The Queen Of Wishful Thinking [ Opale ♣ Haelya ]

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when something like a soul becomes initialized
and folded up like paper dolls and little notes...

Ne cessant de se retourner dans son lit, Opale pensait. Cela lui arrivait souvent de penser au beau milieu de la nuit. En parfaite insomniaque qu'elle était, dormir ne l'occupait rarement plus que quatre heures. D'habitude, elle lisait. Ne s'étant pas réconciliée avec les livres depuis sa dernière visite à la bibliothèque, assez frustrante, elle pensait. Non pas qu'elle en ait besoin, juste histoire de s'occuper silencieusement.

Mais en cette heure avancée, quelque chose la perturbait. Elle ne parvenait pas à oublier sa rencontre avec Leighton Farber. Cette fille si étrange, en qui Opale se reconnaissait vaguement, avait été la première victime de son odieux comportement. Au final, les choses avaient prises une toute autre tournure. Passant d'un affront à une rencontre forcée mais amicale, la blonde avait été surprise de constater qu'elle était capable de se montrer aimable.

Et si elle pouvait changer, devenir meilleure et avoir des amis, se métamorphoserait-elle pour autant? Elle ignorait la réponse. Ne se sentant nullement prête à créer des liens amicaux avec les élèves, elle penchait plutôt vers un non. Mais comment ne pas reconnaître avoir eu envie de compagnie, de se sentir appréciée par ce cher Gabriel Dawson. Lui qui s'était montré si amical l'autre jour.

Bercée par le flot incessant de pensées qui emplissaient sa tête, Opale se sentait étrangement bien. C'était comme si, pour la première fois depuis des années auparavant, elle se sentait vivante. Les évènements de ces jours derniers lui procuraient une sensation de joie inespérée. Ça y est, elle avait franchi le stade d'élève invisible obnubilée par ses études. Maintenant qu'on lui avait porté un peu d'attention, c'était comme si son quotidien était rompu. Une foule de sentiments s'était emparée d'elle. D'abord la méfiance, la frustration ou encore la peur. Puis la joie et l'incompréhension. En ce qui concerne ce dernier, il devait être causé par son manque de ressources amicales.

Elle fut brutalement tirée de ses réflexions pas un grotesque ronflement. Elle mit quelques secondes avant de retrouver ses esprits. Lassée de ne rien faire, elle descendit du lit, attrapa son peignoir et quitta le dortoir. Dans les ténèbres des escaliers, elle faillit glisser à plusieurs reprises. Elle tâta le mur à la recherche d'une prise à laquelle s'accrocher, en vain. La Serpentard déboucha enfin sur leur salle commune, faiblement éclairée par la lueur de la lune.

L'obscurité ne la dérangeait pas, en revanche la froideur de la pièce si. Dégainant sa baguette, elle s'approcha de la cheminée. Prononçant la formule adéquate, une flamme apparut, formant bientôt un feu chatoyant. Ravie du résultat, elle se dirigea vers un canapé. Elle s'y installa confortablement et replongea dans les méandres de ses pensées jusqu'à ce que des pas se firent entendre. Un peu étonnée, Opale ne déserta pourtant pas sa place. Ce que deux jours plus tôt, elle se serrait empressée de faire.

Une élève aux traits familiers fit son apparition, permettant à Opale d'assigner un visage au bruit de la démarche prudente qu'elle avait entendue. Elle s'assit non loin de la blonde, soit parce qu'elle ne l'avait pas remarquée, soit par erreur. Opale s'était aperçue qu'elle avait une légère ressemblance avec plusieurs filles de sa maison. Extérieurement du moins. Croisant le regard de la nouvelle arrivante qui lui souriait, elle s'interrogea sur ses intentions.

- Haelya Lestrange... Si je te dérange, n'hésite pas à me chasser...

Ladite Haelya semblait s'amusait de ses propos. Opale ne put qu'en faire de même. D'ordinaire, c'était elle qui proposait aux autres de l'exclure. Son état bizarrement positif lui empêcha d'être vulgaire. Un sourire poli accroché aux lèvres, elle saisit sa main avec aisance et délicatesse.

- Opale Gordon. La proposition est aussi valable en sens inverse. l'informa-t-elle.

