Don't look back in anger [Louise&Valerya]

Presque rageusement, Valerya poussa d'un coup d'épaule la porte de sa salle commune, s'engouffrant dans les couloirs frais de l'école et s'éloignant le plus vite possible de la naïveté de son frère. Il venait de parler de Lily. Lily Evans... Valerya avait beau apprécier énormément la jeune lionne pour son caractère impulsif et son humeur toujours entrainante, elle n'en était pas moins consciente du fait que la préfète en chef n'était rien de moins que la version féminine de Regulus Black ou de Lucius. Elle s'était giflée mentalement en pensant au sculptural blond, il ne fallait pas, même si c'était pour l'insulter. Il ne fallait absolument pas qu'elle pense à lui. Point, à la ligne.

L'impression étrange de voir son frère revivre intégralement l'épisode Dakota Hellwood agaçait Valerya au plus au point, mais plus encore, cela l'angoissait. Elle ne se souvenait que trop bien de l'état dans lequel elle avait retrouvé Alexy après que la Miss Parfaite de Durmstrang l'ai massacré. Ce n'avait pas été beau à voir. Pas du tout, même, et il avait fallut du temps pour qu'il accepte de ne serait-ce que parler à quelqu'un d'autre qu'elle. Et là, il s'entichait d'une fille qui non contente d'être trop jolie pour son propre bien, était également extrêmement populaire et connue pour ses travers et ses mœurs légères. Il allait souffrir, une fois de plus, et cela mettait Valerya en rogne.

Elle en oublia presque sa colère quand elle fut assaillit par une chaleur étouffante, une vague de soleil si puissante qu'elle manqua de faire demi-tour et de retourner dans le couloir si frais qui menait à sa Salle Commune. Sauf que non, elle avait besoin d'air et de hauteur, et hormis la tour d'Astronomie, seul le Stade offrait ce genre de combinaison. Les Serpentards étant entrain de s'entrainer à ce moment précis, il était hors de question qu'elle file vers le terrain de Quidditch. Il ne manquerait plus que Lucius pense qu'elle rentrait dans son fan club.

Ruminant et marchant vivement, elle arriva bien vite en haut de la tour d'Astronomie et constata avec soulagement qu'il y avait une légère brise. Suffisamment forte pour soulever ses longs cheveux blonds, mais pas assez pour que cela soulève sa jupe en tulle noire. Le juste équilibre. En revanche, il y avait du monde, en haut... Et cela ne l'enchantait guère, elle avait tendance à fuir les gens depuis... depuis... Elle se gifla à nouveau et se força à le mentionner clairement. Depuis qu'elle avait couché avec Lucius Malefoy et qu'elle l'avait jeté comme si c'était normal. Même si elle s'était fait très mal en agissant de la sorte, une petite part d'elle espérait avoir un peu blessé l'adolescent... C'était malsain, mais après tout, pour ce qu'elle en avait à faire.

Appuyée contre le parapet de pierre, le buste légèrement incliné vers le vide, elle offrait son visage au soleil, les yeux fermés et un léger sourire tordant ses lèvres alors qu'elle s'imaginait avoir réellement atteint l'égo du grand blond. Elle avait chaud, intégralement vêtue de noir, et même si sa robe était trop légère au gout d'Alexy-le-grand-frère-protecteur, elle avait l'impression de porter une cape de voyage et le vent ne suffisait pas à la rafraichir. Pour une fois, la Russie lui manquait... Elle manqua de sursauter quand quelqu'un toussa à côté d'elle, et tourna la tête pour voir d'où venait le bruit.

Une jeune femme qu'elle n'avait jamais croisé la toisa pendant encore quelques secondes puis tourna la tête, faisant délicatement voler ses anglaises blondes et détournant de Valerya son visage poupin, harmonieux et délicat. Arquant un sourcil, Valerya quitta momentanément son poste, se retournant et plaçant ses mains sur la pierre pour ensuite se soulever et s'assoir au dessus du vide, comme si quarante mètre ne la séparait pas du sol. Elle laissa ses rangers battre dans l'air et ramena délicatement sa jupe sous ses cuisses, s'installant correctement.

Enfin, elle reporta son attention sur celle qui avait toussé et d'une voix basse, se demandant d'où venait cette philanthropie soudaine, elle déclara, tendant une main vers l'autre :

- Valerya.

Elle lui serra la main et se présenta, avant de lâcher ses doigts :

- Louise.

Valerya hocha silencieusement la tête, mémorisant le visage de la jeune femme et collant un prénom dessus. Cette dernière avait à nouveau tourné la tête, et la petite Poufsouffle remarqua qu'elle regardait en direction de la forêt. De la forêt interdite. Sombre, immense, habitée par des créatures toutes plus hostiles les une que les autres. Valerya ne se souvenait que trop bien de sa dernière visite dans les bois de Poudlard. Cela remontait à sa deuxième journée dans l'école, elle venait de débarquer de Durmstrang pour suivre Alexy, et une des première chose qu'on lui ai dite avait été de rester loin, très très loin de la forêt.

