la réalité qu’il tentait d’expliquer à la verte et argent. Il posa alors son visage contre l’épaule de Victoire. Sentant que le garçon près d’elle semblait emprunt d’une tristesse poignante, elle finit par le prendre dans ses bras, laissant lentement glisser une de ses mains dans sa chevelure noire. Trouver les mots pour le réconforter s’avérait difficile. Et il ne semblait plus capable de rajouter quoi que ce soit.

- Mais quoi ? Demanda doucement Victoire. Tu as honte d’être passé du statut d’hétéro à celui de gay ? J’ai du mal à te comprendre Albus, vraiment.

Redressant de nouveau la tête du jeune homme qui se trouvait toujours posée sur son épaule, elle fronça ses sourcils bruns, et chercha une réponse à ses question sur les traits du visage face à elle. Elle avait beaucoup de mal à savoir où voulait en venir le garçon dans ses propos. Visiblement soit il avait honte d’être à présent gay, soit il avait honte d’aimer le jeune homme en question. L’idée lui effleurant doucement l’esprit, elle lâcha de but en blanc :

- C’est les sentiments que tu as à l’égard de cet homme ? Qui est-ce ?

Se rendant compte qu’elle en demandait certainement trop à son ami, elle lâcha lentement l’emprise qu’elle avait sur son visage, et empoigna doucement les deux mains du garçon, et lâcha avec un sourie d’excuse :

- Excuse-moi, je t’en demande trop.