Ne sachant que rajouter d'autre, elle se tut et attendit de voir comment allait tourner cette discussion.

En y réfléchissant bien, il y avait une autre personne qui, à Poudlard, s'en prenait à elle sans rien craindre... Elana. Mais c'était différent, les deux soeurs se ressemblaient trop pour s'entendre sans vague, et elles en étaient déjà venues aux mains pour régler leurs conflits... Cela avait été violent, et traumatique, Elana Wild étant douée et redoutable, une combattante hors pair, quand Haelya, trop chétive pour ne serait-ce que courir, utilisait sa télékinésie pour se venger sans vergogne... Les deux jeunes femmes s'aimaient, mais leurs familles les rendaient quasiment ennemies, faisant d'Elana le bourreau et d'Haelya la victime.

Haelya quitta ses pensées quand elle sentit que la jeune blonde lui serait la main. Elle vit le sourire simple accroché à ses lèvres roses et se reprit à temps pour comprendre ce qu'on lui disait :

- Opale Gordon. La proposition est aussi valable en sens inverse.

Elle arqua presque aussitôt un sourcil, lâchant les doigts frais de sa camarade. Solitaire ? Exclue ? En tout cas, c'est ce que le ton laissait entendre, sans être agressive ni offensante, la jeune femme lui signifiait qu'elle n'était peut-être pas la meilleure compagnie qu'on puisse trouver... Opale Gordon... Se repassant le nom silencieusement, Haelya se rendit compte qu'elle avait surement pas mal de cours en commun avec la Serpentard, et pour cause, elle avait déjà entendu ce nom dans l'appel, à plusieurs reprises... C'était donc une septième année.

- Is é an tsíocháin bhfolús, répondit Haelya, pensive

Elle se gifla mentalement, étouffant un sursaut de rire sarcastique. Elle l'avait fait une nouvelle fois, ça devenait une habitude...

- Excuse moi, je dois être fatiguée, il en faut beaucoup pour que ça sorte sans que je fasse attention...

A vrai dire, elle ne se souvenait que trop bien des deux dernières fois où elle avait parlé gaélique... avec Linda, elle avait était tellement ivre qu'elle ne savait plus marché, qu'elle était incohérente... et avec Remus... Et bien avec Remus, elle ne réfléchissait pas, simplement. Les chose venait naturellement, elle était elle même, à savoir, une gamine irlandaise, éduquée par des druides et non pas un cadavre ambulant, une espèce de machine à tuer, arme de prédilection d'une Mangemort folle à liée et fille illégitime d'un tyran sans pitié...

Elle s'installa un peu mieux dans son fauteuil, pivotant légèrement pour sentir pleinement le feu, s'enfonçant dans le cuir. Oui, elle était fatiguée, mais elle ne voulait pas dormir... les cauchemars semblaient trop vrais, trop précis, trop détaillé, trop... prémonitoire... Elle ferma vivement les yeux, chassant l'image qu'elle avait eut pendant cette expérience extra-corporelle. De tout, elle espérait le plus qu'on lui donne une sépulture décente, que Greyback ne s'en charge pas...

Suite à ses avenantes paroles, Haelya avait interrompu leur geste. Opale ne s'en était pas étonnée. Même si, intérieurement, elle était mécontente d'avoir livré encore une information sur elle. La blonde se mit à fixer sa partenaire de maison. Elle s'en voulait d'infliger sa présence néfaste à cette élève, sa première impression était qu'elle paraissait intelligente, dotée d'un sens du sarcasme qui lui rappelait étroitement le sien. L'air absent qu'elle arborait témoignait de son côté pensif, Opale ne manquât pas de le remarquer. Elle aimait décrypter les expressions faciales des gens, ça lui apportait un petit plus sur leur personnalité.

Ainsi en observant sa camarade avec soin, elle put également distinguer que ses traits reflétaient une certaine insolence enfuie. Il était rare qu'elle rencontre un être aussi complexe qu'Haelya. En effet, elle éprouvait une difficulté à lire en elle de part son attitude. Serait-elle une adepte du replis intérieur elle aussi que ça ne surprendrait pas Opale. Tiens. Voilà qu'elle se mettait à chercher des points communs avec les élèves de sa maison maintenant... Diable, que lui arrivait-il ! Où était donc passée sa rigidité habituelle?