Elle aurait sans doute dû écouter, en fait. Oh que oui, elle aurait dû se retenir et suivre les conseils de Miss Moor. Sans cette escapade dans les bois, elle ne serait pas tombée dans un trou gigantesque, se tordant la cheville et le poignet, et sans cette maudite chute, elle n'aurait pas eut besoin de l'aide de Lucius. Avec un peu de chance, elle ne l'aurait sans doute jamais rencontré, et elle n'en serait pas là à l'heure actuelle. Merlin qu'elle pouvait être stupide.

Il avait fallu qu'elle s'entiche de lui. De Lucius, de Loki... il lui faisait tellement penser à la divinité nordique que cela l'aurait presque fait sourire. Premièrement, physiquement, il ne fallait pas mentir : Lucius était délicieux, magnifique, une gravure de mode, et même si elle détestait son air suffisant et ses sourires sardoniques, elle devait avouer qu'il était exactement le genre de garçon qui la rendait totalement folle. Deuxièmement, sur le plan du caractère. Cynique, lucide et désabusé, casse-pied finit et de l'assurance à ne plus savoir qu'en faire... Lucius Malefoy était comme les descriptions du dieu, et elle se trouvait idiote de penser à lui si souvent.

En fin de compte, elle ne devait pas valoir beaucoup mieux que toutes les mijaurées qui tombent amoureuses comme on tombe de sa chaise. Elle soupira et décida de se mêler de ce qui ne la regardait pas :

- Evite.

Elle marqua une pause et reprit.

- Un conseil, évite la forêt, ils ne mentent pas quand ils disent que c'est dangereux. Tôt ou tard, ta visite là bas te retombera sur le coin du nez, et surement pas comme tu t'y attendais.

Elle se tût, consciente d'en dire plus qu'il ne fallait. Tendant son dos, elle se redressa et regarda droit devant elle, cherchant à éradiquer une envie de pleurer et de se réfugier dans les bras d'Alexy qui n'avait pas lieu d'être. Il était hors de question qu'elle aille pleurer pour ça, Lucius n'aurait pas ce privilège. Et puis quoi, encore ? Qu'elle lui court après comme une groupie ?

- Je ne pensais pas réellement y aller. C'est ma septième année, j'y suis déjà aller, même si ce n'est que pour les cours.

En somme, "Mêle toi de ce qui te regarde, gamine, je sais ce que je fais". Merlin qu'elle commençait à détester cette manie que les gens avaient de lui rappeler, directement ou non, qu'elle n'avait que quinze ans et qu'elle n'était qu'une petite fille. Petite fille... elle manqua de jurer. Petite Fille, Princesse, Blondie, Barbie... pourquoi ? Pourquoi diable fallait-il que chacune de ses pensées la ramène à lui ? Pourquoi lui, d'abord ? Qu'elle était stupide, elle aurait dû se trouver un garçon gentil, et attentif... un peu collant, un petit ami, en somme, plutôt que de vouloir jouer les grandes séductrices et d'aller se jeter dans les bras du mec le plus frais mais aussi le plus abjectes de l'école. "Tu es conne, Gregorovitch. Et tu cherches les emmerdes".

Elle fut tirée de ses pensées par la dénommée Louise, qui s'installait par terre sans quitter le parc et la forêt des yeux. D'une voix très basse, elle déclara, une fois calée contre le muret, les jambes allongées :

- En fait, je pensais à mes parents. Ils étaient là avant moi, et je me demandais si ils avaient été dans la forêt, ce qu'ils avaient pu y faire, si c'était là le lieu de leur rencontre. Enfin tu vois, le genre de question que se posent souvent les orphelines...

Valerya manqua de tiquer et du se faire réellement violence pour ne pas se lever de sa place et aller s'assoir à côté de la jeune femme. Orpheline. Comme elle. C'était... tellement vrai. Elle se demandait souvent comme ses parents avaient finit ensemble, ils avaient été si différent. Du moins, de ce qu'elle s'en souvenait. Une enfant de huit ans était-elle réellement objective quant à la personnalité de sa mère ? En revanche, elle était sûre d'avoir cerné son père. Ou du moins, après la mort de sa femme, il avait été plutôt facile à comprendre. Alcoolique, brutal, négligent et vulgaire, il avait mené une vie d'enfer à Alexy et tenté de faire pareil avec elle...

- J'imagine que tu penses que je ne peux pas te comprendre... mais... ma mère est partie quand j'avais huit ans, et mon père est mort l'an dernier, alors...

Valerya baissa la tête, elle n'aimait pas en parler. Alexy non plus d'ailleurs. Ils n'avaient jamais discuté du deuil, c'était une des tare dans l'éducation qu'il lui prodiguait. Sur ce plan là, elle avait dû se débrouiller seule. Toute seule. Mais elle ne lui en voulait pas, elle était juste un peu mal à l'aise.

Elle fixa l'étoffe de sa robe, ses mains posées sur ses cuisses, alors qu'elle entortillait ses doigts, les tordant, les pinçant. Petit à petit, sa masse de cheveux blonds vint cacher son visage et elle se surpris à vouloir pleurer. Non. Hors de question. Elle ne jouait pas la carte de la pitié, c'était impensable.

- Tu es dans quelle maison ? demanda-t-elle alors pour changer de sujet, relevant la tête et réalisant que sa voix était un peu trop aiguë pour que cela semble totalement naturel.