Perdue dans ses réflexions, elle en avait presque oublié qu'elle n'était pas seule, encore une nouveauté. Sa solitude lui avait faussé compagnie. Quelle expression ironique, songea Opale en ricanant. Une voix accompagnée d'un accent à la consonance étrange se fit entendre.

- Is é an tsíocháin bhfolús.

Opale n'eut pas le temps de se demander ce que cette phrase signifiait que déjà, Haelya enchaînait.

- Excuse moi, je dois être fatiguée, il en faut beaucoup pour que ça sorte sans que je fasse attention...

La fatigue avait bon dos ce matin. Elle était la cause de l'état étrange dans lequel se trouvait la verte et argent. Entre doutes et prises de tête, elle ne savait plus quoi penser. Dans un sens, le changement qui s'effectuait en elle pouvait s'avérer positif. Devenir une autre, tout à fait à l'opposé de celle qu'elle était il y a encore quelques jours pourrait être une bonne chose. Fini l'isolement, la solitude et la monotonie, place au renouveau. Mais à quel prix? Devrait-elle un jour payer son bonheur, et retrouver sa nature froide? Elle ne supporterait pas la séparation, elle en était certaine. L'amitié, l'amour et toutes les niaiseries de ce genre n'étaient pas faites pour elle, c'étaient des trucs pour les faibles. Hors, intégrer la faiblesse à son caractère n'était et ne serait jamais au programme.

Elle repensa à la langue étrangère qu'avait parlée sa camarade. Ça ne lui rappelait rien. Aussi fallait-il dire qu'elle ne voyageait pas énormément. Sa tante, retraitée, n'avait pas les moyens suffisants pour l'envoyer profiter d'un autre climat que l'Angleterre. La blonde ne s'en sentait pas désavantagée pour autant. Tout ce qui comptait, c'était la magie. Elle n'avait pas le temps de voyager ou d'apprendre une deuxième langue. En y songeant bien, ayant de la famille aux Pays-Bas, elle avait appris à parler néerlandais. L'utilité de cet apprentissage orchestré par sa tutrice légale lui avait toujours échappé. Sans doute avait-ce été dans le but d'être préparée à une possible visite à Amsterdam, chez ses cousines. Ce qui ne s'était jamais produit. Opale était se portait très bien sans elles et réciproquement.

Reportant son attention sur sa camarade, elle se demanda si elle était sensée faire la conversation avec elle. N'étant pas habituée à être courtoise, contrairement à ce que les quelques jours qui s'étaient écoulés laissaient entendre, Opale décida que non, elle ne se sentait nullement obligée de parler. Pourtant, le silence qui commençait à se faire pesant l'incitait à faire la causette. Malheureusement pour elle, un déclic se fit et elle ne put se résoudre à se taire plus longtemps. Quelle idiote, ne faire le rapprochement que maintenant entre Lestrange et Black ! Sirius Black… Gryffondor dont elle avait déjà entendu parlé. Les messe-basse allaient de bon train dans le château. A tel point que même elle parvenait à être au courant de tout ce qui se passait au sein de l'école.

- Tu es de la famille de Sirius Black? demanda-t-elle juste curieuse.

Elle ne voulait pas se montrer insistante, ce n'était que de la curiosité. Après tout, pourquoi accorderait-elle un quelconque intérêt au lien de parenté de cette inconnue avec un autre, encore plus inconnu? Le changement… Elle devrait commencer à se rentrer ça dans le crâne. Elle ne se connaissait plus aussi bien qu'avant. Lacune qui ne devrait pas être négligée.

Un ange passa. Un long moment, une importante poignée de secondes s'écoulèrent, s'égrainant jusqu'à former une minute où le silence pesant n'était brisée que par le bois qui craquait dans l'âtre et les flammes léchant le bois, avidement, comme affamé. Elle eut la désagréable impression d'être observée. Et encore, ce n'était qu'un euphémisme. Elle sentait les yeux clairs de sa camarade braqués sur elle, dardant sur sa peau pâle et ses longues nattes noires un regard inquisiteur, comme si elle cherchait à la décrypter, à en savoir plus sur elle. Bon courage.

Haelya savait que ses traits étaient... intriguant. Sans être pompeuse ou présomptueuse, elle se savait passablement jolie, où du moins, elle savait qu'elle attirait les regards. Elle avait entendu sa mère en parler à Narcissa, lui dire combien l'allure enfantine, la finesse de ses membres et de ses atouts, la candeur de son visage ne faisaient qu'accentuer le paradoxe ambulant qu'elle était. Cette contradiction qui n'aurait jamais dû exister, la princesse d'un sordide compte de fée, glauque et lugubre, morbide. Elle ressemblait à une poupée de porcelaine, visiblement fragile, au teint d'albâtre et aux joues légèrement roses... mais son regard brisait la beauté cristalline qu'elle incarnait. Noir, sombre au possible, chaotique, c'était à peine si on discernait ses pupilles et ses iris tant il y avait des ténèbres dans ses yeux. Elle savait qu'elle faisait peur, qu'elle intimidait de par les regards froids et dédaigneux qu'elle lançait... Elle était aussi consciente que, hormis Remus, personne ne savait attendrir ces menaces intrinsèque qui fusaient dans tous les sens.

Puisque la jeune femme ne se gênait pas pour la dévisager, elle n'eut aucun scrupule à en faire de même, espérant même que son attitude lui saute soudain au visage et qu'elle baisse les yeux. Après tout, elles ne se connaissaient pas, et le regard insistant commençait à agacer Haelya. Elle manquait de sommeil, elle se retrouvait cloitrée chez les Serpentards quand, dans la tour des Gryffondors, son petit ami était lui aussi seul, et cela la faisait tiquer. Ils avaient si peu de temps à vivre ensemble, les journées défilaient comme des heures, et il fallait encore qu'ils en gâche en se pliant au règlements de l'école. Désolant.

- Tu es de la famille de Sirius Black ?

Elle fut tirée de ses pensées par la question. Elle avait, pendant un instant, regardé la jeune femme sans vraiment la voir, plongée dans ses réfléxions quant au fait que Remus n'était toujours pas au courant du sort qui l'attendait. Elle mourrait sous peu, elle voulait profiter de chaque instant, mais il n'en savait rien et pensait donc avec la vie devant lui pour l'aimer correctement. C'était faux. Seulement, il ne pouvait pas le savoir, pas plus que Sirius, dont le nom était survenu inopinément...

- C'est mon cousin, et je le considère comme un grand frère. Et il est plus qu'en bons termes avec mon petit ami...

Quel euphémisme ! Remus, Sirius, James et Peter étaient inséparables. Elle trouvait sa place dans le groupe, mais il lui arrivait parfois de se sentir un peu perdu, quand ils partaient dans les réminiscences de leurs méfaits passés... Elle ne s'en plaignait pas cependant. Elle adorait littéralement observer Sirius et Remus interagir, tant ils étaient aux antipodes mais se complétait. L'un calme, posé, tranquille et sérieux, l'autre impérieux, impulsif et colérique... Elle ressemblait à son cousin, elle avait le sang des Blacks qui coulaient dans ses veines, malgré les années loin de l'ambiance sang-pur.

- Pourquoi ?

Elle tourna la tête, feignant le désintérêt et fixant les flammes. Dans un mouvement souple, elle balança ses jambes par dessus l'accoudoir, se calant correctement dans le fauteuil et attendant que la jeune blonde daigne lui répondre. Après tout, elle n'avait aucun soucis à parler de Sirius, qu'elle adorait, mais tant qu'à faire, elle préférait connaître le pourquoi du comment des informations qu'on lui soutirait presque sans vergogne...

Dans l'attente d'une réponse, Opale replongea quelques instants dans ses pensées sinueuses. Elle ne savait pas ce qui lui avait pris de poser cette question, c'était idiot, presque impoli. Cette dernière constatation lui importait peu, elle n'avait pas voulu se montrer vulgaire, tant pis si c'était l'impression faite. Ce qu'on pensait d'elle lui était égal, l'avis des autres sur sa personnalité ne la forcerait pas à changer pour autant. Fidèle à ses principes, ce n'était pas parce qu'elle avait tissé un lien avec un tiers qu'elle en ferait de même avec tous ceux qu'elle croiserait. Haelya comprise. Néanmoins, le calme qui régnait dans la pièce faisait que la Serpentard se sentait apaisée. N'ayant nullement envie que cela change, elle trouva préférable qu'elle soit plus fine par la suite.

- C'est mon cousin, et je le considère comme un grand frère. Et il est plus qu'en bons termes avec mon petit ami...

Feignant le désintérêt, sa camarade s'était détournée. Opale médita cette réponse, un court moment. Cela signifiait que même cette fille d'apparence peu commode, bien que son physique laisse à désirer, avait réussi à s'intégrer dans ces murs. Étrange. Opale aurait crû qu'elles avaient peut-être un point commun ; l'isolement, voir peut-être même qu'il se serait avéré que celui de son interlocutrice soit également volontaire. Mais non, elles n'étaient pas semblables à ce niveau là. Pourtant, la première réplique qu'avait échangée Haelya avec elle laissait entendre que le rejet ne la dérangeait guère. N'avait-elle pas informé la blonde qu'elle pouvait la chasser, si elle le désirait?

- Pourquoi ?

Voilà une requête à laquelle la verte et argent ne s'était pas attendue. Faute de curiosité extrême qu'elle n'avait su réfréner, elle se retrouvait désormais à devoir justifier ses actes. Drôle de situation circonstancielle, comment pourrait-elle ne pas passer pour mégère en expliquant qu'elle ne s'était intéressée à sa situation famille uniquement parce qu'elle avait eu une envie soudaine de poser cette question, sans aucune raison valable? De pire en pire, elle commençait à perdre son self-contrôle, à ne plus savoir tenir sa langue. Bientôt, elle finirait par interroger chaque élève sur son passé, son présent et ses projets d'avenir. Ridicule.

Alors que sa victime momentanée patientait, Opale s'abandonnait dans la contemplation de l'âtre d'où jaillissaient quelques brindilles enflammées qui s'évaporaient par-ci par-là. Tout en continuant de guetter les flammes, elle se creusait la tête en quête d'une éventuelle réponse à fournir à sa camarade. Celle-ci ne semblait pas impatiente de connaître cette raison inexistante. Si attendre ne la gênait pas, alors tant mieux pour elle, car la blonde aimait le silence. Moment éternel de sérénité et de tranquillité, un calme assourdissant qui lui procurait une sensation agréable de bien-être. Toutefois, elle ne laissa pas les minutes s'éterniser plus longtemps.

- Simple curiosité... N'y vois aucune atteinte à ta vie privée, elle ne me regarde en rien et j'en suis consciente.

Elle avait dit ça tout en la regardant dans les yeux, ni ironique ni désireuse de se justifier. Ces mots avaient justes été prononcés à titre d'information, de façon à ce qu'elle se montre un minimum courtoise envers cette personne dont elle avait soutirée une information sans délicatesse aucune. Ensuite, elle se remit à observer le feu qui chatoyait toujours devant elle. Elle ne se retourna pas totalement, au cas où sa partenaire de sofa souhaiterait ajouter quelque chose. Opale s'attendait presque à ce que cette dernière renchérisse, désireuse de venger l'intimité qui lui avait été souillée. La blonde comprendrait qu'elle tienne à la questionner à son tour, après tout, elle ne s'était pas gênée pour le faire, elle. Même si cette possibilité ne l'enchantait pas des masses, dialoguer avec cette personne méconnue qu'elle ne rencontrerait sans doute plus de si tôt ne lui était pas aussi difficile que ça aurait dû.

Alors qu'Haelya attendait une réponse, les deux jeunes femmes aux allures antithétiques se toisaient par intermittences, leurs regards filant à intervalles réguliers vers le feu, désireuse sans doute de ne pas montrer à l'autre qu'elle était observée. La jeune Lestrange aurait pu insister, demander à nouveau d'où venait cette question, sa raison d'être, les motivations qui allaient derrière, mais elle sentait qu'une attaque frontale et brusque ne marcherait pas avec la dénommée Opale. Certaine personne craquait, réagissait sous la pression qu'elle savait posé, de son regard noir et de son ton mauvais, mais elle avait comprit à ses dépends que plusieurs n'y étaient pas directement sensibles. Sirius, par exemple. Le jeune homme prenait les tentatives d'intimidations de la petite brune comme des provocations ultimes, et ne supportant pas qu'elle se serve de lui et de ses talents de legillimens pour arriver à ses fins, il se braquait et lui faisait front, jusqu'à ce qu'elle soit celle qui craque. La dernière fois, ils avaient écopée de deux semaines de retenues et Haelya avait fait perdre deux cents points à sa maison pour avoir réduit la cour de récréation en morceau. Sur le coup, le fait qu'on lui résiste l'avait tellement mise hors d'elle qu'elle s'était imaginée que c'était le cou de Sirius qu'elle brisait, à la place d'une colonnade de pierre.

Maintenant, les choses allaient mieux entre les deux adolescents, et Haelya s'était calmée. L'effet Remus, sans doute, elle était plus posée, plus réfléchie, un peu moins dangereuse de par son impulsivité. Le fait de rester si souvent avec les deux Gryffondors lui faisait du bien. L'un, elle en était persuadée, aussi niais et mièvre que cela puisse paraitre, était l'homme de sa vie, celui qu'il lui fallait, et le simple fait de penser à ses bras et ses baisers lui donnait envie de sourire. L'autre l'aimait comme un frère, lui apprenait à voler et la protégeait, la taquinant parfois et lui donnant surtout un semblant de famille. Elle passait tellement de temps avec Sirius, d'ailleurs, qu'elle commençait à pouvoir anticiper ses réactions, ce qui n'était pas rien quand on savait qu'il ressemblait tant à un chien fou imprévisible...

Elle marqua une pause dans sa réflexion. Elle passait tellement de temps avec Sirius que... Elle jeta un regard suspicieux à la petite blonde, et pendant un instant, leurs regards s'accrochèrent. Était-il possible que cette jeune femme soit intéressée par Sirius et vérifie que la voie était libre... Étrange, d'ordinaire, les groupies qui suivaient son cousin étaient plutôt directes, collantes, hystériques, des midinettes prêtes à s'allonger pour avoir de quoi se vanter. Les plus osées en avaient quatre à leur palmarès : Sirius & Regulus Black, Tucker Donovan et Lucius Malfoy.

Haelya chassa les quatre garçons de son esprit. Elle se fichait bien des rumeurs, surtout celles qui concernaient le libertinage, mais le fait que cette jeune femme demande des informations sur Sirius était réellement... étrange. Elle n'eut pas le temps de penser d'avantage car la blonde répondit :

- Simple curiosité... N'y vois aucune atteinte à ta vie privée, elle ne me regarde en rien et j'en suis consciente.

Haelya arqua un nouveau un sourcil, dubitative. Ca, c'était une première. Ou alors, cette fille était la plus belle hypocrite de Poudlard, et ne se gênait pas pour lui mentir sans vergogne, avec un affront sans commune mesure.

Un sourire presque amusé tordit les lèvres de la petite brune alors qu'elle se levait et allait se planter devant le feu, les bras croisés. Elle resta silencieuse un moment, regardant les flammes, et sans quitter l'âtre du regard, elle finit par répondre :

- Les gens ne se gênant pas pour baver sur moi et se délecter de ma vie privée, j'ai un peu du mal à te croire...

Elle marqua une longue pause durant laquelle elle se retourna, exposant son dos au feu et laissant la chaleur rare et bienfaitrice éradiquer les dégâts que le froid et l'humidité infligeait à son corps trop frêle et trop fatiguée. Elle darda un regard à faire pâlir un détraqueur sur sa camarade et reprit, les bras toujours croisés :

- Il y a toujours une arrière pensée, dans chaque question. Que voulais-tu réellement savoir à propos de Sirius ? Ou de moi, en fait...

Elle n'était pas menaçante, ni intrusive, à peine plus cassante que d'ordinaire, mais l'envie de savoir se faisait telle qu'elle devait se faire violence pour ne pas saisir le visage de la blonde et forcer son esprit, pour obtenir elle-même sa réponse. Sauf que c'était mal, et que surtout, c'était une méthode Bellatrix, elle s'y refusait.